Les années 80 ont été, pour ma génération, l'équivalent des années 60 de nos parents.
Mes propres parents avaient respectivement, entre 13 et 22 ans et 12 et 21 ans dans les année 60. Les années dorées
J'avais personnellement entre 8 et 18. Toutes aussi dorées. Sinon plus, dans les années 80.
J'avais fait l'amour avant le mariage et jamais ne je me marierai.
Entre 1980 et 1989, le réalisateur/scénariste de cinéma Étatsunien John Hughes a écrit pas moins de 16 films. Il en a produit 9. Il a scénarisé lui-même 7 des 8 films qu'il tournera de sa main, dans sa courte vie.
Il sera une fille en jupe avec un sac en papier sur la tête dans son premier film scénarisé, National's Lampoon's Class Reunion, en 1982, le père de Brian, incarné par Anthony Micheal Hall, dans The Breakfast Club, en 1985, et l'homme courant entre les taxis dans Ferris Bueller's Day Off, en 1986. Dans des caméos plus que des rôles.
John Hughes a littéralement trôné au sommet des films populaires chez les jeunes des années 80 en Amérique du Nord.
Sixteen Candles, The Breakfast Club, Weird Science, Pretty In Pink, Ferris Bueller's Day Off, Some Kind of Wonderful, Planes, Trains & Automobiles, She's Having a Baby, Uncle Buck et un film fétiche de Noël dans ma famille, encore de nos jours, National Lampoon's Christmas Vacations, sont tous de sa main.
En lisant un habile livre de Rob Sheffield chroniquant les années 80, principalement les siennes, des années musicalement payantes pour ce chroniqueur musical, il évoque à un certain moment "la trilogie de Molly" (Ringwald).
En effet, Hughes a souvent réutilisé les mêmes artistes.
7 fois John Candy. 4 fois Micheal Anthony Hall. 2 fois Ben Stein, Lyman Ward, Kevin Bacon, Dan Aykroyd, Macaulay Culkin, John Ashton, Paul Gleason et finalement 3 fois Larry Hankin.
Il a utilisé les services de Molly Ringwald pour trois films, quand elle avait entre 15 et 18 ans. Molly Ringwald a 4 ans de plus que moi. Je n'ai jamais eu le béguin pour elle comme certains de mes camarades pouvaient craquer pour elle. Ni visuellement, ni pour son talent d'actrice. Elle était adéquate dans les rôles qu'on lui offrait. Mais jamais exceptionnelle à mes yeux. J'étais plus amoureux de Mia Sara ou encore Kristy Swanson, dans les films de Hughes.
Hughes, un ado tranquille selon ses propres dires, est resté tout aussi discret en privé, n'accordant que très peu d'entrevue et décédant relativement jeune, à l'âge de 59 ans, le 5 août 2009, terrassé par une fatale crise cardiaque.
Molly Ringwald a toujours travaillé. Récemment on la trouvait dans le rôle de la mère de Archie Andrews (splendide idée) dans l'adaptation (moins heureuse) d'une partie de l'univers de la B.D. culte, Riverdale.
Mais ne sera jamais aussi populaire qu'adolescente.
Revisitons la dite trilogie:
1984:
Sixteen Candles.
Comédie dont l'action se situe dans une école secondaire de Chicago et racontant les tribulations sentimentales de Sam Baker (Ringwald) qui vient tout juste d'avoir 16 ans (elle en avait 15) et dont la fête a été noyée dans les préparations du mariage de sa soeur. Sam est amoureuse du beau Jake, déjà en couple avec une autre, mais dont il sent la fin approcher. Sam doit composer avec de la famille habitant chez eux, et un étudiant asiatique, imposé. Ce dernier personnage causera la controverse, effleurant le racisme et n'évitant pas des tonnes de stéréotypes ayant très mal vieillis. Ted, un jeune geek, amoureux de Sam. Elle lui confesse toutefois son attirance pour Jake.
Ce dernier, dégoûté par les derniers agissements de sa copine, tente d'entrer en contact avec Sam, mais tombe sur ses emmerdants grands-parents.
