Du 12 avril au 22 juin 2019
https://www.bedarieux.fr/C_bedarieuxLe silence, le monde
Au premier abord, devant la peinture de Pierre Régis Dides, c'est la matière qui s'impose. La force brute de la charge picturale: dans l'organisation parfaite du cadre et dans un équilibre doux entre ligne et matière, couleur et lumière, c'est le minéral qui palpite dans un bruissement tellurique silencieux.
La peinture est souvent épaisse, la charge est souvent forte en matière. Un jeu entre les couches qui se montrent et se cachent, fuient dans l'ombre ou se laissent deviner. La matière se contracte, et c'est un agrégat puissant et rayonnant, ou plus loin un réseau d'écailles brisées, ailleurs une nappe de terres tranquilles. Que la matière picturale se perde et la roche affleure. Qu'elle se charge ou se creuse, la lumière et la couleur s'imposent. Révélées, les couleurs explosent en silence pour souligner la terre, rehausser le végétal ou suggérer l'aquatique.
La peinture de Pierre Régis Dides se parcourt alors comme on découvre un territoire inconnu. Elle se révèle pas à pas, dans le détail et dans le minutieux. Elle se laisse découvrir dans la lenteur de l'exploration, dans la surprise de la bouche bée.
Dans le silence de l'introspection aussi. L'artiste est poète voyageur d'un microcosme imaginaire qu'il tient et délimite dans le cadre de sa toile. Il est randonneur de ses souvenirs géologiques, aventuriers de ses envies de construction. L'histoire racontée réinvente le monde, explore, traverse, fend la pierre et l'explose, dessinant en creux ou en veines les lits et les incisions, les reliefs poétiques dont il accouche, comme un cartographe imaginaire
devant son univers idéal.
Impressions de paysages suggérés, évocation d'une forte matérialité : c'est toute une abstraction d'un en dedans du monde, d'un en dedans de soi. L'oeuvre est empreinte du silence de profondeurs qu'on ne visite jamais.
L'artiste en raconte les ouvertures, les craquelures, les mouvements, les souffles, les déchirures, les poésies. Il palpite doucement du coeur de sa main bavarde.
Dans ces promenades foisonnantes qui tantôt disent le tout, tantôt suggèrent le minuscule, on perd souvent l'échelle qu'on pensait avoir saisie au détour d'une histoire : éclat microscopique sublimé de nuances, petite roche entaillée dans la lumière, portion tranchée d'un monde en expansion ? Devant la toile de Pierre Régis, on découvre tout on ne sait plus : nous sommes le petit de l'Homme assis et minuscule sur la pierre chaude au soleil.
Sur cette peinture, on pose le premier regard comme on pose le pied sur la Lune. Avec toute la fascination devant le spectacle explosif, avec le saisissement devant la sensation nouvelle et le bruissement intérieur.
Tendre l'oreille, tendre l'âme et le coeur à la fois, tant le travail est riche et dense, profond et intense, puissant et décisif.
Marc Gauthier
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble