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Dialogue avec Saint-Georges et quelque uns de ses amis

Publié le 29 mars 2019 par Halleyjc

Joseph Bologne Chevalier de Saint-Georges 1745/1799 par Jean-Claude HALLEY

Prélude

En prélude à cette article, je vous emmène à Chicago… il y a de cela quelques années, à l’occasion d’un colloque sur la Musique Classique Noire, Mark CLAGUE, un musicologue Américain développait les arguments suivants sur les « Concerti » : le mot concerto, disait-il peut venir du latin « CONCERTARE » c’est-à-dire se confronter à : et l’on peut imaginer, à l’écoute de certaines œuvres, un véritable duel entre le soliste et le tutti orchestral… mais concerto peut aussi venir d’un autre mot latin « CONCERERE » qui a un tout autre sens : s’harmoniser avec… et certains concerti offrent à nos oreilles de véritable symbiose orchestrale… notre musicologue transpose alors ces deux clés musicales dans le domaine sociologique et analyse alors le comportement de ce Musicien Noir venu d’ailleurs et qui va annoncer à tous et à chacun : je vais me confronter à vous pour devenir le meilleur… je vais aussi capter votre art, votre technique pour m’harmoniser avec vous… C’est une vision, je crois, intéressante du Chevalier de Saint-Georges, né esclave en Guadeloupe et qui deviendra l’un des plus brillants musiciens de son temps en même temps qu’il sera reconnu par ses paires comme le « Dieu des armes ».

Ouverture.

Aujourd’hui et depuis quelques temps se joue sur la planète entière une véritable symphonie en hommage et en souvenir au Chevalier de Saint-Georges. A tour de rôle se lèvent des solistes qui jouent leur propre partition… escrimeurs, musiciens, musicologues, romanciers, historiens, simples amateurs…

A ce stade je voudrais tout simplement rendre hommage à tous ceux qui ici ou ailleurs ont écrit sur le Chevalier… je leur suis redevable de toutes les informations que je vous donne ci-après.

Permettez moi de vous dire que je ne suis pas Historien, non plus Musicologue, ni même Musicien, encore moins Romancier ou Escrimeur… Qui suis-je alors pour oser devant vous parler de Saint-Georges ? A tout le moins puis-je prétendre être un simple amateur ou comme on disait du temps du Chevalier un « mélophilète[ii] » : c’est-à-dire un amoureux de la mélodie. Mais je suis aussi un PP c’est-à-dire un Pointu Pointois ! un habitant de la bonne Ville de Pointe-à-Pitre en Guadeloupe.

La Guadeloupe, Pays de Saint-Georges.

Comment parler de Saint-Georges sans dire quelques mots de la Guadeloupe, le pays où il est né. Je vous la présente sous les deux aspects suivants :

16 61 : ces deux chiffres ne constituent pas un numéro de Minitel, mais les coordonnées géographiques de la Guadeloupe qui se trouve donc à 16 degrés de latitude NORD et 61 degrés de longitude OUEST… C’est une adresse fort bien connue des Cyclones qui chaque année fréquentent cette région des Caraïbes en causant beaucoup de ravages.

Mais voici une autre manière de présenter la Guadeloupe, l’une des quatre vieilles colonies de la France devenues en 1946 Département Français. Ceci nous vaut de figurer sur tous les billets d’Euro. Vous pourrez vérifier cela lorsque vous aurez un billet en main.

Ainsi donc la Guadeloupe est à la fois dans la Caraïbe et en Europe.

Terre de violence et Terre d’accueil..

Et la Guadeloupe est effectivement une terre de violence : violence de la nature ; je vous parlais tout à l’heure des Cyclones, mais il faut compter aussi avec les tremblements de terre, le volcanisme et les Tsunamis… Mais on peut aussi évoquer la violence des hommes, avec deux génocides (Les ARAWAKS puis les CARAÏBES), deux siècles d’esclavage suivi de la longue période de colonisation qui porte aussi une violence certaine. Certains vous diront que la Départementalisation n’a rien changé… mais ceci est une autre histoire… Mais la Guadeloupe est aussi une terre d’accueil, un creuset des races, où s’imposent dialogues et échanges.

