Une citation de James Baldwin ouvre le film. Beale Street est la rue où sont nés le père de l’auteur et Louis Armstrong. Une rue où est né le blues. Écouter la batterie dans le brouhaha de la rue, tel est le message de Baldwin.
Et puis le film oublie le bruit de la rue et donne trop d’importance à sa propre esthétique. S’il ne s’agissait que de montrer la pureté de l’amour des deux jeunes gens, Tish (KiKi Layne) et Fonny (Stephan James), qui apparaissent à l’écran, aussi beaux l’une que l’autre, ce serait réussi. Mais les conditions de vie des Noirs américains n’y sont qu’évoquées. La scène la plus forte est sans doute celle où Daniel (Brian Tyree Henry), sortant de prison, raconte à Fonny ce qu’il y a enduré, et, même dans cette scène, il me semble que le texte n’a pas la même puissance que dans le livre.
Il faut donc lire le roman de James Baldwin, pour ne pas en rester à une vision vraiment trop esthétisante des injustices dont sont aujourd’hui encore victimes les Noirs aux États-Unis et que montrait bien le film que Raoul Peck a consacré à James Baldwin.