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Le créateur du festival INASOUND nous dit tout sur cette première édition

Publié le 15 avril 2019 par Le Limonadier @LeLimonadier

Alors que les DJ's et producteurs français se déploient tous azimuts ces dernières années, des pubs télé aux entrepôts de la petite couronne en passant par l'Elysée, c'est au tour de l'Institut National de l'Audiovisuel de donner sa vision de la musique électronique avec la première édition de l'Inasound Festival, les 20 et 21 avril au Palais Brongniart. On a voulu en savoir plus sur ce grand raout, et nous sommes donc partis à la rencontre de son créateur, le directeur adjoint de la communication de l'INA, Bertrand Maire. Cheers.

Bonjour Bertrand, pouvez-vous nous présenter l'INA, et nous en dire un peu plus sur cette institution que le tout le monde connaît, mais dont on ne connaît pas forcément les actions au quotidien ?

L'Ina c'est I'Institut National Audiovisuel dont la mission régalienne est d'enregistrer 24h/24h l'ensemble des chaînes en français, 50 stations de radio, et 15 000 sites webs à dominance média, ce qui équivaut à 18 millions d'heures pour le moment, donc fin 2019 la France sera le premier pays au monde à avoir tout son patrimoine audiovisuel numérisé et disponible comme un objet de culture, ce qui est tout à fait atypique et possible grâce au système de la redevance audiovisuelle. Avec tout ce patrimoine, on est forcément dans la transmission de cette culture et de tous les métiers qui permettent d'alimenter l'audiovisuel avec un catalogue de 450 formations.

Quel lien faites vous entre l'INA et la musique électronique ?

Nous avons au sein de l'Ina depuis sa création le Groupe de Recherches Musicales qui a été créé par Pierre Schaeffer en 1958 et intégré à l'Ina en 1975 et qui s'apparente à un centre de recherche musical dans le domaine du son et des musiques électroacoustiques. Aujourd'hui, c'est un mouvement de recherche électronique avec des gens qui développent les outils de la musique électronique de demain. Ils sont à là fois des chercheurs, compositeurs et expérimentateurs.

Et en vous levant un matin, vous vous êtes dits : et si je montais un festival ? 🙂

Depuis que je suis à l'Ina, je me suis toujours dit que c'était dommage de ne pas faire le lien entre les pères fondateurs et la nouvelle scène de la musique électronique. Dans ce sens, j'ai fait une première tentative en créant une expérience au Palais des Beaux Arts de Lille avec le groupe Air et l'Ina GRM : Open Museum. J'ai ensuite fait un test au Palais de Tokyo où j'ai mélangé musique concrète et Djing avec Jean Michel Jarre. Aujourd'hui, l'objectif de la création du festival Inasound est vraiment d'aller plus loin, en présentant toutes les facettes de la musique électronique dans le " lifestyle " français. En se demandant comment la musique électronique influence les autres arts, sur quel marché, quel écosystème et en essayant d'incarner tout ça au travers d'une jolie fête.

Si tu veux, Inasound c'est l'incarnation d'un Ina qui était partenaire d'événements et qui aujourd'hui décide de produire son propre schéma d'expression culturel en renouant aussi avec un public jeune qui nous connaît moins.

Pour l'avoir déjà invité lors de votre précédent événement, l'idée de Jean Michel Jarre en tant que parrain vous est donc venue assez naturellement ?

Jean Michel Jarre est le parrain et le président d'honneur de l'Ina GRM et surtout il a été formé aux outils GRM à l'époque donc il paraissait tout à fait normal de le nommer " parrain " de ce festival. C'est aussi une incarnation de la musique électronique dans le monde et un grand performeur.

Jean Michel Jarre en parrain, les Master class, les ateliers pour les enfants, le fooding, les expériences VR, l'électronic market et j'en passe, le fait que ce soit un événement en journée et en soirée.... j'imagine que tout cela est pensé dans le but de démocratiser les musiques électroniques ? Après la french touch, puis plus récemment le développement de la scène techno et house dans toute la France, et le succès qu'on sait avec les artistes EDM... Pensez-vous que cette musique ait encore besoin d'un coup de pouce démocratique ?

