
J'ai été accrochée dès le début. Je connais un peu ce monde du notariat pour avoir été contrainte de le côtoyer, notamment au décès de mes parents. Leur étude est un passage obligé au même titre que le cimetière et ce ne sont pas des moments faciles à vivre. On est donc très attentif à la manière dont ces professionnels vous conseillent bien ... ou mal.
Cécile Guidot ne résume pas les dossiers. On plonge avec ses personnages dont on suit les raisonnements. On pourrait presque, en refermant le livre, se sentir prêts à faire nos armes dans le domaine même si les arcanes d'indivision et d'usufruit nous sont encore un peu complexes.
L'objectif n'est pas de susciter une vocation ni sans doute de vulgariser la profession. C'est un vrai roman qui - et ce n'est pas une critique- m'a fait penser à la série Dix pour cent. Comme je verrais bien Les actes adaptés pour la télévision ! Je devais constamment chasser cette envie de faire le casting tant les personnages prennent vie et nous deviennent familiers au fil des pages, qu'il s'agisse de Claire Castaigne, la jeune clerc, de ses collègues, des clients et bien entendu des trois associés de l'étude.

Avec ses tatouages et sa moto, sa passion pour l'oeuvre de Marguerite Duras et sa consultation récurrente des sites de rencontre, Claire Castaigne est plutôt éloignée de ce qu'on imagine d'une notaire (à l'exception d'un professionnalisme hors pair). L'auteure a voulu son personnage "moderne" et le moins qu'on puisse dire est qu'elle dépoussière le métier.
Elle s’engage, apaise, essaye de dénouer les nœuds. On découvre l'ampleur de ses tâches. On partage son quotidien dont on comprend qu'il ne correspond pas à ce qu'elle pensait faire de sa vie. On vibre à ses cotés et on prend parti.
L'éditeur promet un livre violent, cruel, tragique, poétique ... et comique. Tout y est. Bravo. A quand la suite ?
Les actes de Cécile Guidot, JC Lattès, en librairie depuis le 3 avril 2019