La Civilisation Créole

En invoquant le « Tout Monde » d’Edouard GLISSANT[iii], je n’hésite pas à parler de « Civilisation Créole », c’est-à-dire une certaine capacité collective et individuelle à admettre l’autre dans sa différence qui enrichit.

50 ans de dialogue avec le Chevalier de Saint-Georges

Je vais donc maintenant vous parler de Saint-Georges. Et je le ferai en évoquant ces cinquante années d’échanges avec les très nombreuses personnes qui travaillent sur ce personnage et que vous découvrirez au fur et à mesure.

1956 : 

Jeune lycéen, je fréquente une boutique de disques rue Barbès à Pointe-à-Pitre, celle de Madame Andrée CORBIN : c’est elle qui un jour de 1956 me présente une platine médium, en me disant : « écoutes ce disque ! Cela te changera des éternels Beethoven, Chopin et autre Wagner ! » Il faut vous dire que Mozart n’était pas encore très présent à ce moment là ! Et c’est là que je déguste pour la première fois la musique de Saint-Georges.[iv]

Et je découvre en même temps, grâce au livret de Jean-Noël Faucquet[v], qui accompagne ce disque, que Saint-Georges est Guadeloupéen, fils d’esclave et fils de Blanc et qu’il brillera de mille feux à Paris et à Londres. Dès lors je n’ai cessé de chercher tout ce qui, de près ou de loin, concernait ce musicien.

1966 : 

Dix ans se passent. Juste le temps de collationner ce que l’on sait de Saint-Georges et de découvrir les grands classiques : le roman en quatre tomes de Roger de BEAUVOIR, les écrits d’Henry ANGELO, ceux de Texier de la BOESSIERE fils. Mais ils sont nombreux ceux qui ont, peu ou prou, parlèrent du Chevalier : On peut tenter de les regrouper de la manière suivante :

–         le groupe des Escrimeurs amis[vi],

–         les musiciens contemporains[vii],

–         les chroniqueurs[viii],

–         les Romanciers[ix], sans oublier

–         le groupe des Antillais[x].

De retour en Guadeloupe après mes études, j’ai la chance de rencontrer Monsieur Jean-Paul HERVIEUX, alors Directeur des Archives Départementales de la Guadeloupe… il me dira très franchement : « je n’ai pas de certitudes, je n’ai que des convictions ».

Et lorsque je lui parle du manuscrit de Monsieur Gaston BOURGEOIS, Jean-Paul HERVIEUX dit qu’il a la certitude que le Basse-Terrien s’est trompé et sur la date de naissance et sur le nom du père du Chevalier.

Le petit monde de Saint-Georges devient pour moi de plus en plus fascinant et subtile : avec tant de personnages hauts en couleur, Henry ANGELO, Texier de LABOËSSIERE, Pierre de Bologne, l’Abbé GREGOIRE, Le Duc d’ORLEANS, Madame de MONTESSON, Louise FUSIL… Les musiciens du Concert des amateurs, Marie-Antoinette, Josef HAYDN, Les habitués du Palais Royal, Choderlos de Laclos, …

1972

Monsieur Odet DENIS[xi], à Paris, publie dans la revue de l’AGEG l’annonce de son livre : « Qui était le Chevalier de Saint-Georges » ? Odet DENIS est, de facto, le découvreur du vrai Père de Saint-Georges. C’est lui le tout premier qui révèle l’existence de Georges Bologne.

Jean-Paul HERVIEUX interrogé dira : « je n’ai toujours pas de certitude, mais l’ouvrage d’Odet DENIS renforce mes convictions.

1986

Gabriel BANAT[xii], alors premier violon de l’Orchestre Philharmonique de New-York décide de visiter la Guadeloupe, pays de Saint-Georges.

Jean-Paul HERVIEUX le reçoit et lui fait visiter le site du Baillif[xiii] et les lieux de la prime jeunesse du Chevalier.

Gabriel BANAT jouera avec l’Ensemble Instrumental Chevalier de Saint-Georges qui recevra en cadeau un exemplaire du volume des « Masters of  Violins » consacré aux œuvres concertantes du Chevalier. Monsieur BANAT rappelle avec émotion cette rencontre au cours de laquelle les Musiciens amateurs de Guadeloupe, découvriront pour la toute première fois les partitions de la musique de Saint-Georges.

