C'est le premier roman des oeuvres complètes de Faulkner en pléiade.
Il n'a pas encore fait le grand saut vers l'écriture qui sera la sienne pour les années à venir.
Ce roman là est de conception classique avec comme revers qu'il n'emporte pas le lecteur comme le feront les romans suivants. Pourtant pas question de faire la fine bouche, même classique ça reste du Faulkner.
Il restitue dans ce roman toute l'atmosphère déliquescente d'une propriété dans un Attention on peut parfois se prendre les pieds dans l' comté du Mississippi et d'une famille : les Sartoris, lignée sur le déclin. arbre généalogique car il n'y a pas moins de trois John et autant de Bayard, allez vous y retrouver.
Aucun des ancêtres Sartoris n'est mort tranquillement dans son lit, les uns ont tué à la guerre, les autre en duel. Comme le dit un des personnages" Quand on se met à tuer des gens, on ne sait plus où ça s'arrête. Et quand on s'y met on est comme qui dirait déjà mort soi-même "
Le dernier John est mort aux commandes de son avion du côté des champs de bataille français et son frère, Bayard le fils, rivalise avec lui par delà la mort au volant de sa voiture en s'enivrant de vitesse ou en tentant de stopper un cheval au galop.
Il reste aussi Bayard le vieux, sans oublier Miss Jenny dont l'âge est indécidable. Et bien sûr il y a toute la maisonnée noire, faite de serviteurs sans âge, roublards et dévoués à l'image du vieux Simon.
N'est-il pas temps de redonner vie à cette lignée ? Est-ce encore possible où le pire est-il déjà là ?
Faulkner ne raconte pas vraiment une histoire dans Sartoris, il suggère, laisse entendre. Les personnages sont en fuite, leLa violence les tient et plus encore l'orgueil, orgueil du nom, de la lignée. Ils aiment fanfaronner, narguer la mort et faire un destin leur joue des tours et Miss Jenny est là pour faire de sombres prédictions telle pied de nez au destin qui s'annonce tragique. Cassandre.
Faulkner s'est inspiré de sa famille et de son comté
" Je n'ai fait que me servir de l'instrument le plus près, à portée de ma main. Je me suis servi de ce que je connaissais le mieux, c'est-à-dire le pays où je suis né et où j'ai passé la plus grande partie de ma vie [...] J'ai essayé de peindre des êtres, en me servant du seul instrument que je connaissais, c'est-à-dire le pays que je connaissais."
C'est le tableau de la fin d'une époque, le roman du déclin et une bonne façon d'entrer dans le monde de Faulkner, les descriptions champêtres sont belles, il y a quelques scènes burlesques dont une très drôle qui oppose médecin et rebouteux.
Il faut un été très chaud pour bien lire Faulkner et l'été dernier était parfait pour cela mais je crois que je n'attendrai pas l'été prochain pour poursuivre ma lecture.
Le livre : Sartoris dans Oeuvres Tome 1 - William Faulkner - traduit par RN Raimbaud et H Delgrove- Gallimard pléiade