Cela faisait quarante ans que le maître du Symbolisme belge n’avait pas bénéficié d’une rétrospective à Paris. C’est désormais chose faite avec l’exposition que le Petit Palais consacre actuellement à Fernand Khnopff, rassemblant près d’une centaine de pièces emblématiques de son œuvre. A la fois peintre, sculpteur, dessinateur et metteur en scène, cet artiste présente un univers complexe où s’entrecroisent onirisme, rêverie, solitude et nostalgie. Une énigme à lui seul qu’il est bien difficile de déchiffrer.
I Lock My Door Upon Myself 1891, BPK, Berlin, Dist. RMN-Grand Palais images BStGSDes regards figés, une ambiance silencieuse et parfois même glaciale : autant d’éléments caractéristiques de l’univers pictural que cultivait Fernand Khnopff, en y mêlant des références parfois occultes ou relatives à la mythologie grecque. Comme une invitation à la solitude et au repli conformément à sa devise, « on n’a que soi ». Son imaginaire se démarque aussi par la célébration d’un idéal féminin, qu’il met en scène au sein de ses nus vaporeux ou encore de ses représentations de mythes comme La Tentation de Saint-Antoine ou Les Caresses, son tableau le plus connu. Sans oublier le portrait de sa soeur Marguerite, qui devint son modèle préféré.
Le sommeil est ce qu’il y a de plus divin dans notre existence.
Fernand Khnopff.
Khnopff, c’est aussi une certaine obsession pour la figure du dieu grec du sommeil, Hypnos. En témoignent les sculptures qu’il lui a consacrées à maintes reprises, mais aussi la toile I Lock My Door Upon Myselfdans laquelle il apparait pour la première fois en 1891. L’artiste assurait en effet « rêver l’existence continue de ses personnages dans leur milieu jusqu’au moment venu de les représenter dans une œuvre d’art ». Un prophète de son temps dont les impénétrables réinterprétations du monde demeurent encore aujourd’hui un mystère.
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