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[Critique] DESTROYER

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] DESTROYER

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Note: ★★★★☆

Titre original : Destroyer

Origine : États-Unis

Réalisatrice : Karyn Kusama

Distribution : Nicole Kidman, Sebastian Stan, Toby Kebbell, Tatiana Maslany, Scoot McNairy, Bradley Whitford, Toby Huss, James Jordan, Beau Knapp, Jade Pettyjohn…

Genre : Thriller/Drame

Date de sortie : 20 février 2019

Le Pitch :

À Los Angeles, Erin Bell, une enquêtrice, retrouve la trace du chef du gang dans lequel elle fut autrefois infiltrée. Dès lors obsédée par cet homme qui a bien failli la détruire, elle se lance à sa poursuite, assoiffée de vengeance…

La Critique de Destroyer :

Ça arrive parfois… On réalise un film que tout le monde remarque. Les prix pleuvent littéralement et on se retrouve devant un défi de taille consistant à se montrer digne de ce premier succès critique. C’est ce qui s’est passé pour Karyn Kusama, dont le Girlfight, avec Michelle Rodriguez, l’avait directement propulsée dans le club des talents à suivre. La suite fut malheureusement moins glorieuse… Aeon Flux puis Jennifer’s Body n’ayant pas franchement brillé, ni du côté des critiques ni du public. Et même si The Invitation a su se montrer davantage à la hauteur, notamment grâce à sa modestie et à son caractère joliment roublard, force est de reconnaître qu’on n’attendait plus grand chose de la réalisatrice. Mais c’était mal la connaître. Car Karyn Kusama avait bien sûr encore des choses à dire. Avec Destroyer, elle fonce dans le tas et se montre à nouveau percutante ! Comme à la grande époque, libérée de cette hype inhérente au succès, elle frappe un grand coup et nous laisse sur le carreau.

Destroyer-Kidman-Stan

Prête à tout

Destroyer est un thriller bien âpre, violent et sans concession. Une sorte de déclinaison de ces polars des années 70, avec en lieu et place du héros charismatique un peu déglingué et tête brûlée, une flic totalement cramée par la vie. Dans les pompes de cette anti-héroïne badass et constamment sur la brèche, Nicole Kidman. L’actrice australienne qui n’a pas lésiné pour donner du corps à son personnage, en remisant le glamour au placard, échangeant les tenues chics ou bariolées pour de vieux jeans et une veste en cuir élimé. Destroyer, c’est donc aussi une performance choc. Le genre qui passe ou qui casse. Et là, ça passe, parce que ça casse. Comprendre par là que Erin Bell le personnage que campe Nicole Kidman avec une incroyable énergie du désespoir, n’est pas le genre à quémander l’empathie auprès des spectateurs. Peu importe que l’on ne l’aime pas, tant que l’on comprend sa quête. Peu importe ses choix de vie tant que sa croisade pour une vengeance tant souhaitée trouve un sens. Avec son visage rincé, d’où ressortent ses yeux d’un bleu si clair qu’ils semblent contenir toute la mélancolie du monde, Nicole Kidman n’y va pas par quatre chemins et dans Destroyer, elle est incroyable. Il n’y a pas d’autre mot. De tous les plans ou presque, elle donne par ses gestes, le ton de sa voix et les inflexions d’un corps qui nous apparaît usé et prêt à lâcher, de l’écho au discours que porte le film. Elle, mais aussi Sebastian Stan, Scott McNairy, Tatiana Maslany et Toby Kebell nourrissent par l’intensité de leur jeu la dynamique de cette œuvre violente et crépusculaire, dont la portée va bien au-delà de celle du simple polar hard boiled un peu bas du front que Destroyer aurait pu être entre d’autres mains.

L.A. Confidential

Avec son scénario éclaté, riche en flash-back la plupart du temps maîtrisés (mais parfois moins, au point de rendre le récit inutilement confus), Destroyer réserve quelques jolies surprises et sait prendre son audience à revers. Ceux qui s’attendent à une version féminine de Taken peuvent aller voir des films comme Peppermint car ici, l’action ne prime pas. Pas toujours en tout cas. Ici, c’est poisseux et crade. Le soleil tape sur ces âmes paumées ayant depuis longtemps renoncé à la rédemption. Là est d’ailleurs l’originalité de Destroyer : si il n’évite pas quelques écueils quand il tente d’adoucir un peu son propos et qu’il se perd également parfois au fil de petits tics un peu nébuleux, il sait globalement tenir bon et jamais ne dévie totalement de sa route. Nicole Kidman campe une flic perdue qui sait qu’elle est perdue. Elle ne cherche pas à se sauver mais à sauver ce qui peut encore l’être. Sa vie importe peu par rapport à l’objectif qu’elle s’est donné. Rien à perdre, rien de spécial à gagner non plus. Jusqu’au-boutiste, Destroyer l’est. Que ça plaise ou non. Sans complaisance, sans trop en faire non plus la plupart du temps, sans trop de longueurs et parcouru de séquences bien nerveuses où là encore, Nicole Kidman monte dans les tours et se jette à corps perdue dans l’action. De quoi ressortir un peu groggy de cette plongée cauchemardesque dans les tréfonds d’une quête vengeresse…

En Bref…

Vrai film d’infiltration, authentique thriller, drame prégnant et mélancolique… Destroyer est tout cela à la fois. C’est aussi le parfait véhicule pour son actrice principale, dont la performance s’avère aussi sombre, intense et impressionnante que le trailer pouvait le laisser présager. Destroyer, au-delà de ses petits travers, doit beaucoup à Nicole Kidman mais au fond, Nicole Kidman doit aussi beaucoup à Destroyer

@ Gilles Rolland

Destroyer-Nicole-Kidman
Crédits photos : Metropolitan FilmExport

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