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Reni Eddo-Lodge : Le racisme est un problème de Blancs

Par Gangoueus @lareus

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Reni Eddo-Lodge : Le racisme est un problème de BlancsLe racisme est un problème de Blancs
Reni Eddo-Lodge
Editions Autrement, 2018 pour la traduction française de Renaud Mazoyer
Reni Eddo-Lodge est journaliste. Elle collabore entre autres avec le New York Times et le Guardian, intervient beaucoup sur les réseaux sociaux, notamment sur les questions de féminisme et de racisme. Le 22 février 2014, elle publie sur son blog un article intitulé «  Pourquoi je parlerai plus de race avec les Blancs » (voir sur cette question : renieddolodge.co.uk/blog ). Cet article ayant suscité des réactions étonnantes chez les Blancs et chez les Noirs, elle a poursuivi son enquête sur le racisme en Grande-Bretagne ces dernières années et livre ses conclusions dans cet essai au ton décapant.
Mêlant la petite histoire quotidienne à la Grande Histoire, l’auteur analyse le racisme structurel et en dénonce le caractère persistant et sournois.Elle révèle comment il gangrène la société britannique toute entière, et elle « rend visible ce qui est imperceptible, les préjugés implicites, les jugements à l’emporte pièce, sans fondement réel, sur la compétence d’une personne », en raison de sa couleur, et selle souligne l’impact sur l’accès au logement, les revenus, et l’évolution de carrière des personnes de couleur.
La prise de conscience des méfaits du racisme structurel n’est qu’un des axes de son étude du racisme, le déni du racisme en est un autre.Elle dévoile comment il empêche la déconstruction du racismeet aborde certains thèmes   - le concept de blanchité comme position politique, le refus de l’identité raciale des Blancs, la division sur la question raciale dans le mouvement féministe, la notion de race et de classe, la reconnaissance du privilège blanc comme composante essentielle du racisme, la légende de l’égalité universelle, etc – qui pourraient faciliter la lutte contre le racisme. Elle cloue au pilori le concept de « colour blindness » (refus d’interpréter les phénomènes de discrimination sociale en des termes qui renvoient à l’origine des personnes discriminées) parce que pour changer le système, il faut voir la race.
C’est ainsi qu’elle explique qu’elle n’a pas choisi sa conscience de la race, que « c’est uniquement parce que ma différence a toujours été expressément pointée par le monde qui m’entoure, aussi loin que je me souvienne » qu’elle l’évoque. Pour exprimer une vision complète sur le racisme en Grande-Bretagne, elle interviewe Nick Griffin, leader du British National Party, car il influence les termes actuels du débat sur le racisme. Ce dernier conclut l’interview en lui conseillant du reste « d’aller vivre ailleurs ». On en revient ainsi à la question posée au début de l’essai « De quelle histoire étais-je l’héritière pour me sentir étrangère là même ou j’étais née. »
Reni Enno-Lodge en appelle à la participation urgente de tous pour combattre avec efficacité le racisme. Son essai participe d’un mouvement plus général d’ouvrir la voie, de donner la voix, tout comme le documentaire d’Amandine Gay Ouvrir la voix ou l’essai collectif publié aux Editions du Seuil, « Noire n’est pas mon métier ».
Vincente Duchel-Clergeau

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