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Entretien avec Héctor Oaks avant son premier Dekmantel

Publié le 09 mai 2019 par Le Limonadier @LeLimonadier

A l'occasion de l'édition 2019 du Dekmantel, festival hollandais qu'on ne présente plus, où il fera sa première (et attendue) apparition, nous avons eu le plaisir d'interviewer le maestro Héctor Oaks. C'est peut être devenu un cliché que de dire ça, mais il s'agit d'un véritable " artisan du vinyle ", un amoureux des galettes qui fait plaisir à voir mixer. Le natif espagnol est d'ailleurs reconnu dans le monde entier pour sa maîtrise parfaite du djing, et son répertoire musical plus que varié. Grand représentant de la scène rave et Queer, ses sets oscillent entre sonorités techno, groove, breaks et punk des années 80. En résumé, Hector Oaks, c'est le genre de mec capable de caler en début de set un morceau d'Eminem puis d'enchaîner avec un track bien techno, et de faire un carton. Il nous fallait l'interviewer, et c'est ce que nous avons fait. Cheers.

Interview in English right below.

Depuis quelques années, nous assistons à un joli retour de la musique Electronique en France, que penses-tu de notre scène techno ?

La France est un pays dingue, des grosses soirées Warehouse à Paris, aux clubs, en passant par les raves sur la côte ouest. On s'y amuse beaucoup, c'est plein d'énergie, et très gratifiant pour les djs. Même si je n'y ai pas assisté bien évidemment, je peux voir certaines similarités avec le Summer of Love au Royaume Uni et ce que j'en ai lu. Aujourd'hui c'est plus pro et les autorités semblent plus ou moins respecter la scène electro. C'est parti pour durer.

Tu es résident temporaire au Herrensauna. Qu'est-ce que cela représente pour toi de faire partie de cette communauté, et de jouer lors d'événements assez mythiques ?

Jouer au Herrensauna est une expérience unique, tu sais que la foule sera au rendez-vous et prête à en découdre, j'adore y jouer. On y retrouve les plus gros raveurs au monde, ceux qui ont décidé de venir à Berlin car leur ville ne leur suffisait pas et ont fini par atterrir au Herrensauna. Tous mes amis fréquentent ce lieu, du coup c'est devenu l'un des endroits ou je préfère jouer. Son cadre particulier m'a permis d'explorer certaines limites, à quelle vitesse je pouvais jouer, combien de temps, à quelle puissance.... L'ambiance y est toujours animée, intense et surchauffée. Mon dernier set là-bas a duré jusqu'à 18h30 un samedi soir le lendemain, je pense que personne ne voulait que cela se termine mais j'ai du partir pour me produire dans un autre lieu.

Peux-tu nous parler de ta collaboration avec Bassiani, et de ton premier LP sur le label ? Est-ce que les acteurs du milieu de la techno, que ce soit les artistes, les personnalités publiques ou du monde des médias, montrent leur poids sur le plan politique ?

Tout s'est passé très naturellement, en créant cet album je pensais à la Géorgie (d'ou est originaire Bassiani ndlr), j'ai alors montré mon LP au label et ils ont tout de suite souhaité le sortir. Je suis très satisfait du résultat et des répercussions. J'adore Bassiani, le public, l'équipe du label. C'est un honneur pour moi d'être résident, c'est quelque chose de véritablement unique. Je pense que certains artistes se définissent plus politiquement que d'autres, mais pour réussir à changer les choses, je pense qu'il est préférable d'agir dans son propre milieu. On a pas tous les mêmes capacités d'agir et je ne blâmerais pas ceux qui ne s'investissent pas sur ce plan.

Est-ce important pour toi de jouer lors d'événements queer ?

Absolument, je pense que le dj n'est pas qu'un entertainer ou un artiste, il a aussi un rôle social. Les gens ont besoin d'aller à ces soirées pour être eux-même, et la musique apporte cette liberté et cette égalité entre les danseurs. Je suis très fier et heureux d'en faire partie, et je vais continuer dans cette voie.

Tu es basé à Berlin mais tu es né en Espagne. La scène techno espagnole semble moins développée que la scène allemande et française. Penses tu qu'il y ait une raison en particulier ?

