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Cold War, en vidéo depuis le 5 mars 2019

Par Vance @Great_Wenceslas
Cold War, en vidéo depuis le 5 mars 2019

fait partie de ces cinéastes qui différencient les cinéphiles et les cinéphages. Petit à petit, sans raffut ni campagne promotionnelle ébouriffante, il s'est imposé comme un réalisateur qui compte, ayant impressionné la critique avec Ida (en 2015) avant la consécration internationale pour Cold War, passant par le Prix de la Mise en scène à Cannes avant de tout rafler aux European Film Awards (meilleur film, meilleur scénario et meilleur réalisateur). Quelle que soit la valeur qu'on attribue à ce genre de récompenses, ça vous place un homme. Et ne peut laisser indifférent quiconque s'intéresse de près ou de loin au VII e Art. L'opération Cinétrafic en cours était donc une bonne occasion de rattraper l'occasion manquée et d'aller voir de plus près européen.

Cold War, en vidéo depuis le 5 mars 2019

Dès les premières secondes, Cold War va désarçonner le spectateur lambda, celui qui n'est pas rompu aux œuvres sortant subrepticement dans les dernières salles d' Art & Essai : un format carré, un Noir & Blanc peu contrasté, des personnages mutiques, des paysages déserts et une bande originale uniquement composée de chants traditionnels polonais. On est à la fois très loin d'un Avengers et d'une comédie populaire, dans cet espace occupé par des productions ambitieuses par leur portée ou leur forme, s'adressant à un public de connaisseurs, au jugement sévère et à l'analyse prompte. Sous l'épure, même le profane sent le remarquable travail de composition, devine plus qu'il ne comprend le sens caché dans la symétrie des formes, l'austère beauté des plans. De ces premières séquences se dégage insensiblement une impression d'étrangeté et d'ailleurs : une campagne vide, des ruines taisant le lourd passé, des personnages ployant sous le faix d'une société scrutatrice et d'une Histoire orgueilleuse. Lorsqu'ils se parlent, un silence entendu occupe l'essentiel des dialogues, les regards semblent perdus, entre désespoir et fatalisme. Trois adultes (deux hommes, une femme) ont un job à faire et s'installent pour un temps dans un ancien bâtiment ayant connu son heure de gloire longtemps auparavant : ils recrutent, et les jeunes gens, peuplant enfin ce territoire morne, se pressent pour trouver enfin un quelconque avenir à leur existence tout aussi morne.

Cold War, en vidéo depuis le 5 mars 2019
Cold War, en vidéo depuis le 5 mars 2019

est moins un film politique qu'une romance désabusée, construite sur un bonheur impossible entre deux amants terribles, que tout oppose. Lui est un artiste un peu frustré, vieillissant, qui espère se réaliser dans cet incroyable vivier de possibilités qu'était Paris après la guerre et puise dans la vitalité de Zula cette énergie qu'il croyait enfuie. Elle est bouillonnante d'énergie, opportuniste mais son passé la tétanise et son caractère l'empêche de pérenniser la moindre relation. Si on n'a guère de doutes sur la réalité des sentiments de Wiktor envers elle, on hésite au début face à l'authenticité discutable de son amour pour lui, d'autant qu'elle le taquine, le frustre et l'humilie, sachant taper là où ça fait mal. Ces deux-là ne peuvent visiblement pas vivre ensemble, pourtant ils ne parviennent pas à vivre séparés et cet amour transfrontalier devient une passion brûlante, rongeante, attaquant jusqu'aux fondements de chaque personnalité.

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