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Fragments de nuit, inutiles et mal écrits (saison 2) : 4-5-6

Par Blackout @blackoutedition

Fragments de nuit, inutiles et mal écrits (saison 2) : 4-5-6

Photo de Simon Woolf

Pour le livre de Richard Palachak, "Kalache", c'est par ici : KALACHE


Pour le livre de Richard Palachak, "Vodka Mafia", c'est par la : VODKA MAFIA

Fragments de Nuit, inutiles et mal écrits : 4

Robot vient du slave « ROBOTA », ce qui signifie « le travail ». À l'origine, il s'agit d'un phantasme issu de la science-fiction qui, durant la révolution industrielle, a dessiné un futur où les machines effectueraient les tâches les plus pénibles du « ROBOTNIK », « l'ouvrier » en polonais et en slovaque. Mais on trouve des origines bien plus lointaines à ce rêve dans la Kabbale, où le mythe du Golem met en scène un géant d'argile qui prend vie sous les mains industrieuses et alchimiques d'un rabbin, dans le but de mettre sa puissance et son aide surhumaines au service des hommes. Dernière apparition en date du monstre de glaise : la seconde guerre mondiale, où la rumeur populaire a imputé quelques déconvenues nazies à son intervention providentielle (un grand incendie notamment...). Pour conclure, on peut affirmer que le Golem constitue l'ancêtre belliqueux du « Robot » de science-fiction, dont l'intervention se concentre davantage sur le domaine industriel et ouvrier, nouveau cheval de bataille du bloc de l'Est au lendemain du second conflit mondial. Mais revenons-en à nos deux moutons, ou plutôt à l'un d'eux : Ondro. « ROBOT » (en prononçant le [t]), c'est justement son surnom dans tout le quartier, car il ne semble éprouver ni sentiment ni sensation, ni douleur ni plaisir, ni joie ni peine. Un corps sans âme en quelque sorte. Un moteur surpuissant mais simple. Une mécanique redoutable qui a besoin d'être guidée par une intelligence externe : Pet'o.

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Mais contrairement à son référent de SF, le travail a été jugé inadapté voire maltraitant pour cet être dont la force physique est si violente et le handicap mental si profond que seule l'invalidité permet de réduire au maximum le danger imminent couru par ceux qui croisent son chemin. En gros, il serait capable d'arracher la tête d'un passant avec autant d'empathie qu'on tue les mouches. Alors il touche une pension convenable pour un adulte qui vit encore chez ses parents et qui porte la même salopette trois cent soixante cinq jours par an. Du coup, la thune sert plus à mettre du beurre dans les épinards des parents qu'à entretenir le gros bêta, même si celui-ci consomme une quantité de bouffe ahurissante chaque mois. Le seul hic, c'est le coût exorbitant de son besoin en viande. Mais pour financer la bidoche, Pet'o lui a dégotté du taf au black, tel un agent de star. Et l'histoire a commencé cinq ans plus tôt, dans un club de boxe anglaise où s'est inscrit Pet'o en vue de devenir le killer du quartier. Puis comme les deux frangins ne font jamais rien l'un sans l'autre, Ondro l'a suivi dès le premier jour et il a enfilé les gants. D'emblée, ç'a été un massacre. Robot' a mis KO le coach en lui assénant un direct en pleine garde, donc parfaitement bien contré me diriez-vous. Cependant, l'onde de choc a été d'une telle intensité que le corps du vieil entraîneur ne s'en est pas remis. Trente secondes plus tard, celui-ci sortait du coma sans ne rien comprendre à ce qui s'était passé.

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Au bout de trois ans de cours intensifs, Ondro a systématisé des centaines de combinaisons qu'il exécutait à la vitesse de la lumière. Par réflexe de rigoureuse imitation et d'innombrables répétitions, il a fait le tour de la discipline en un temps record. Alors son petit frère a décidé de l'inscrire à la lutte gréco-romaine, histoire d'en faire un garde du corps complet, voire un homme de main formidable, ou même un gagne-pain fructueux. À treize ans à peine, avec la montée des hormones masculines du vice, un sens précoce des affaires, et la sensation de toute puissance conférée par la protection d'Ondro, Pet'o a très vite compris le potentiel lucratif de son entreprise de frères associés. Une fois que Robot' détiendrait les secrets du combat au corps à corps, rien ne pourrait plus résister à la prépotence de son programme de destruction massive. Le bulldozer raserait tout sur son passage. Oui, un bulldozer... déjà capable d'arracher deux cents kilos au « soulevé épaules » (soit l'équivalent du record américain officiellement attesté), grâce à des séances de muscu quotidiennes et des cycles stéroïdiens fournis par un voisin géorgien.

Richard Palachak

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