Deux verdicts importants dans la justice canadienne sont tombés vendredi dernier.
Bruce McArthur, un Ontarien, était jardinier autodidacte. Il était aussi homosexuel et sadique assassin. Il recherchait sur le net des hommes "soumis" afin de les faire vivre des dominations sexuelles. Une fois chose faite, il en a assassiné quelques uns. Entre 2010 et 2017, 8 hommes gays ont disparus.
Au début, la police a peiné à relier la disparition de trois asiatiques du secteur Church & Wellesley. C'est surtout là que McArthur allait sévir. Il en a non seulement tué 8, il a ensuite fait poser les cadavres dans des drôles de positions, les as déguisés avec un manteau de fourrure, aurait peut-être eu d'autres relations avec les défunts, bref son esprit tordu l'a fait les démembrer et disposer plusieurs des restes humains dans les plantes et les sols qu'il travaillait chez ses clients.
Il a fallu qu'on sauve un homme attaché au lit qui criait à l'aide pour connecter tous les points ensemble et coincer McArthur. Chez qui on a découvert les photos, des restes humains, du DNA, et des "trophées" qu'il gardait de chacune de ses victimes.
L'horreur totale. L'homme que connaissaient les clients de McArthur n'existait pas.
Les monstres existent.
Vendredi, le monstre de 66 ans a écopé de la prison à vie sans possibilités de libération conditionnelle avant 25 ans. Si il se rend à ses 91 ans.
La communauté gaie de l'Ontario a poussé un soupir de soulagement. Elle a aussi été fragilisée.
Le même jour un autre verdict tombait, au Québec.
Dans la soirée du 29 janvier 2017, Alexandre Bissonnette, un déséquilibré jeune homme, s'est pointé à la grande mosquée de Québec et a assassiné froidement 6 innocents musulmans. On lui a donné vendredi 40 ans de prison sans possibilités de libération avant 25 ans. Quand il en aura 67.
Le juge Huot a dit, en parlant directement au tueur, "de manière à décourager ceux qui, partageant votre vision sectaire, ambitionneraient de suivre vos traces. L'intolérance et le racisme pourrissent notre tissu social. Il est du devoir des tribunaux de les réprimer fermement lorsqu'ils se matérialisent en actes criminels".
Ce sont des mots immensément importants. "...ceux qui, partageant votre vision sectaire,..." on voit tous bien des visages là-dedans. Jean Dion, les apeurés de la meute, et combien d'autres.
La communauté musulmane était dévastée que Bissonnette n'ait pas eu 150 ans de prison mais cette démesure n'était absolument pas nécessaire. C'est toujours une peine exemplaire et si il n'a pas cheminé, à 67 ans, il restera derrière les barreaux. Ses pauvres parents mourront avec un fils en prison. En partie mort.
Le tueur a un frère jumeau identique. Lourdement fragilisé lui aussi. Comment continuer à vivre avec l'une des faces les plus haïe au pays?
Les parents du criminel n'ont aussi plus la même vie. Ils vivent les rideaux fermés.
Le coeur lourd à jamais.
Jody Wilson Raybould est un femme formidable. Elle avait été nommée ministre de la justice par Selfie Trudeau. Elle était intègre. Et quand elle "s'est fait" démissionné de son poste, elle a publié une lettre où il était facile de lire entre les lignes qu'elle n'avait pas les coudées franches au ministère et qu'il était probablement attendue de sa part de fléchir sous les pressions de grosses compagnies jouant douteusement avec les lois.
Comme SNC Lavalin.
Cette semaine, le Globe & Mail, dans un admirable travail qui devrait fermer les gueules de tous les Trumpistes sur terre, a creusé les dessous d'un joli merdier dans lequel Justin Trudeau est maintenant en train de baigner.
La justice des riches devrait triompher, mais le silence de Miss Raybould confirme que tout ce que prétend Trudeau est fort probablement faux. Il l'aurait limogé spécifiquement parce qu'elle refusait tout arrangement avec les croches.
Il n'y a pas de place nulle part pour les Ovide Plouffe du monde entier.
Ou si vous préférez
Les justes ne sont surtout pas bienvenue au ministère de la justice.
Finalement voilà un cas où je n'aurais franchement pas voulu être jury.
Michel Cadotte, qui s'occupait de son amoureuse depuis longtemps atteinte de la maladie d'Alzheimer, a, un soir, placé un oreiller sur sa tête et mis fin à ses souffrances à elle.
Mais aussi, beaucoup, aux siennes.
C'est si délicat que de trouver un jury a été terriblement compliqué. Plusieurs ont été écartés car certains devaient faire face à une même situation, pourraient faire face à une même situation, devront faire face à une même situation.
C'est la fin de quelle fatigue que l'on achève ainsi?
Lourd.
Fragile.
Dur aussi.
Mais selon moi, il devrait probablement être puni.