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Nettoyages de printemps (chasse aux dépenses) !

Publié le 26 mars 2019 par Chroom

Il y a une vingtaine d'années, alors que je venais de débuter dans la vie active, j'étais capable d'économiser environ 30% de mon salaire. Ce dernier était pourtant assez misérable, du genre celui qui fait bondir les syndicats à propos des working poors. Avec un tel ratio, j'avais la capacité d'investir, même avec relativement peu de moyens. Je m'imaginais aussi après quelques années, fier de quelques promotions et augmentations de salaire, avec une force "d'auto-financement" significative. Je me rappelle aussi des discussions avec un collègue cadre, vingt ans plus âgé que moi, qui me disait qu'on avait beau gagner plus, on ne mettait pas plus de côté à la fin du mois. J'ai toujours refusé de le croire, me disant que c'était juste une question de discipline.

Maintenant que j'ai le même âge que lui à l'époque, qu'en est-il dans la réalité ? Je dois reconnaître que mon collègue n'avait pas tout tort. Ce que j'avais sous-estimé c'est que la vie fait que lorsqu'on prend de l'âge, on est en partie contraint d'augmenter son train de dépenses, particulièrement (et peut-être même uniquement) à partir du moment où on se met en couple et qu'on fonde une famille. On a beau toucher des allocations familiales, celles-ci sont bien dérisoires par rapport au surplus de dépenses engendrés, notamment les assurances, les frais médicaux, le loyer, l'alimentation, l'habillement, les vacances et les loisirs. Elle est bien loin la vie insouciante et faste de célibataire!

Aujourd'hui, je suis parvenu à augmenter mon salaire de manière substantielle, grâce à plusieurs changements d'employeur. C'est d'ailleurs le seul moyen que j'ai trouvé d'accroître mon revenu issu d'une activité lucrative, puisque les patrons sont très pingres avec leurs propres employés. Néanmoins, malgré cette progression de salaire, mon ratio d'économies n'a paradoxalement fait que baisser avec le temps. Le premier coupable, avant même la famille, ce sont les impôts et leur taux progressif. A partir d'un certain niveau, on sent clairement la différence en termes de charge fiscale, au point même de se demander si ça vaut la peine d'être augmenté ou de travailler plus. C'est d'ailleurs aussi ce qui m'a motivé à baisser mon temps de travail (en plus de l'augmentation de la qualité de vie bien sûr). En travaillant moins, j'ai certes aussi entamé ma capacité d'épargne, mais pas autant que ce qu'on pourrait croire. 20% de taux d'activité en moins, si l'on enlève les charges fiscales et sociales, ainsi que les dépenses professionnelles, ne représente au final que 10% à 15% de salaire net en moins.

Bref, de ce point de vue mon collègue avait raison, on ne met a priori pas plus d'argent de côté à la fin du mois parce qu'on a plus de salaire. Ceci étant dit, si on peut expliquer ce phénomène en partie par l'augmentation des charges fiscales, sociales et familiales, on doit aussi le mettre sur le compte de notre propre comportement. C'est d'ailleurs une évidence qu'on constate assez souvent dans la société. Je connais des hauts salaires qui contractent par exemple des leasings parce qu'ils ne possèdent pas les fonds propres pour acquérir une voiture. Je connais aussi un ex patron de startup informatique qui a vécu comme un pacha avec des revenus scandaleux pendant plus d'une décennie et qui a de la peine aujourd'hui à boucler le mois, n'ayant strictement rien mis de côté durant ses belles années.

Même si on fait fi de ces cas peut-être extrêmes, on devient avec le temps, lorsque notre niveau de vie augmente, moins regardant, plus paresseux et moins discipliné. Quand on touche un petit salaire, chaque franc compte. Dès qu'on devient plus à l'aise financièrement, on a tendance à fermer les yeux sur des petites dépenses, ou même sur certaines plus grosses, occasionnelles. Si aujourd'hui je ne suis plus capable d'économiser autant qu'il y a 20 ans, c'est parce que mes charges obligatoires ont augmenté, mais aussi parce que je n'ai plus la même rage qu'à l'époque.

Suite à ces différentes réflexions, j'ai décidé de me lancer dans un grand nettoyage de printemps. J'ai exporté la liste des dépenses d'une année entière effectuées sur mon compte courant, sur ma carte de crédit et sur mon compte paypal. Déjà, rien que de voir le total de toutes les sorties d'argent, ça fait peur, et donc c'est un bon moyen pour se (re)motiver. Puis j'ai regroupé les dépenses selon différentes catégories (impôts, assurances, dette hypothécaire, alimentation, habillement, voyages, loisirs, transports, etc.) et je les ai mensualisées. A partir de là, on peut voir quels sont les postes les plus importants et qu'est-ce que ça représente concrètement sur une même échelle de temps. Il y a de grosses factures qui font mal une fois par année, mais finalement elles peuvent représenter au total bien moins que d'autres dépenses régulières de moindre importance. Après, pour chacun de ces postes, je me suis fixé un objectif d'économies possibles. Il ne faut pas avoir peur de tout remettre en question. Le but n'est pas de vivre comme un ermite, mais plutôt de se demander quelles dépenses agrémentent vraiment notre qualité de vie, ou pas.

En faisant ce travail, on peut adopter plusieurs démarches possibles. Soit on taille dans le gras et on s'attaque aux gros postes de dépenses. Souvent (mais pas toujours) cela implique des changements majeurs dans notre façon de vivre. On peut citer par exemple la voiture, l'habitat et même les impôts. On peut aussi s'attaquer aux plus petites dépenses. Prises isolément cela ne semble pas faire de sens, mais si on les cumule ça peut représenter de jolis montants. J'ai choisi de panacher les approches, quelques grosses dépenses et quelques petites, mettant la priorité surtout sur ce qui avait le moins d'impact sur ma qualité de vie. Je suis parvenu à trouver en fin de compte une quantité assez importante de dépenses dont je n'avais plus vraiment conscience et que je pouvais couper ou diminuer sans conséquences ou presque. Mieux : en limitant certaines d'entre elles il est même améliorer sa qualité de vie! C'est typiquement le cas de certains biens et services liés à notre mode de vie occidental peu respectueux de notre santé et de notre planète (malbouffe, produits industriels, toxiques, voire addictifs, voiture, etc.). Sur de très longues années, on a tendance en effet à prendre des mauvaises habitudes et on ne s'en rend même plus compte car elles font partie de notre manière de fonctionner. On assiste un peu au même phénomène que chez ceux qui entreposent des tas de choses dans leurs armoires ou dans leur cave, dont ils n'ont plus d'utilité. Bref, on encombre notre existence de choses futiles.

Bref, au final, grâce aux différents postes repérés, je suis parvenu à dégager presque de suite 10% d'épargne supplémentaire, sans trop me forcer.  J'envisage encore 5% de plus à relativement brève échéance. Ceci devrait me ramener plus très loin derrière ce que j'étais capable d'économiser à l'époque. Les dépenses ne sont ainsi pas une fatalité. Toutes ne sont pas évitables, mais en prenant un peu de recul et en y mettant un peu du sien, il est possible de se libérer de plusieurs d'entre elles, malgré l'augmentation des charges qui vont avec l'âge. Mon collègue avait donc en partie tort, et j'en suis très content, non pas parce que j'avais raison, mais parce que ça me permet d'avancer toujours un peu plus vers l'indépendance financière.


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