La scène électronique espagnole était très importante dans les années 80 et 90. Après ça, les politiciens, la mauvaise presse et les promoteurs se sont mis à la descendre. Aujourd'hui un petit comeback semble avoir lieu, les jeunes s'intéressent à la techno, de gros clubs rouvrent leurs portes, et proposent de bon line ups. Les prix restent encore trop élevés, le soundsystem, les lois et les clubs ne sont pas aussi bons qu'en Allemagne ou en France, en tout cas pas assez pour développer une scène techno à part entière. Un gros travail doit être fait dans ce domaine.

De nouveaux noms surgissent constamment sur la scène techno, mais il semble difficile aujourd'hui de se faire une place aux cotés des autres artistes. Quel sont les artistes ou producteurs qui ont attiré ton attention récemment ?

C'est une période très excitante, de très nombreux producteurs et de très bons djs émergent . Il est difficile de sortir du lot. J'aime bien les gars de Fast Forward, qui sont originaires de Copenhague (Sugar, Repro, Schacke, Rune Bagge,...), ils ont beaucoup aidé a raviver l'énergie des soirées et à apporter une certaine fraîcheur, dont nous avions besoin.

La dj VTSS originaire de Pologne, fait de très bons morceaux. En ce qui concerne les djs sous-coté du moment, je dirais DJ Spit et Montero de Level Delta (Berlin). Je dois aussi ajouter que ce sont des personnes très sympas, je crois que c'est pour cela que je me sens connecté a leur musique.

Félicitations, c'est ton tout premier Dekmantel en compagnie de ton ami SPFDJ, comment te sens-tu ? Stressé ? Excité ? Tu vas préparer quelque chose de spéciale à cette occasion ?

C'est l'un de mes rêves. Je me souviens qu'il y a deux ou trois ans, mes amis y allaient et avaient essayé de me convaincre de les rejoindre au festival, je leur avais répondu : " j'adorerais mais j'ai décidé que j'irais uniquement si j'y joue " Ce jour est enfin arrivé. J'ai vraiment hâte ! A Dekmantel, tu sais que tout est parfait techniquement parlant, le cadre te permet de t'exprimer pleinement, de plus j'ai entendu dire que le dimanche est un jour particulier et que la foule est toujours déchaînée. Rien que d'y penser j'en ai des frissons ! Oui, j'ai beaucoup d'amis à l'affiche du festival : Lina, The Empire Line, Alessandro Adriani, Dr Rubinstein et bien d'autres, ça va être génial !

Où te vois-tu dans 5 ans?

C'est difficile de répondre à cette question.... j'ai déjà fait une liste de rêves et d'objectifs a atteindre, j'avais du mal a croire que certains puissent devenir réalité. Aujourd'hui j'ai presque réalisé tous les objectifs de ma seconde liste. La vie que je mène est celle dont j'ai toujours rêvé, je me sens super motivé tous les jours. J'adore passer des vinyls, digger, faire de la musique, sortir des morceaux, voyager, découvrir de nouvelles cultures et de nouvelles scènes par ce biais. Je cherche toujours à laisser un souvenir dans l'esprit du public, un moment ou une sensation qu'ils ne peuvent reproduire ou retrouver nulle part ailleurs.

Pour moi, ce n'est que le début, et je ne compte pas m'arrêter là. On verra bien ce qui va se passer.

Et pour finir la question du Limonadier : si tu étais une boisson laquelle serais-tu et pourquoi ?

Un Jagerbomb bien sûr , un peu psyché, super puissant, ça peut même devenir émotionnellement assez intense. Grosse expérience garantie.

Merci pour l'interview, c'était vraiment cool et intéressant , à bientôt à Dekmantel !

We've been experiencing a pretty nice revival in electronic music in France for a few years. What is your impression about our techno scene?

France is just crazy, with these big warehouse parties in Paris, and clubs or raves on the western coast. It's always fun, highly energetic and rewarding from the Dj's side. Although of course I wasn't there, I can see some parallels with what I've read about the summer of love in the UK, anyhow it is more professional, and it seems like the authorities are more or less respectful of the techno scene. It will have a long and healthy life.

You are currently a resident at the Herrensauna. What does it mean to you to be part of this community and to play at their legendary gigs?

Playing at the Herrensauna is always extremely special, you know that the crowd will be there rough and up for it, I love playing for them. This crowd is mainly formed of the world's top ravers/night freaks/queers, those for whom their home cities were not enough, who came to Berlin and probably ended up at the Herrensauna. The fact that all my friends always go there, makes it one of my fave spots to play in the world.

