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Les loyautés

Publié le 07 mai 2019 par Adtraviata

Les loyautés

Quatrième de couverture :

« Chacun de nous abrite-t-il quelque chose d’innommable susceptible de se révéler un jour, comme une encre sale, antipathique, se révélerait sous la chaleur de la flamme ? Chacun de nous dissimule-t-il en lui-même ce démon silencieux capable de mener, pendant des années, une existence de dupe ? »

Ma dernière lecture de Delphine de Vigan, c’est il y a quelques mois la relecture de No et moi (lecture scolaire), j’étais contente de trouver sur le présentoir de la bibliothèque Les loyautés, dont – je vous assure – je ne connaissais rien avant de le commencer.

Hélène, prof de sciences, est inquiète pour un de ses élèves, Théo, 12 ans, dont le comportement en retrait lui fait penser qu’il est maltraité à la maison. Elle-même l’a été dans son enfance et elle va s’impliquer de manière très – trop – subjective dans le suivi de ce jeune ado. En fait de maltraitance, Théo subit plutôt les affres d’une vie écartelée entre père et mère, la fameuse « garde alternée » entre des parents tellement obnubilés par leur guerre intime et leur image personnelle qu’ils ont complètement oublié leur gamin. Qui va chercher refuge là où il croit le trouver.

Le récit alterne entre les points de vue d’Hélène, de Théo, Mathis, son inséparable copain, et Cécile la mère de ce dernier. Cette seconde famille va elle aussi se révéler dysfonctionnelle, insidieusement toxique. A travers ces familles, ces personnages entre enfance et âge adulte, Delphine de Vigan « illustre » le texte d’entrée de son roman :

« Les loyautés

Ce sont des liens invisibles qui nous attachent aux autres – aux morts comme aux vivants –, ce sont des promesses que nous avons murmurées et dont nous ignorons l’écho, des fidélités silencieuses, ce sont des contrats passés le plus souvent avec nous-mêmes, des mots d’ordre admis sans les avoir entendus, des dettes que nous abritons dans les replis de nos mémoires

Ce sont les lois de l’enfance qui sommeillent à l’intérieur de nos corps, les valeurs au nom desquelles nous nous tenons droits, les fondements qui nous permettent de résister, les principes illisibles qui nous rongent et nous enferment. Nos ailes et nos carcans.

Ce sont les tremplins sur lesquels nos forces se déploient et les tranchées dans lesquelles nous enterrons nos rêves. »

Tout l’univers ultra-sensible de Delphine de Vigan est présent, avec son style clair et sobre, mais c’est sombre, les personnages portent des fardeaux très lourds, des loyautés dangereuses ou paralysantes.  Les pages se tournent toutes seules, mais le chemin vers la lumière est loin d’être gagné au terme de ce court roman.

Delphine de VIGAN, Les loyautés, JC Lattès, 2018


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