Un pasteur américain, en 1860, a noté les sons que les gouttes de la pluie faisaient retentir sur l'herbe et les petits sentiers de graviers du jardin de la cure.
Il transcrit des mois durant, des saisons durant, des années durant, tous les chants des oiseaux qui viennent y nicher, se percher dans les branches, se dissimuler sous les feuilles des arbres.
Il s'appelait Simeon Pease Cheney.Le révérend Cheney vivait exactement au temps où le pasteur Brontë finissait ses jours, alors que ses trois filles et son fils étaient morts. Une odeur de champignon délicieuse s'élève quand on marche dehors et qu'on rentre en direction de la maison en soulevant un peu de terre à chaque pas.C'est un parfum de mousse, de feuilles détrempées, de fougères rousses, de limace, de bière.Accroché au muret du jardin, au moindre rayon fragile de soleil, le lierre sent le miel.Seuls les oiseaux nocturnes, la nuit, expriment, sans beaucoup les varier, leurs pépiages si bas, si beaux, si pauvres, si étranglés, si brefs.
Fragments sonores qui sont comme écourtés, arrêtés sur place devant l'hiver qui vient.
Le livre : Dans ce jardin qu'on aimait - Pascal Quignard - Editions Grasset