Bertrand Belin est devenu au fil du temps et surtout grâce à maman, il faut bien le dire, un ami de la maison. C'est bien simple, "Persona" tourne en boucle chez nous depuis plusieurs semaines déjà - le privilège du blogueur. Les enfants connaissent certains morceaux par cœur. "Choses nouvelles", parce que c'est une des plus belles chansons de l'artiste et qu'il sera bien difficile de la détrôner du podium des titres les plus marquants de l'année. "Sur le cul" pour son titre d'abord, ensuite pour ses paroles drôles et absconses. Puis les autres, "Grand Duc", "Nuits bleues", "Glissé Redressé", presque toutes en fait. Bertrand Belin réussit une fois de plus l'exploit pas banal d'être à la fois accessible et exigeant, grave et décalé. Le disque s'est glissé dans notre quotidien, comme un besoin inavoué, une chose qui allait de soi. On se surprend à l'écouter sans y prendre garde. Comme une évidence. Un geste parmi d'autres, effectués mécaniquement. Comme on prend son café. Belin, c'est comme ça. On ne sait pas bien pourquoi. On ne comprend pas tout. Mais il est là. Irremplaçable. Il a inventé un style, une poésie, un langage qui n'appartient qu'à lui. La "Persona", c'est le masque social, celui qu'on revêt en société, pour ne pas faire tâche, pour faire partie d'un groupe auquel on tient. "Persona", c'est donc maintenant à l'inverse et à travers ce disque quelque chose de plus personnel, gravée en nous, impossible à retirer. Parce que dans le cercle intime, la famille réduite à sa plus simple unité, elle a fait lien, sans masque ni posture. Et ça, ça n'a pas de prix.