C’est grâce au petit extrait offert en librairie que je me suis intéressée à manga de Shūzō Oshimi : Les liens du sang (Chi no Wadachi) je n’ai pas lu ces autres œuvres : Les Fleurs du mal ou encore Happiness. C’est Ki-oon qui ce manga en France. Le premier tome vient de sortir alors qu’au Japon la série est toujours en cours avec cinq tomes de parus.
Vue de l’extérieur, la famille du jeune Seiichi est des plus banales : un père salarié, une mère au foyer, une maison dans une ville de province… L’adolescent va à l’école, joue avec ses amis, est troublé quand il pose les yeux sur la jolie fille de la classe. Tout est normal… ou presque. Il ne s’en rend pas compte lui-même, mais sa mère le couve beaucoup trop.
Seiko traite encore son fils comme un bébé et, avec un mari toujours absent, son monde est d’autant plus centré autour de Seiichi. Ce dernier est incapable de résister : il se laisse lentement emprisonner dans le cocon. Trop jeune, il ne décèle pas la folie cachée derrière l’amour maternel. Jusqu’à ce qu’il soit trop tard…
Sous ses airs de maman parfaite se cache des problèmes psychologiques dérangeants. C’est une mère aimante certes, mais aussi totalement castratrice avec son fils unique. Elle ferait n’importe quoi pour le protéger et à le garder pour elle seule quitte à perdre l’esprit. Dans ce premier tome l’auteur nous fait découvrir cette femme, mais aussi son fils, tout pourrait aller si à la toute fin la vie de Seiichi n’allait pas basculer.
Les personnages sont assez réalistes, chaque dessins semble enfermé dans les cases ce qui accentue l’effet d’oppression tout au long du récit. Il n’utilise pas de trame pour ses ombrages ou ses décours, juste des traits là encore il renforce cette atmosphère oppressante et malsaine aussi collante qu’un été japonais. Même le gros plan sur le baiser de la mère sur la joue de son fils donne une impression d’exagération, là encore il accentue le malaise du lecteur.
Vous l’avez compris Les liens du sang est passionnant et inconfortable en même temps. Ce manga psychologique met définitivement mal à l’aise, cependant il est assez bien ficelé pour qu’on est envie d’en savoir plus, comment ce lourd secret va pouvoir perdurer dans le cocon familiale sans le fragiliser.