1996

En 1996 : Monsieur Emil SMIDAK, Tchécoslovaque, Président de la Fondation AVENIRA publie à son tour un ouvrage : « Joseph Boulogne, nommé Chevalier de Saint-Georges » ; constatant avec regret qu’il ne trouve rien sur Nanon, la Maman de Saint-Georges, Emil SMIDAK va alors rendre tout simplement hommage à la mère Afrique ! Cette très jolie balade africaine qui occupe le premier tiers du livre mérite incontestablement le détour. La seconde partie du livre est consacrée à Pierre de Bologne le Père du Chevalier et la dernière partie au Chevalier lui-même. Cet ouvrage scientifique traduit en langue Anglaise sera offert à toutes les bibliothèques Universitaires du monde. Simultanément est éditée une belle collection de 5 CD reprenant pratiquement toute l’œuvre instrumentale de Saint-Georges.

1999

En 1999 : c’est le bicentenaire de la disparition de Saint-Georges ; occasion unique de réveiller non seulement la Guadeloupe, mais la planète entière : elle est très longue la liste des événements qui se sont alors succédés (concerts, films, documentaires télévisés, livres, inauguration de rues, de salle, de quartiers, travaux pédagogiques, conférences, expositions…)

La Guadeloupe participe à cet hommage et érige un buste dans la ville de Basse-Terre et crée une exposition aux Archives Départementales de la Guadeloupe : LE FLEURET et l’ARCHET qui rencontrera un incontestable succès.

Pourquoi me demandait-on souvent, cet engouement pour Saint-Georges ?

« Parce que la musique de Saint-Georges est belle et mérite tout simplement d’être jouée et écoutée » : Les symphonies concertantes, les concertos, les sonates, les quatuors et autres romances constituent, en 14 Opus et près d’une centaine d’œuvres, je le crois sincèrement, un vrai trésor, sans oublier les Opéras dont il nous reste si peu d’extraits.

Après toutes ces années de recherche et de plaisir renouvelé, mon message à propos de Saint-Georges est devenu plus clair et pourrait se résumer en cette sentence : « Au-delà du musicien, au-delà de l’escrimeur, l’Homme ! » C’est ma philosophie. Saint-Georges est devenu un prétexte, mais un beau prétexte, pour aborder la musique, pour découvrir l’histoire, pour essayer de comprendre notre histoire.

Mais pour faire passer ce message, il est indispensable de publier.

Le défit d’écrire un livre pour les enfants[xiv]

Je vais maintenant tenter de vous raconter la manière dont notre petit groupe des Amis de Saint-Georges[xv] en est venus à publier un livre destiné à nos enfants… Ce fut un défi, mais surtout une formidable occasion de dialoguer avec les plus jeunes… Une chose est de leur raconter le Chevalier une autre est de répondre à leurs questions, si déroutantes. Alors sur fond de vie de Saint-Georges que l’on pourrait décrire très rapidement en quelques  épisodes[xvi], nous voici à la recherche des réponses les plus fondées :

Dès le premier contact avec les jeunes les questions ont fusées… et les réponses n’étaient pas si faciles que cela à trouver… Comment faut-il t’appeler… Où es-tu né ? Qui est ton père ? Qu’écoutais-tu comme musique au Baillif ? Pourquoi ce titre de Chevalier ? Parlais-tu le créole ?

Comment faut-il t’appeler ?

La simple énumération des noms de ce personnage permet de traverser sa vie entière :

–         Joseph de son prénom donné lors de son baptême au Baillif.

–         Bologne patronyme de son géniteur mais que le code noir[xvii] lui interdit de porter.

–         Chevalier : le titre qu’il obtiendra pour être Gendarme de la garde du Roi de France

–         de Saint-Georges, nom du lieu de sa naissance dans les hauteurs de Baillif,

–         Ritoudaine, : nom curieux qui figure dans la déclaration de Texier de la BOËSSIERE à la Table de Marbre ; il faut se souvenir que Alexandre DUMAS s’appelait aussi Rétoré,

–         Georges, qu’il choisira après la révolution.

Qui est Platon ?

Platon ! Mon précepteur… c’est une pure invention de Monsieur Roger de Beauvoir. Mon initiateur c’est Georges Bologne, mon Père… Lui et Nanon, ma Maman m’ont tout donné.

Quelle Musique écoutais-tu au Baillif ?

