Si je te dis : La mer est bleue
Et que tu me dises : Oui la mer est bleue
Ça sonne creux même si c’est un conte bleu. C’est trop peu. Nous n’avons rien fait d’autre que refléter l état des lieux… c’est ennuyeux pour les deux. Notre accord ne nous a rendu ni plus heureux, ni plus radieux.
Si je te dis : La mer est bleue
Et que tu me dises : Non la mer est verte.
C’est plus capricieux mais moins obséquieux. C’est comme on dit, plus tendancieux. Chacun de nous a exaucé son vœu. Et c’est tant mieux pour l’échange et pour notre attrait pour l’étrange même si on sait que les goûts et les couleurs ne se discutent pas ; on se dispute et on se court-circuite au lieu de prendre la fuite. Parce que le désaccord c’est l’épanchement de la vie jusque dans la mort.
Si je te dis : La mer est bleue
Et que tu me dises : Non elle n’a pas de couleur, le bleu est dans tes yeux.
C’est très curieux mais je ne saurais dire mieux. Et ça me pose un problème de laisser tomber si vite ma prose pour succomber devant ton poème.
Ça m’émeut jusqu'aux larmes mais je m’abstiens d’ouvrir mon cœur juste en te disant que si sans la beauté, la vie serait une erreur... Sans la vérité, je ne survivrai pas, je meurs.
Si je te dis : La mer est bleue
Et que tu me dises : Est-ce que tu peux te taire !
C’est déjà plus sérieux. C’est la mise à feu. On fait sauter le verrou des bonnes manières et on se fait la guerre. En m’imposant le silence, tu excites ma volonté de nuisance. Et pour te faire encore plus mal que le mal que tu me fais, je déclare forfait… et je me tais… pour toujours et à jamais. Ce n’est pas l’autre joue que je tends mais c’est à un tout autre jeu que je prétends… Adieu !
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