Oui, car justement ce qui fait notre différence c'est la diversité et l'exhaustivité de ce qu'on propose. On présente les métiers autour de la musique électronique, on diffuse du contenu avec les images d'archives qui racontent l'histoire de la musique électronique, pour finir avec l'initiation pour les enfants qui est quand même quelque chose d'atypique. L'idée est de dire que la musique électronique est un métier d'expertise, de technologie et d'innovation qui s'apprend dès le plus jeune âge. Un festival classique ne scrute pas forcément toutes les disciplines et tout le processus qui te permet de faire la musique alors que nous, oui : les outils, le processus de création (images, clips et autres) et tous les arts numériques qui cohabitent en permanence autour.

Comment voyez-vous le futur de la musique électronique ? Dans 10 ans par exemple ? Comme une expérience de club dématérialisée dans son salon avec sa binouze et son chat ? Ou alors des expériences encore plus collectives et immersives ?

On a des artistes comme Panteros666 qui travaillent sur l'imagerie virtuelle, le côté 360 qui associe de manière vraiment étroite le visuel au son, un " jardin musical ", l'Acousmonium, invite le public à une expérience d'écoute pure couplée avec la réalité virtuelle, et un hackathon accueillera des artistes pour 48 heures de challenge créatif et de production dans un studio éphémère. On a aussi l'intelligence artificielle qui va faire bouger les frontières de la composition (dans l'art avec des codes où tu commences à créer des tableaux ... ) ; Jean Michel Jarre en parlera durant sa masterclass samedi à 18h, pour ceux que ça intéressent 🙂

On retrouve aussi une sorte de BPM Contest, qui va durer 48h et où les participants devront créer la musique originale d'une vidéo imposée tout droit sortie des archives de l'INA. L'objectif à terme ne serait pas de devenir un atelier, un hub de jeunes talents de demain comme la Red Bull Music Academy ?

On travaille main dans la main avec Rinse France, et l'Ina sur cet hackaton où on a fait un appel à candidatures sur le web pour recruter 6 duos de créateurs, les enfermer physiquement 48h dans le Palais Brongniart pour produire une œuvre unique à base d'archives de l'Ina. Le jury sera présidé par Jean Michel Jarre, Laurent Vallet, et plein de mentors éclairés. Le gagnant sera accompagné par la SACEM et l'Ina sur l'année 2019, aura une dotation de 1 000€ et sera accompagné par l'équipementier Yamaha et native instruments, un beau tremplin pour bien commencer dans le milieu !

La programmation est assez variée, du bon vieux Jean Benoit Dunckel (Air) au dandy moustachu Arnaud Rebotini ou encore Sarah Zinger. Comment s'est faite cette sélection ? Ils sont donc tous passés par l'INA ? (rires)

La programmation consiste en un éventail de tous les métiers de la musique électronique et de toutes ses influences, de la production à la diffusion, en passant bien sûr par la création, on essaie d'avoir une vision exhaustive de tout ce qui se fait. C'est une ambition, je ne dis pas qu'on va y arriver, mais on va tout faire pour.

Le créateur du festival INASOUND nous dit tout sur cette première édition
Le créateur du festival INASOUND nous dit tout sur cette première édition

Forcément première édition rime avec pression, comment le sentez-vous ?

On a de bons partenaires média comme Modzik qui nous permettent de valoriser l'expérience " lifestyle " du consommateur comme la mode par exemple. La billetterie commence bien, les artistes relaient et jouent le jeu. Ce qu'il faut retenir, c'est qu'il y a une programmation permanente sur les 3 niveaux : le Club, la Grande Nef, le Salon d'Honneur avec la Corbeille. On avait même prévu de faire initialement une rencontre entre électro et rap pour montrer combien les outils de création réunissent ces deux univers qui paraissent pourtant antagonistes. Ce sera le dimanche 17h avec un documentaire sur le beatbox qui s'appelle BeatBox Boom bap autour du monde et deux beatboxers qui feront de l'électro artisanale et des performances.

Merci !

On se donne donc rendez-vous à l'Inasound Festival le week-end prochain, pour découvrir les musiques électroniques autrement, sous toutes ses
facettes et toutes ses dimensions. Et on vous fait gagner des places par ici !


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