K Á R Y Y N est une artiste dont la vie a eu, encore plus que pour toute autre personne, un impact tellement fort que passer à côté serait un manque de respect pour l’œuvre comme pour l’artiste.
En effet, elle est née à Los Angeles de parents syriens, eux-mêmes descendants d’Arméniens : entre ce qu’il s’est passé en 1917 en Arménie, et ce qui a lieu en Syrie depuis plusieurs années déjà, impossible pour K Á R Y Y N de ne pas être affectée personnellement par tout cela. Personnellement, et dès lors musicalement.
“Today I read your life story 11:11” ou comment, en novembre 2011, K Á R Y Y N s’est retrouvée presque au bord du gouffre, totalement dévastée par la perte de plusieurs proches qui vivaient à Alep, avant de se confiner, de retour à New York de ce voyage moribond, dans un isolement qu’elle a plus subi que choisi. Et le projet était né, marquant le début de plusieurs années d’introspection, de découverte et de guérison grâce à la musique.
The Quanta Series a d’abord été publiée sous la forme de quatre duos de singles, avant d’être tous réunis ici sous forme d’un album auquel trois nouveaux titres s’ajoutent, avec comme toile de fonds la Syrie bien sûr, mais aussi plus généralement le monde, K Á R Y Y N ayant beaucoup changé d’endroits eu cours de cette décennie presque écoulée. Aussi les chansons ont-elles toutes été enregistrées entre 2010 et 2018 à différents lieux d’Angleterre, de Californie, à Berlin, en Islande et à New York.
En parallèle de tout cela, K Á R Y Y N a également participé à la création d’un opéra en 2015 alors qu’elle vivait à Berlin et qui a eu sa première à Reykjavik devant plus de trois cents spectateurs dont une certaine Björk…
Inutile de préciser que The Quanta Series est une œuvre qui mêle ambiances et thématiques volontairement dérangeantes mais toujours avec une réflexion et une beauté qui à la fois nous empêche de nous en aller et nous fait revenir vers elle avec toujours cette envie de découvrir une nouvelle étincelle au beau milieu de cette pierre dont la préciosité se cache face à notre regard avide – mais la lumière est toujours au bout du tunnel pour celle ou celui qui continue d’avancer.
Pour l’heure, je reste bouche-bée devant le tout premier titre « Ever »… et n’ai donc pas encore pu appréhender les dix autres comme ils l’exigent. K Á R Y Y N est résolument de ces artistes qui se méritent.
(in heepro.wordpress.com, le 26/04/2019)
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