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Mélissa Laveaux à La Passerelle Scène Nationale de Saint-Brieuc, le 27 avril 2019

Publié le 29 avril 2019 par Concerts-Review
Mélissa Laveaux à La Passerelle Scène Nationale de Saint-Brieuc, le 27 avril 2019

Mélissa Laveaux à La Passerelle Scène Nationale de Saint-Brieuc, le 27 avril 2019

Après avoir quitté le port de Paimpol, sa foule hétéroclite et frigorifiée, ingurgitant les brochettes de coquilles Saint-Jacques sur lit de frites sans saveur, tu débarques à Saint-Brieuc, où tu as rendez-vous avec Mélissa Laveaux dans l'accueillante et chaleureuse Passerelle.

En 2018, Mélissa Michelle Marjolec Laveaux, dont la carte d'identité indique born in Montreal, mais dont les parents sont originaires de Haïti, a sorti un troisième LP, Radyo Siwèl, dans lequel elle reprend, en créole, des chants de résistance datant de l'occupation américaine ( de 1915 à 1934) ainsi que des chansons issues du folklore local.

Le répertoire de la tournée qui l'emmène dans la baie briochine est essentiellement basé sur cette oeuvre, encensée par la critique.

A 20h35, flanquée d'Elise Blanchard aux claviers, à la basse et aux backing vocals ( Oumou Sangare, Enchantée Julia, Sinclair...) et de Martin Wangermée aux drums ( Laurent Coulondre, Sly Johnson...), Mélissa Laveaux, vêtue d'un ensemble pantalon d'un blanc immaculé, apparaît.

Elle salue et ajoute, pas question d'avoir la poisse, faisant allusion à un concert précédent, elle aura la bonne idée de clarifier le propos de ses chansons, 99,9 % des auditeurs ne maîtrisant pas le créole!

Ainsi ' Panama Mwen Tombé' narre les mésaventures d'un président haïtien ( Hyppolite) dont le panama, malencontreusement, chuta alors qu'il chevauchait du côté de Jacmel.

Un président ne descend pas de sa monture pour ramasser son couvre-chef, il a donc obligé un quidam à glaner le chapeau pour le lui tendre, pas de bol, la légende veut que le coup du chapeau est un mauvais présage, le chef d'état s'est tapé une crise cardiaque.

Saint-Brieuc chaloupe sur fond sonore issu des Caraïbes, merengue/calypso, et tu revois, en pensée, Calypso Rose, lors d'un concert au BSF.

'Simalo' est tout aussi onctueux, ici, il est question de magie vaudou et d'une princesse, Celestina.

'Nibo' chante le départ des soldats américains de la Terre Montagneuse, en 1934, la plage invite à la danse, mais les auditeurs sont cloués sur leurs sièges.

Nous, on compte bouger, car le morceau conduit à la transe, she says!

'Twa fey', racontant une cérémonie vaudou, est décoré d'un solo de basse groovy , il est suivi par la ballade 'Nan Fon Bwa', introduite par une quatre-cordes jazzy.

La voix est moelleuse, l'accompagnement sonore séduisant, comme toujours tu tentes des rapprochements, les noms de Meshell Ndegeocello ou de Joan Armatrading te viennent à l'esprit.

'Lè Ma Monte Chwal Mwen' avec son introduction présentant une analogie certaine avec le 'Walk on the wild side' de Lou Reed, est à nouveau issu du patrimoine vaudou, la guitare prend des tons lancinants, la voix vient te caresser les pavillons, à première vue cet equus caballus n'est pas du genre fougueux.

Le plus ancien 'Piebwa', dans lequel elle cite le 'Strange Fruit' de Billie Holliday, précède une séquence solitaire entamée par 'Legba na konsole' et achevée par le blues ' Old fashioned Morphine' de Jolie Holland.

Beau à pleurer!

L'équipe revient au complet et attaque le dramatique standard créole ' Peze kafe' .

Tous à vélo pour l'enjoué 'Tolalito', un titre bilingue ( créole/anglais) suivi par un furieux funk rock que la playlist mentionne sous l'intitulé ' Nan Pwen'.

Retour des sonorités antillaises avec ' Angeli-ko', un chant traditionnel haïtien écrit par Auguste Linstant de Pradines, la subtilité des lyrics lui a évité des ennuis avec l'envahisseur.

I got a postman daily on my door...ainsi débute le dynamique 'Postman' de 2012, 'Jolibwa' quant à lui se rapproche de la rumba congolaise et c'est avec ' Kouzen', permettant la mise en évidence du batteur, que s'achève un concert qui voit la salle se lever d'un bond pour rappeler le trio.

Celui-ci nous abreuve d'un double encore, dont la berceuse créole tirée de l'émission enfantine Passe- Partout, que Télé-Québec a diffusé de 1977 à 1991, la petite Mélissa avait un faible pour la marionnette noire, Doualé ( plus tard elle a compris les relents racistes en apprenant que Doualé = d'où elle est?), alors que les crabes prenaient du repos, Mélissa enchaîne sur le 'Hallelujah' de Leonard Cohen avant d'achever la comptine de Doualé.

Prochaine escale, Le Sémaphore à Cébazat.

Mélissa Laveaux à La Passerelle Scène Nationale de Saint-Brieuc, le 27 avril 2019
Mélissa Laveaux à La Passerelle Scène Nationale de Saint-Brieuc, le 27 avril 2019

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