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Black Mirror: Bandersnatch (2018), Charlie Brooker

Par Losttheater
Black Mirror: Bandersnatch de Charlie Brooker

Chaque épisode de Black Mirror est un événement en soi. Lancé en 2011 sur la chaîne anglaise Channel Four, la série a trouvé refuge sur Netflix depuis la saison 3 en 2016. Elle vient, à nouveau, de se faire remarquer en présentant un épisode spécial dont vous êtes le héros. Construit sur la même mode que les livres, vous voilà propulsé en 1984 au réveil de Stefan, le personnage principal de cet épisode. Celui dont tous les choix et les actes dépendent de vous. Sur un procédé très simple et étonnamment fluide, chaque choix vous est proposé grâce à une bande noire s’affichant au bas de l’écran. Il vous reste alors dix secondes pour prendre une décision. Et alors que les premiers choix peuvent sembler anodins (comme celui d’un simple paquet de céréales), ils peuvent changer complètement la direction de l’épisode et sa narration.  

Ces multiples lignes narratives provoquent alors un intérêt certain pour explorer au mieux cet épisode qui semble avoir de nombreux secrets à dévoiler. Tels des fils qui se délient, Bandersnatch dispose d’un nombre conséquent de scénario, prêts à être « jouer ». Il pourrait alors être visionné plusieurs fois pour accéder aux différentes pistes scénaristiques que son scénariste, Charlie Brooker, a mis en place. Chaque visionnage propose donc un épisode différent selon les choix opérés par les spectateurs. Le côté ludique ne s’arrête pas là, il divulgue aussi des pièges que l’on pourrait nommer des trous scénaristiques, ou des culs de sac. En effet, certains choix peuvent amener au néant, et voir l’épisode recommencer au début pour permettre au spectateur de prendre une meilleure décision. Une sorte de « game over » qui donne néanmoins une vie supplémentaire à celui qui regarde l’épisode.  Pas d’inquiétude pour autant, l’épisode recommence sous la forme d’un résumé qui vous ramène quasiment aussi vite là où vous vous étiez arrêté.

Bandersnatch remet complètement en cause la place du spectateur. Grâce à ce dispositif technique, il serait même bon de parler de spectateur auteur. En assumant ses choix, il définit en effet tout ce qui pourrait arriver et devient maître de l’épisode qui défile sous ses yeux. Bandersnatch s’appuie alors sur le procédé pour inclure son discours meta à son histoire. Tout repose sur le personnage de Stefan, jeune homme programmateur qui crée son propre jeu vidéo. Un jeu basé sur un livre dont vous êtes le héros qui appartenait à sa mère décédée dans un déraillement de train. Ce jeu vidéo, qui va rendre fou son concepteur, devient alors le reflet de ce même épisode où les choix de la suite appartiennent au spectateur. Charlie Brooker va jusqu’à placer Netflix dans le propos de son épisode lorsqu’un choix permet au personnage de prendre connaissance de l’existence de la plateforme au 21ème siècle. Un choix qui va permettre au spectateur d’entrer directement en contact avec le personnage principal. Tous ces récits alternatifs offrent donc une réflexion sur un des thèmes chers de la série, la paranoïa liée aux nouvelles technologies. Face à ces multiples parcours et ses multiples fins, on se demande néanmoins s’il y a une réelle possibilité de s’extirper du récit ? Le choix revient ensuite au spectateur de retenter le tir pour explorer tous les chemins proposés et se questionner sur son libre-arbitre.

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