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Résignation

Publié le 02 février 2019 par Paulo Lobo
Résignation
Peut-être bien que oui, peut-être bien que non. En fait, je ne sais pas. J'ai l'impression qu'il y a un gros nuage blanc dans ma tête. Quel médicament dois-je prendre pour le dissiper, docteur ? Je voudrais qu'il fasse beau de nouveau, avec du soleil, de la lumière et des couleurs. Je suis fatigué de toute cette grisaille. Je suis fatigué de marcher sans but, sans fin. Si je m’asseyais sur le bord de la route, si je suspendais mon voyage, peut-être pourrais-je enfin regarder le paysage.
J’habite une petite ville sans histoire. Depuis toujours, je n’ai fait que me perdre dans d’interminables rêveries. Je voudrais endosser tellement de rôles. D’un claquement de doigts changer de look, changer de lieu, changer d’éclairage. J’ai toujours été traversé d’un sentiment d’insatisfaction permanent. Jamais à ma place, jamais serein.
Tu devrais te contenter du petit bout de sol que tu as sous tes pieds.
J’ai l’impression qu’il y a un gros nuage cotonneux dans ma tête. 
Je ne veux pas faire de vagues, je ne veux pas faire de remous, laissez-moi tranquille, dans mon coin. 
Si je ne fais rien, on ne pourra pas me jeter l’opprobre. Mais je sais bien que les choses ne sont pas si simples. Ne rien faire, c’est parfois être complice de l’injustice.
Je vais m’arrêter sur une aire de repos, il me faut du temps, il me faut de l’air.
Respire. Autour de toi, des arbres. Je n’en veux à personne. Les gens sont tellement malheureux de mourir. Les gens quand ils oublient qu’ils vont mourir sont si touchants. 
Avec leurs enfants, ils jouent, ils parlent, ils oublient.
Je ne suis pas différent des autres.
Cette nuit, je me suis réveillé en sursaut. Tout était calme dans ma chambre.
La lumière était éteinte. J’ai regardé à travers la fenêtre. Dehors, la rue était déserte. J’avais sommeil, il fallait me rendormir. Les minutes ont mis longtemps à s’écouler. Des images défilaient dans mon rétroviseur. Je voulais plonger dans les eaux profondes de l’océan.Je ne veux pas être vu. Je ne veux pas être su. Je veux qu’on enlève tous les miroirs de ma vue. Je veux oublier, tout oublier, jusqu’à mon visage même.Je parle une langue inconnue, une langue qui approndit le mystère de mon monde, une langue qui ne me permet pas de crier, ni de déranger. Je n’arrive pas à dire mon émoi, je n’arrive pas à décrire mon moi. Impossible de poser le décor. Je suis réduit à une page blanche, à une pièce vide. Tant de blancheur.Je crie comme un forcené, mais aucun son ne sort de ma bouche. Un silence plat. Un silence étouffant.Pourtant je peux vous faire rire, il suffit que je me moque de moi-même, il suffit que je ne me fasse pas peur, que j’arrete de me complaire dans l’auto-suffisance.Je ne trompe personne. Je ne suis aucun de ces héros que j’aimerais être. Je ne dis aucune de ces belles phrases que disent les poètes. Tais-toi.Ne bouge plus.Ferme les yeux.Accepte la fin.

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