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Il n'est jamais d'âge d'or. Marc Biancarelli

Par Jmlire

" Il n'est jamais d'âge d'or, hormis celui que l'on a fantasmé, et la barbarie ne s'éteint jamais, elle ne fait que s'exprimer et nous surprendre sous des formes nouvelles...

Mes thématiques d'écriture, et ce dès mes premiers ouvrages, ont été nourries et inspirées par l'univers de violence dans lequel j'ai évolué, ou que j'ai subi. La Corse des années 90, par exemple, était un espace où l'on tuait quarante personnes certaines années. J'ai vu un homme qui avait pris une balle dans la tête. Un ami à moi a été tué d'une décharge de chevrotines dans le dos. Il y a eu bien d'autres horreurs, bien des choses que j'ai entendues ou auxquelles j'ai assisté et qui ne m'ont pas laissé indemne. Il en a résulté un besoin, difficile à exprimer, de regarder en face toutes ces abominations, de les explorer pour leur donner du sens. Parfois aussi pour les expulser. Et dès que je l'ai fait en essayant d'écrire, j'ai compris que l'art pouvait transcender le sadisme, la cruauté, les abjections qui sont en nous, pour les convertir en œuvres, en romans, en, peintures, en autant d'objets énigmatiques, étrangement porteurs d'un message sur nous-mêmes, des objets que nous repoussons ou qui nous fascinent, mais dans une dimension supérieure ou tout devient intelligible. Et je n'ai bien sûr rien inventé en empruntant ce chemin. Dès que j'ai commencé à écrire Massacre des Innocents, j'ai senti que le théâtre que je connaissais, ou la peinture hollandaise du XVIIe siècle, seraient les éléments esthétiques à même de contraster avec l'effroi du huis clos insulaire que je décrivais, voire d'en sublimer l'épouvantable médiocrité. Cela commence donc par La Tempête, de Shakespeare, parce qu'il faut bien une tempête en amopnt du drame, il faut un acte fondateur à la tragédie. Et ça finit avec Vermeer, dans les lumières de la vie tranquille, parce que l'art ne fait pas que magnifier le sordide, il donne aussi à voir qu'en notre humanité, il y a un éclat qui mérite que l'on veuille résister."

Marc Biancarelli, extrait d'un entretien pour le magazine LMDA N° 190, Février 2018

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