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Mamadou Mahmoud NDongo : La concordance des temps

Par Gangoueus @lareus

Une analyse du roman La concordance des temps (Ed. Le serpent à plumes)
Il fait partie des auteurs dont j’ai parcouru les pages, les oeuvres depuis une dizaine d’années. Et pour cause. Excepté ses pièces de théâtre, j’ai lu tous ses récits, nouvelles et romans. Et j’aime la démarche littéraire de Mamadou Mahmoud N’Dongo. Même quand je ne la comprends pas (cf. Les lectures de Gangoueus, émission littéraire consacrée au roman Golda Kane)...
La concordance de temps s’inscrit dans la suite logique de ses précédents textes avec un personnage central dans l’entre-deux. M. Isaac Onoré est un écrivain haïtien installé depuis belle lurette en France. Un homme rabougri qui fait beaucoup plus vieux que son âge et qui entretient une relation avec une jeune femme respectant le standard des femmes de sa vie : blanche, belle, grande, remarquablement sculptée. Le lecteur est naturellement saisi par le caractère paradoxal de la situation. Mais comme à son habitude, Mamadou Mahmoud Ndongo va par associations d’idées commencer à remonter dans des parcelles de vies passées d’Isaac pour éclaircir son lecteur.

L’écrivain.

Isaac est un écrivain. Je ne sais pas si je peux dire qu’il est un auteur frustré.  C’est avant tout un poète qui s’est essayé une fois au roman avec énormément de succès. En France. Il y a plus d’une vingtaine d’années. N’Dongo nous conte l’univers de l’écrivain à succès qui n’a jamais su rebondir aux contraintes que la production d’un chef d’oeuvre impose à un auteur. Trop blasé. Peu discipliné. Il se contente au présent de l'indicatif d'être membre d'un comité de lecture. J’aime bien cette description de la panne de l’écriture même si j’aurais voulu en avoir plus dans la gamelle. Car sur le manque d’inspiration, il y avait encore matière à écrire.

Le père.

Dans ce roman, on est confronté à la situation d’un homme noir évoluant dans un contexte complètement blanc. Inutile de mettre la forme. Le seul noir de son environnement dans le 15ème arrondissement de Paris est Zamor, un nègre souriant, ancien page de Mme du Barry, une maîtresse de Louis XV. Et le racisme, qui n’est pas un sujet récurrent chez Mamadou Mahmoud N’Dongo, est traité de manière très intéressante. Il vient du propre fils d’Isaac. Ce dernier rejette son père depuis sa plus tendre enfance. Au départ, le lecteur vacillant entre les différents errements  de la narration, a du mal à comprendre l’essence de cette distance. On finit par saisir que le préado a eu du mal avec ce père quelque peu avachi, présent à la sortie des classes pour récupérer son fils là où les pères des autres dans ce beau quartier de Paris pilotent des entreprises du CAC40.

L’amant. 

Isaac Onoré est un écrivain blasé. Mais c’est encore un maître des mots et un manipulateur. Le lecteur s’en rendra compte.

La concordance des temps.


Elle est douloureuse. Souvent rattachée à des actes de terrorisme. Le temps de l’écrivain concorde en lieu et en heure avec le 11 septembre 2001, le 7 janvier 2015 ou le 13 novembre 2015. Un aménagement à New York, un déménagement à Paris. Et l’impact concret de ces actes de violence gratuit. J’aime bien l’idée de cet écrivain haïtien totalement inscrit dans l’agenda occidental mais dont on peine à savoir s’il a une réelle place sur le territoire. La concordance peut aussi se résumer à une harmonie entre les temps et les chapitres de ce livre.
La concordance des temps, Mamadou Mahmoud N'DongoEditions Le Serpent à plumes, 2018, 394 pages

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