Il apprend, du très intoxiqué étudiant asiatique (tous les clichés de celui qui plie sous toutes les tentations américaines s'y trouvent), que Sam sera à l'église pour (un) mariage. Mais dans l'ivresse du moment, Jake comprend que c'est Sam qui se marie. Comme sa copine a eu une liaison avec Ted, il court au chevet de Sam.
Hughes avait choisi Molly sur photo. Anthony Micheal Hall (Ted) a été choisi parce qu'il a été le seul en audition à ne pas se présenter en tentant d'imiter un geek, mais en l'étant, tout naturellement. Viggo Mortenson a failli jouer Jake. Il fallait choisir entre lui et Micheal Schoeffling qui aura le rôle au final. Les jumeaux Cusack y feront leurs débuts. Ally Sheddy auditionne pour le rôle de Sam, mais n'est pas choisie. Hughes la trouve suffisamment intéressante pour la choisir pour son film suivant.
1985:
The Breakfast Club
film culte racontant carrément presque tous mes samedis matins de cette même année, 5 étudiants d'une école secondaire, un sportif (Emilio Estevez), un rebelle (Judd Nelson), une emo (Ally Sheedy), une jeune fille de bonne famille (Ringwald) et un geek (Micheal Anthony Hall) se retrouvent en retenue et se découvrent les uns les autres. Je me reconnais dans les 5 personnages. Film si pertinent sur la réalité adolescente que je la vis pratiquement tel quelle la même année (le choc quand je le découvre alors!) et que la bibliothèque nationale du registre national des films des États-Unis l'a préservé au Congrès, comme culturellement, historiquement, et esthétiquement pertinent. La naissance du terme "Brat Pack", afin de parler d'une nouvelle génération de jeunes acteurs, prend forme.
La vraie mère et la vraie soeur d'Anthony Hall incarnent ces rôles (sa mère et sa soeur) dans le film, Hughes, probablement assez près du caractère du personnage au quotidien., joue son père. Ringwald devait jouer le rôle qui a finalement été donné à Ally Sheedy car elle tenait beaucoup à l'autre rôle. Celui de Claire Standish. Qu'on a refusé après audition à de jeunes Jodie Foster, Robin Wright et Laura Dern. Le rôle de John (Judd Nelson) a failli aboutir à Nicolas Cage ou John Cusack. Cusack avait été choisi mais Hughes a trouvé qu'il n'avait pas l'air assez méchant et a préféré Nelson. Ce qu'il a regretté par la suite car Nelson restait en personnage hors caméra et harcelait tout le monde, surtout Ringwald, et a dû être convaincu de ne pas virer le comédien, ce que les autres recommandaient. Rick Moranis était à l'origine le concierge, mais a quitté, ne s'entendant pas du tout avec la vision de Hughes de son rôle.
Fameux film, pour moi. Vous comprendrez pourquoi.
1986: Pretty in Pink
Andie (Ringwald) en est à sa dernière année du secondaire. Elle est issue d'un milieu pauvre et est victime d'intimidation par les gosses de riches de son école. Duckie (Jon Cryer) s'intéresse beaucoup à la jolie rousse. Mais parmi les intimidateurs, Steffie (James Spader) la taxe, mais s'intéresse aussi à elle. Son meilleur ami, Blaine (Andrew McCarthy) attire l'oeil d'Andie. Les tribulations amoureuses seront nombreuses avant le bal de fin d'année. Harry Dean Stanton, Annie Potts, Kate Vernon, Andrew Dice Clay, Kristy Swanson Gina Gershon et Dweezil Zappa y ont tous un rôle.
Charlie Sheen avait été choisi pour incarner Blaine, mais c'est Ringwald elle-même qui a insisté pour qu'on prenne plutôt McCarthy. Charlie n'a pas eu le temps d'avoir Ringwald dans ses cauchemars puisque la même année il tournait Wall Street et Platoon avec Oliver Stone, deux films tout simplement formidables.
À la trame sonore du film: OMD avec une chanson écrite en moins de 24 heures, suite à un nouveau montage de fin de film, et surtout les Psychedelics Furs, band que j'aimais (aime encore) beaucoup.
John Hughes aurait peut-être eût 69 ans, aujourd'hui.