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Camera Silens – ‘Réalité’

Publié le 03 mai 2019 par Les Sens Du Son @LesSensDuSon

Le Son Du Jour #360

Camera Silens

Réalité



Camera Silens – ‘Réalité’Dans la série les mots sont des balles, je vous présente le punk. Quoi de mieux, en effet, pour propulser sa rage, que des riffs de guitares bien lourds ? Ce mouvement apparaît au milieu des années 1970 aux Etats-Unis avec les Ramones et en Angleterre avec les Sex Pistols, The Clash ou encore The Damned. En France, il arrive quelques mois plus tard à grands coups de Asphalt Jungle, Metal Urbain, La Souris Déglinguée puis peu après Berurier noir. Les premiers festivals punk organisés par Marc Zermati débarquent dans les Landes en 1976 et 1977. Les fondations sont posées mais la vraie vague attendra jusqu’au début des années 1980 pour déferler sur l’ensemble du territoire. Des groupes se forment dans de nombreuses villes créant des spécificités locales que ce soit à Paris en banlieue ou en province.

A Bordeaux par exemple, Gilles Bertin, Benoit Destriau et Philippe Schneiberger, trainent ensemble occupant leurs journées entre ennui, défonce et petits délits. La nuit ils dorment sur des matelas posés à même le sol dans le tout petit appartement de Philippe, batteur à ses heures. Benoit pratique la guitare, il ne manque plus qu’une basse pour former un groupe qui puisse tenir la route. Gilles en achète une à crédit, la ramène à ses potes, les répétitions peuvent démarrer. Le nom de baptême choisi pour le trio punk annonce tout de suite l’ambiance : Camera Silens est une référence aux cellules d’isolement utilisées pour enfermer les membres de la Fraction Armée Rouge (organisation terroriste allemande d’extrême gauche).

En 1982, l’énergie qu’ils déploient leur permet d’atteindre la finale d’un tremplin musical local. Quatre groupes se disputeront la première place, parmi eux… Noirs Désirs. Les Camera Silens donnent tout mais n’arriveront que deuxièmes derrière le groupe de Bertrand Cantat. Malgré cette belle performance, leur ascension est freinée par les affres de Gilles Bertin et ses acolytes qui oscillent entre shoot d’héroïne et braquages. En 1985, sort tout de même l’album Réalité enregistré quelques mois plus tôt.

1988 est l’année du basculement pour Camera Silens, Gilles Bertin accompagné d’artistes, squatteurs, militants d’extrême gauche et d’anciens membres de l’ETA se lance dans le braquage d’un dépôt de la Brink’s à Toulouse. Le coup est minutieusement préparé pendant de longs mois. Le jour J, tout se passe comme prévu, près de 12 millions de francs sont dérobés sans qu’aucun coup de feu ne soit tiré. Dans les deux ans qui suivirent l’ensemble de la bande sera arrêté, sauf… Gilles Bertin.

L’ancien bassiste, désormais visé par un mandat d’arrêt international, se réfugie en Espagne puis au Portugal où il se cache et change plusieurs fois d’identité. Il ouvre un magasin de disques, travaille dans le bar de sa nouvelle compagne avec qui il aura un enfant en 2011. Cette naissance est un déclic, fatigué par toutes ces années de cavale pendant lesquelles le sida s’est déclaré, il décide de se rendre et d’affronter la justice française.

En 2016, après 28 ans de cavale, à 8 ans de la prescription, il passe la frontière direction Toulouse où il se rend à la police. Son procès s’ouvre en juin 2018, il risque 20 ans de réclusion criminelle.

Le verdict tombe… cinq ans de prison avec sursis. Gilles Bertin, ex-punk atteint du sida, fugitif et père, ressort libre du tribunal.


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