This unique environment lets me explore where the limit is, how hard, how loud, how fast how long I can play... these are all the things I've learned there. The atmosphere is always vibrant, intense and hot. The ast closing set I did went until 6:30 Saturday evening and I think nobody wanted it to stop but I had to leave to play another gig.

Tell us more about your collaboration with Bassiani and your first LP on the label? Are techno music, artists, public and media figures showing their political weight?

It all happened very naturally, I was writing this album thinking of that very special place in the world and I showed it to the guys, they immediately wanted to release it. I'm really satisfied with the results and the repercussions. I love Bassiani, the crowd, the city, the crew running it. It is something truly unique, being a resident is an honor for me.

I guess that some of the artists are defining themselves more politically than others, but in order to be able to change something I think it is better to try to do it in your own environment. Not all of us have the same possibilities, I wouldn't blame anybody not doing it.

Is it important for you to play at queer events?

It totally is. I believe in the DJ's role, not only as an entertainer, not only as an artist but the social part. People need to go to these places to be themselves and the soundtrack provides this freedom and equality between the dancers. I'm very proud and happy to be able to cooperate with this. And I will keep doing it forever.

You are based in Berlin but you were born in Spain. The Spanish techno scene seems less developed than the German or French one for instance. Do you think there is a particular reason for that?

Spain had a very big electronic music scene in the 80's and 90's. Somehow after that, politicians, bad press and promoters brought it down. Nowadays, a small comeback seems to be happening, new kids are getting into techno, some mighty clubs are reopening and providing good line-ups. The prices are still too expensive, soundsystems, laws and clubs are not as good as the ones in Germany or France to develop a proper techno scene, so there is still a big job to do there.

New names are constantly emerging in the techno scene. However it seems more difficult now to gain a place among the other artists. Are there any young talented DJs or producers that have caught your attention recently?

It is a really exciting time, tons of producers are coming out, real disc-jockeys. It is hard to stand out I guess.

I love the Copenhagen guys from Fast Forward (Sugar, Repro, Schacke, Rune Bagge,...) they have helped a lot to increase the energy in the parties and brought some freshness that was very much needed.

Also the Polish VTSS is making some great tunes. Regarding the underrated disc-jockeys at the moment, I would choose DJ Spit and Montero from Level Delta (Berlin). I also have to say that all these artists are good people and I guess this is why I'm connected to their music.

It is your first Dekmantel with your friend SPFDJ, congrats! How are you feeling? Stressed? Excited? Are you going to prepare something special for it?

Playing at the Dekmantel festival is one of my lifelong dreams. I remember that time, all my friends went there 2 or

3 years ago, they tried to convince me to join them and I said " I'd love to go, but I've decided that I will only go if I play" finally this day has come. I'm really excited and looking forward to it.

At Dekmantel you know everything is going to be perfect technically and the setting is appropriate to express yourself with total freedom, also I've heard that Sunday is the most special day and the crowd is always on fire. I can't help but getting goosebumps just thinking about it!

Yeah lots of friends also are on the bill, Lina, The Empire Line, Alessandro Adriani, Dr Rubinstein and some more, it is gonna be fun!!!

Where do you see yourself in 5 years?

This is the hardest question to answer... I once made a list with dreams and objectives, it was so hard to believe some of them would come true. Now I've almost finished the second list.

Living the life that I live now is all I wanted, I feel super motivated, excited everyday, I love playing records, digging, making music, releasing tracks, traveling, discovering new cultures and scenes this way. I'm always working on creating memories in people's mind, a moment or a feeling they can not reproduce or find anywhere, any way.

I think this is just the beginning and there is no plan to stop. So let's see (:

Here is the " Limonadier " question: if you were a drink, which one would you be and why?

I'd be a Jägerbomb for sure, slightly psychedelic, highly energetic, it can get a bit emotional at some point. Heavy experience guaranteed.

Thanks for the interview, I found it really fun and interesting, see you at Dekmantel!

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Entretien avec Héctor Oaks avant son premier Dekmantel

Mama Donna ou la daronne de la bande, rédactrice mais aussi responsable des partenariats et des événements du limonadier. J'aime la Disco funk, la Black music et la House music. Pour vous donner une idée, mes plus grandes claques musicales : Gerd Janson au Pano, MCDE au Weather, Jamie XX au Pitchfork, KOKOKO au Dekmantel, Roy Ayers à New York et Aretha Franklin au Ravinia Festival à Chicago...Et beaucoup d'autres en fait ! Mon Cocktail Préféré : Un Gin tonic, simple et efficace comme moi !


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