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La méditation, une question d'équilibre ?

Publié le 27 février 2019 par Anargala
La méditation, une question d'équilibre ?


La pratique de la méditation est une pratique de l'attention.

L'attention s'exerce alors à devenir souple et précise : c'est, en gros, de la concentration.

Pour cela, l'attention doit se focaliser sur un objet, comme un point du corps par exemple, un caillou ou bien la respiration.

Si l'attention est distraite, il faut la ramener sur l'objet. Encore et encore : c'est la méditation, telle que nous en avons tous entendu parler.

Deux obstacles principaux : l'agitation et la torpeur.

Nous pouvons remédier à la torpeur en intensifiant l'attention, en la concentrant davantage. Nous pouvons remédier à l'agitation par la détente.

Le problème est que trop de détente mène à la torpeur. Trop d'intensité mène à l'agitation. 

Comme l'enseigne le bouddhisme, qui est à l'origine du vocabulaire sur la méditation et de la plupart des idées sur la méditation, la méditation est une question d'équilibre entre tension et détente. Si la corde de la guitare est trop tendue, elle casse. Si elle est trop détendue, elle ne sonne pas.

La pratique consiste donc à aller peu à peu vers ce point d'équilibre, sachant qu'une fois l'agitation grossière (les mots dans la tête) disparue, intensifier l'attention permet de prendre conscience de l'agitation subtile (genres de murmures, petits mouvements subtils, pétillants). Et il en va de même pour la torpeur : parfois on est focalisé sur l'objet, mais sans clarté de l'objet, ou sans vivacité de l'attention. Il y a une torpeur subtile.

Pratiquement, on alterne donc entre intensification et détente. Par exemple, si on pose le regard sur un point, on se focalise fort pendant quelques secondes, puis on détend doucement, en essayant de garder la clarté gagnée par l'intensification. On alterne ainsi et, peu à peu, l'attention se pose et le champ corps-esprit s'apaise. 

Traditionnellement, on adopte des "points-clé" du corps, du souffle et de l'esprit (c'est-à-dire ici le regard fixe) car l'attention dépend de la position du corps (d'où les âsanas), de la respiration (d'où le prânâyama) et aussi des mouvements des yeux. 

Intensité et détente sont les deux clés de la méditation. C'est un peu comme l'accélérateur sur une voiture. On apprend à garder une allure égale à travers les variations du terrain en appuyant sur l'accélérateur (intensification) ou en levant le pied (détente).

En écrivant cela, je réalise que l'intensité et la détente correspondent à Shakti et Shiva, respectivement. En effet, du côté Shiva, le yoga de l'espace et du silence intérieur met l'accent sur la détente profonde. Du côté Shakti, le yoga de l'élan et du cœur met l'accent sur l'intensification.

L'un n'est pas supérieur à l'autre. Ils se complètent. Pas seulement en un sens symbolique, mais aussi dans la pratique concrète de la méditation qui se pratique d'abord assis et immobile, puis dans toutes les circonstances de la vie quotidienne.

Ces deux aspects d'intensification et de détente sont présents dans chacun de ces yogas : dans le yoga de l'espace ou "méditation de Shiva" (shiva-mudrâ), on médite les sens grands ouverts (=contre la torpeur) mais dans un total silence mental (=contre l'agitation). De même, le dos est bien vertical (=contre la torpeur) mais le reste du corps "flotte" dans l'espace tactile (=contre l'agitation). Et ainsi de suite : inspir contre la torpeur-expir contre l'agitation, etc. 

Mais tout ces points se ramènent à l'équilibre entre tension et détente. C'est la clé principale de la méditation.

La méditation, une question d'équilibre ?

Mettre des pierres en équilibre est une activité qui correspond de près à la méditation, car cela nécessite un équilibrage fin entre tension et détente 


Bien entendu on pourrait se demander : 

Pourquoi passer par ces étapes dans une approche non duelle ? Pourquoi ne pas reconnaître directement la conscience qui accueille l'objet et l'attention, la torpeur et l'agitation ?

Parce qu'ici j'adopte un point de vue pragmatique. Pour la plupart d'entre nous, il est presque impossible de "reconnaître la conscience" (l'intervalle entre deux pensées, etc.), car notre attention est trop agitée, fragmentée, comme une coquille de noix ballottée par les vagues...

Certes, l'attention, même concentrée et posée, est une contraction de la conscience. L'attention fait donc partie du "mental". Mais avant de retourner l'attention vers sa source, il est bon de l'assouplir quelque peu et de l'exercer à se délivrer de sa fascination exclusive pour les objets. C'est le but de la méditation. Cela étant, même "après" l'éveil (=la reconnaissance de la conscience par elle-même), quand le corps-mental s'accorde à l'immensité lumineuse, l'alternance entre tension et détente reste d'actualité. La différence est qu'alors cet équilibrage se fait spontanément, un peu comme on régule la pédale d'accélérateur sans y penser. 

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