Hier, nous étions le 8 mars, la journée où l’on fête les droits des femmes et où on souhaite aussi qu’ils évoluent dans le bon sens, vers le meilleur, et surtout perdurent… Avant d’être mariée, et maman, je n’avais pas tellement conscience d’être un genre discriminé. Et pourtant, si je suis honnête, des héros de mon enfance, je voulais bien plus être plus tard le jeune garçon de l’Ile au trésor que les jeunes filles bien rangées des Petites filles modèles. Dans tous les récits lus à l’époque, l’avenir semblait bien plus vaste et offert aux jeunes garçons, quand les jeunes filles n’avaient qu’un bon mariage en perspective. Heureusement, la littérature jeunesse a bien changé et les héroïnes féminines d’aujourd’hui n’ont rien à envier aux héros masculins, quel progrès ! Comme Sophie Bramly, je crois que je suis devenue féministe au fil du temps et des expériences, et en souvenir de mes lectures qui me donnaient un grand sentiment d’enfermement au féminin. Mais la littérature et l’histoire manquaient alors drôlement de figures auxquelles se raccrocher, alors qu’elles existaient, dans les faits. C’est sa propre expérience que Sophie Bramly raconte dans ce livre, entremêlant son histoire personnelle et le portrait de grandes figures féminines (ou féministes, car il y a de beaux portraits d’hommes aussi) inspirantes. Sophie Bramly est née en 1959 en Tunisie. Elle a été photographe, directrice artistique, puis productrice d’émissions sur MTV Europe. Elle est connue pour avoir diffusé la culture hip-hop en France au début des années 1980. Elle a travaillé pour une major de disque avant de de fonder deux sociétés de production dédiées à la sexualité et à l’émancipation féminine. Elle dirige un Think thank qui mesure l’impact du féminisme sur la société et a fondé le collectif 52. C’est un sacré personnage, et une femme elle-même inspirante que je suis heureuse d’avoir rencontrée à travers ce livre. Même si j’ai déploré au fil de ma lecture le côté un peu confus du fil narratif, il me reste à la fin de ce voyage au pays du féminin un sentiment très fort d’appartenance et de sororité. J’ai aimé qu’il soit à la fois question de Madonna, Prince, Christine and the queens, de Wonder woman et de ces femmes de l’ombre qui ont voulu par exemple, entrer un temps dans la NASA avant de se faire renvoyer brutalement. Je rapprocherais cette lecture du très intéressant livre de Titiou Lecoq, Libérées, que je vous conseille également vivement. Toutes ces lectures sont bien utiles pour se rendre compte de tout ce qui est fait dans notre société pour renvoyer continuellement les femmes dans leurs foyers, et les réduire à ce qu’elles ont de fragile, minoritaire, inférieur… délicat.
« Je reste stupéfaite de la division des genres, parce qu’elle est partie d’une idée folle et reste pourtant tenace aujourd’hui. Je ne comprends pas plus que les femmes qui se sentent libres et/ou qui ont du pouvoir soient perçues comme masculines, insinuant au passage l’idée que le libidinal serait de l’ordre du masculin. Et pourtant, je suis aussi victime de préjugés : si je refuse obstinément tout ce qui ressemble de près ou de loin au shopping, si j’exècre le rose, ce n’est pas seulement parce que je m’insurge contre ces assignations de genre, c’est aussi parce que je finis par associer « féminin » avec « moins bien », même si au fond de moi reste la conviction que c’est notre force – faite de notre capacité à engendrer conjuguée à celle de ruser, de contourner, de résister et de faire mille choses à la fois – qui nous vaut d’être acculées à s’afficher comme vulnérables. »
Editions Kero – mars 2019
J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…
Lu dans le cadre de la dernière opération Masse critique de chez Babélio
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