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Les radis bleus de Pierre Autin-Grenier… nouvelle édition augmentée

Par Antigone

Les radis bleus de Pierre Autin-Grenier… nouvelle édition augmentée

J’avais lu en 2009 la version folio des Radis bleus de Pierre Autin-Grenier. Est sorti en Novembre 2018 cette version augmentée de 11 inédits de chez Les Carnets du dessert de Lune (éditeur Belge), avec une illustration en couverture de Georges Rubel, une occasion de redécouvrir cette plume et ce recueil bien intéressant. J’avais un peu oublié de vous en parler ici. Je rattrape aujourd’hui cet oubli et recycle mon article de 2009 pour réveiller les souvenirs de ma première lecture.

« Le temps qu’il faut  pour faire une phrase ! S’imaginer capable d’en faire une chaque jour … Délire d’orgueil ! Folie de poète, peut-être… »

Et c’est cette entreprise folle que Les radis bleus retrace, un an de pensées, d’éclats et d’anecdotes… Se loge dans le journal poétique de Pierre Autin-Grenier (1947-2014), publié pour la première fois en 1990, beaucoup de mélancolie, car il y est question assez souvent de fin de vie et de douleur. On devine, au détour d’une page, la perte d’un enfant sans doute ; le désir en tous les cas d’une vie retirée, paisible.
Malgré quelques répétitions de thèmes, dues très certainement au genre utilisé, j’y ai trouvé de bien jolis morceaux d’écriture, des réflexions sur l’utilité des poètes et de la poésie aujourd’hui, de l’ironie. A découvrir sans tarder pour les amateurs de poésie ! Thomas Vinau parle de cette nouvelle édition ici.

Quelques extraits…

« Mardi 29 mars – Sainte Gwladys – Il y a comme quelque chose d’inépuisable et d’inachevé dans tout poème. Quelque part un mot console et épouvante, surprend parfois ; mais toujours fait signe et nous appelle. Invite à poursuivre l’immobile voyage.
Surgit soudain l’idée du sang, sans qu’on puisse l’attribuer en bonne raison au poème seul. Ou bien s’exhale une odeur ancienne de buanderie, qu’accompagne aussitôt le souvenir fragile de vieilles lessiveuses en ferblanterie. D’autres fois, c’est un ciel du même bleu que la nostalgie qui doucement se découvre, et vous porte à rêver…
Ainsi le lecteur affranchi peut-il prendre sa propre part à l’existence même du poème. Parce que loin de contraindre et d’enfermer dans le mot, la poésie – toujours – tient les portes de la vie larges ouvertes. »

« Dimanche 3 avril – Pâques – Jamais nous ne mettons de nappes sur la table. Toujours nous la tenons bien cirée, brillante et lisse. C’est dommage, parfois, cette absence de nappe. En en soulevant un coin on pourrait en effet facilement voir, par en dessous, les jours passer. »

« Vendredi 25 Novembre – Sainte Catherine – Rien n’est plus simple que le linge qui sèche sur le fil tendu entre le cerisier et l’acacia. La mésange qui se pose, légère, à côté des serviettes à carreaux rouges et bleus a tout compris. Et la voilà qui s’envole avec le vent faisant un instant vraiment bouger la vie.
Le front contre la vitre, l’oeil loin au-delà, on prend ainsi l’exacte mesure du temps. Toute gesticulation devient vite dérisoire quand on sait le discret travail de l’arbre, l’infinie persévérance des hautes herbes, l’ombre qu’il faut encore au jour pour lentement devenir la nuit.
Ils ne savent pas, ceux qu’une telle sagesse porte à sourire, quelle rare patience réclame chaque aube nouvelle et que vouloir forcer l’allure ne mène jamais nulle part. »

« Samedi 31 décembre – Saint Sylvestre – Minuit, je jette un truc complètement cassé dans un lit en cage de fer et finalement le truc y trouve un sommeil qu’il voudrait sans réveil. C’est moi. »-

Recueil à commander sur le site de l’éditeur ici

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