Du tambour, la Calenda et le quadrille.

Tu es le Dieu des armes ?

Modestement ! Oui ! j’ai été le meilleur en escrime et cela grâce à mon Maître Texier de la BOËSSIERE…

Qu’est-ce que la « table de marbre » ?

C’est tout simplement une institution chargée de faire le recensement des hommes de couleur qui se trouvaient sur le territoire de la France métropolitaine ; dans le but de les faire retourner vers les colonies pour couper de la canne. C’est à Monsieur Gabriel BANAT que nous devons la découverte des déclarations de Nanon d’une part et de Texier de LA BOËSSIERE d’autre part à la table de marbre[xviii].

Coda.

En conclusion de cet article, je voudrais citer Monsieur John M. Mitchell le traducteur de l’édition originale française de «Joseph Boulogne nommé Chevalier de Saint-Georges » l’ouvrage de Emil SMIDAK : il dit ceci « nous avons une dette éternelle envers le Chevalier de Saint-Georges, nous pouvons nous en acquitter en découvrant sa vie ».

Et je poursuivrais volontiers ce propos en disant que nous avons aussi un devoir envers Saint-Georges, celui de faire connaître, de jouer et d’écouter sa musique.

Salut et Respect !

Jean-Claude HALLEY

[i] Joseph Bologne, Chevalier de Saint-Georges, Esclave et fils d’Esclave, Musicien, Escrimeur, Militaire, né le 25 décembre 1745 à Baillif (GUADELOUPE), décédé le 10 juin 1799 à Paris.

[ii] Voltaire : Chantez, petit Colin, /  Chantez une musette ; / Pauvre petit Colin, / Chantez un air badin. / Quelque Mélophilète, / Quelque nymphe à lunette / Vous applaudira ; / Mais à l’Opéra / L’on vous sifflera.

[iii] Edouard GLISSANT est un brillant écrivain Martiniquais, philosophe et auteur de très nombreux ouvrages, dont le tout premier « La Lézarde » demeure une référence dans la littérature antillaise.

[iv] La Symphonie Concertante Opus 13 N° 1

[v] Jean-Noël FAUCQUET, Musicologue.

[vi] Le Groupe des Escrimeurs : honneur à eux pour l’extraordinaire ferveur qu’ils ont toujours manifestée au Chevalier. Je citerais Texier de la Boëssière, le père qui vexé de n’avoir pas été admis à l’Académie, déclara un jour : « Racine fit Phèdre et bien moi je fis Saint-Georges ». On peut aussi citer la Boëssière fils, Henry Angelo, l’ami fidèle de Londres. Ils ont su tous les deux témoigner des qualités humaines et du talent exceptionnel de Saint-Georges et conduisent une formidable armée de grands fleurettistes : Chevalier d’Eon, Picard, Faldoni, Fabien, Donadieu, qui tous ont reconnu en Saint-Georges le meilleur des leurs.

[vii] Le Groupe des musiciens et des musicologues qui ont analysé et fait découvrir cette école française du violon au sein de laquelle Saint-Georges tient parfaitement sa place. Lionel de la LAURENCIE, Barry BROOKS, Gabriel BANAT, Dominique-René de LERMA, Mark CLAGUE, Marius CASADESUS, Rachel BARTON, Patrice Michaels BEDI, Allan BADLEY, Takako NISHIZAKI, Bernard THOMAS, Jean-Jacques KANTOROV, Rachel BARTON, l’Ensemble Instrumental Chevalier de Saint-Georges…

[viii] Le Groupe des chroniqueurs, analystes, mémorialistes, historiens et autres peintres, poètes ou romanciers qui ont, jour après jour, noté les divers épisodes de la vie du Chevalier : BACHAUMONT, Louise FUSIL, VIGEE-LEBRUN, THIRION…

[ix] Le Groupe des romanciers avec une place à part pour Roger de BEAUVOIR qui par son roman populaire paru en 1848 a contribué à forger la légende du Chevalier de Saint-Georges, avec sans doute l’aide de deux Guadeloupéens, MELVIL-BLONCOURT et le parnassien Alexandre Privat d’ANGLEMONT pour les parties exotiques. Viendront plus tard se joindre au chorus Alain GUEDE, Daniel PICOULY, Daniel MARCIANO,

[x] Le Groupe des Antillais, qui sont très nombreux à s’être penchés sur leur éminent compatriote : VAUCHELET, Henri BANGOU, Oruno LARA, Edward Vivian SCOBIE (ancien maire de Roseau, capitale de la Dominique), Guy MONDUC, Lucien ABENON, Roland BRIVAL, Jacqueline ROSEMAIN, Daniel PICOULY, Claude RIBBE…

[xi] Odet DENIS est originaire du Gosier en Guadeloupe. Il a fait une brillante carrière d’Avocat, puis de Magistrat. Au moment où il publie son ouvrage il est Président de l’Association des Etudiants Guadeloupéens de Paris.

