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Musique Voyage #5 | Silure Albinos Fishing Club – Appâts pour carpes et gros poissons vol 1

Publié le 20 mars 2019 par Le Limonadier @LeLimonadier

Nouvelle occurrence de notre chronique " Musique Voyage " qui vous parle d'une sortie musicale pour voyager par le cerveau avec des mots les plus éloignés du journalisme possible. Car ce n'est pas notre métier, mais aussi parce que certaines musiques nous donnent surtout envie de partir. En couille, oui, d'accord. Mais pas que. On vous emmène. Cheers.

Dans le sac à dos

La première sortie d'un nouveau label au nom pas piqué des hannetons, du collectif lyonnais Silure Albinos Fishing Club, monté par Jean Mi et G'Boï qui ne vous est certainement pas inconnu. Au catalogue pour l'instant : une compilation "ambient" concoctée en famille sortie en début d'année, et logiquement intitulée La Chinerie Appâts pour carpes et gros poissons vol 1.

On a depuis bien eu le temps de l'écouter (pour ne pas dire qu'on est moyennement réactif) et c'est effectivement un gros morceau qui nous a convaincu de son indispensable utilité, surtout si on aime partir se balader avec une canne à pê(r)che.

La balade

Une fine pluie est en train de bruiner sur un lac de campagne au crépuscule. On vient de passer le portail du Silure Albinos Fishing Club, et on peut déjà distinguer une petite dizaine de pêcheurs, disposés tout autour du plan d'eau à équidistance les uns des autres. Puisque parler à des pêcheurs lors d'une balade en redescente peut être parfois la chose la plus saine à faire, on se décide à aller s'imprégner de leur art d'un peu plus près.

On arrive juste à son niveau que (auteur d'un pour lui Brieucchouette EP l'année dernière sur Cosmic Sans Records), sans forcer, nous sort le plus émouvant morceau de poisson que l'on entendra aujourd'hui. Une surprise très mouvante qui nous aspire le sang et nous tire les larmes, comme ce poisson de rivière exotique qui doit revenir chaque nuit dans "le rêve de Jeremy Wade" sucer le putain de cou.

La marche reprend pensivement, et l'on aperçoit à quelque mètre extraire un bocal étrange de l'eau, un "Aquarium Expressionniste" qui renferme toute une jungle de petits mammifères d'eau douce. On ne rêve pas, on entend bien des petits cris lointains et pitchés lancés par ces créatures tout en grouillant à la surface. Ça ne nous donne pas vraiment faim, mais c'est captivant.

Low Tide et Cyril Chauquet nous interpellent : ils viennent de pêcher de leur côté un "Goldfish Zebra". Ils se mettent à deux pour soulever et nous tendre ce quis'avère être une sorte de poisson chelou en deux dimensions tout droit sorti d'un animé japonais, que l'on voit onduler presque en stop motion entre leurs quatre mains. D'ailleurs le bordel commence à changer de forme tout en nous regardant fixement avec ses grands yeux. C'est effectivement une belle prise, mais on est aussi un peu inquiet pour eux. On s'éloigne.

assis un peu plus loin sur un petit tabouret décathlon, est en train de déplier une canne à pêche fabriquée à partir d'une flûte de pan synthétique retrouvée derrière une cascade, certainement laissée ici il y a des centaines d'années par une tribu de pêcheurs paisibles, vivant l'instant présent et ne se posant pas de questions inutiles telles que "pourquoi je suis en train de lire ça", "j'ai envie de regarder une vidéo de 3 min", "je suis une merde ?", "et si je mettais un morceau de la Christian Coiffure, schtroumpf party dans mon set hard trance demain soir ?". On aperçoit sur cet objet magique une inscription gravée : "The Silure Dream".

Tellement absorbés dans nos pensées que l'on a pas vu que Certainement sous l'effet de la canne à pêche ancestrale de Christian, il se met à tapoter l'eau trouble comme sur des congass. Encore plus surprenant, les algues à la surface semblent former sous ses gestes le mot Guido Quiller était descendu dans le lac, et qu'il s'était mis à danser devant nous, de l'eau jusqu'à la taille. "Apnea". On se dit qu'il a l'air bien comme ça, à vivre sa vie de vinaigrette.

Les mains dans le dos, on poursuit notre marche de lendemain de soirée telle une personne qui a tout de même pris quelques années depuis la veille. On a presque pas dormi, et on se sent très sensible. On s'assoit alors en tailleur à côté de 10 Francis qui met à notre disposition un djembé en peau de truite, et nous incite à accompagner ses mouvements de moulinet. On ne comprend pas vraiment pourquoi mais c'est assez chouette. Les autres pécheurs nous regardent, on espère qu'on ne fait pas trop de

69 Khz s'installe ensuite à côté de nous, et nous propose un "Ferré Au Rocher" sur un joli petit plateau nacré. Et c'est sans hésiter que l'on répond positivement à cette expression du bon goût. On place cette collation bienvenue sur notre langue, et là, se produisent toutes sortes de crépitements, comme si un mini youtubeur ASMR s'amusait à l'intérieur de nos joues. Des visions de rivières sauvages apparaissent devant nous, glissant sur leur lit au ralenti. On ne peut plus trop bouger.

Lock NES vient nous faire un coucou, mais on sent qu'il a pitié de nous. On est visiblement assez drogué. Il nous prend alors par la main pour nous emmener un peu plus loin, et nous installe sur ses nappes bienveillantes. On s'y sent bien, en sécurité alors que défile les nuages. Non vraiment, cette personne est vraiment gentille, d'autant plus qu'elle nous propose "40% sur les appâts Caperlan".La belle affaire, ça serait dommage de ne pas en profiter.

Le tour du lac est bientôt terminé, et Giant Grouper nous demande d'approcher. Vous connaissez "La pêche en 43 Convertible" ? nous demande-t-il. Il se lance alors dans un véritable tutoriel youtube plus vrai que nature, en prenant son temps pour nous expliquer tout ce qu'on doit connaitre. On se sent encadré par un véritable professionnel.

Il est l'heure de repartir, on repasse le petit portillon et alors qu'on se retourne une dernière fois s'impose à nous une vision peu commune : au centre du lac un hologramme de silure albinos géant est apparu et ondule dans une une sorte de danse du ventre cosmique. Un dieu poisson invoqué par une équipe de passionnés décidément très sympa. Sur le chemin du retour, on laisse quelques souvenirs étranges flotter en nous. Peut-être que demain matin, en allant chercher le pain, on repassera.

Pour se procurer la K7 et la version digitale du projet, c'est par ici.

On vous laisse avec ce mix spécial ambient & petits poissons d'eau trouble réalisé par Christian Coiffure.

Pour plus de voyages :

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