La Conscience de Dieu est elle-même félicité. Quand il ressent que "je me réalise comme toutes choses", alors cette ineffable dilatation de toutes choses est l'état germinal, c'est-à-dire la conscience elle-même, naturellement débordante de tous les phénomènes. C'est cela "l'état de Shakti", l'état potentiel [du divin]. Elle est célébrée dans tous les enseignements secrets car, bien qu'elle soit à la fois pleine et vide, elle reste parfaitement simple, exprimant ainsi de façon figurée qu'elle émane et résorbe toutes choses.
(Parama-artha-sâra-vivriti, 14, p. 42 KSTS)
"L'état germinal", bîja-bhûmi, est la conscience sur le point de devenir l'univers, "je deviens tout" (vishvam bhavâmi). Après le moment de Shiva, qui est l'instant zéro si j'ose dire, vient le premier instant du désir pur, non-duel, sans objet, inconditionné (nirupâdhi). Ainsi, conscience et désir sont synonymes. Conscience (cit) et désir (icchâ) sont deux manières d'exprimer l'essence même de l'absolu. Et cet absolu, cet Immense (brahman), c'est cela qui, en cet instant même, illumine et crée ces mots "en les lisant". C'est aussi l'expérience de l'orgasme, d'où la place que la tradition Kaula (le Tantra ésotérique) accorde à l'acte sexuel qui est "l'offrande primordiale" (âdi-yâga).