[xii] Gabriel BANAT est aussi le rédacteur de la rubrique Saint-Georges du Grove Dictionary.

[xiii] L’hypothèse généralement retenue est que Joseph Bologne serait né sur la propriété qui porte aujourd’hui  le nom de Beausoleil. Il existe sur ce site les vestiges de cette ancienne plantation (maison de maître et fabrique de sucre). Les propriétaires des terres souhaitent la préservation de ces vieilles pierres qui ont été explorés par des Archéologues Industriels, Monsieur et Madame PARISIS.

[xiv] Ce livre est coédité avec le CRDP de la Guadeloupe, parrainé par l’UNESCO qui l’a inscrit dans le cadre de l’Opération la « Route de l’Esclave ». Il bénéficie du soutien de la DRAC (Direction Régionale de l’Action Culturelle ) de la Guadeloupe, du Conseil Régional de la Guadeloupe, de la Mairie de Baillif, du Rotary International et de la Société GRIOT de New-York.

[xv] Le comité d’écriture est composé de Gabriel BANAT, Daniel MARCIANO, Luigi GRECO Marcel BUFFON, Eliette THERON, Laure TRESSENS, Yolande MICHINEAU, Maryse LACREOLE.

[xvi] La vie de Saint-Georges en cinq épisodes :

Premier mouvement : Adagio, de 1745 à 1755 : la naissance de Joseph sur l’une des plantations de son Père, Georges Bologne, au Baillif : une prime jeunesse en Guadeloupe, dans les jupes de Nanon, sa mère esclave et sous le regard attentif de son Père ; une vie, comme le dit Emil SMIDAK, à mi chemin sans doute des descriptions de Aimé Césaire et de Alexis Léger dit Saint-John Perse.

Second mouvement : Presto, de 1755 à 1765 : une adolescence studieuse chez Monsieur Texier de la Boëssière pour l’escrime, avec LeDuc et Gossec pour la musique et la composition, et de nombreux autres Maîtres pour l’éducation d’un prince (danse, littérature, sciences, langues, équitation…).

Troisième mouvement : Maestoso, de 1765 à 1791 : une  vie parisienne et londonienne brillante, débridée, sous l’œil réprobateur mais néanmoins admiratif de l’Abbé Grégoire. L’escrimeur est inimitable – Le musicien est un virtuose du violon, un chef incontesté, un compositeur habile – l’homme est un créole tout de charme, de force et de talent – Saint-Georges est irrésistible et merveilleux.

Quatrième mouvement : Allegro, de 1791 à 1796 : la Patrie est en danger – Saint-Georges est le seul musicien de sa génération à poser plume et archet pour prendre épée et sabre ; à la tête de la fameuse « Légion Saint-Georges », il rendra un éminent service à son pays, la France, en dénonçant la trahison de Dumouriez ; Il en sera d’ailleurs bien mal récompensé, puisque calomnié et  jeté en prison sans motif.

Cinquième mouvement : Largo, de 1796 à 1799 : c’est la fin ! Le « Fameux Chevalier » joue pour la dernière fois la partition de « la vie et de la mort du petit oiseau » qu’il chanta de manière prémonitoire à son amie Louise Fusil dans les jardins du Palais-Royal. Il est de retour d’un voyage à Saint-Domingue, et Emil SMIDAK lui prête cette phrase sibylline : « Ils ne m’ont pas pendu, mais perdu ; car depuis mon séjour, je me cherche partout et ne me retrouve pas !»

[xvii] D’autres personnages seront aussi interdit de porter le nom de leur géniteur. Par exemple  Alexandre DUMAS le Père, ou le peintre Guillaume LETHIERS.


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