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Fragments de nuit, inutiles et mal écrits (saison 2) : 16-17-18

Par Blackout @blackoutedition

Fragments de nuit, inutiles et mal écrits (saison 2) : 16-17-18

Photo de Simon Woolf

Pour le livre de Richard Palachak, "Kalache", c'est par ici : KALACHE


Pour le livre de Richard Palachak, "Vodka Mafia", c'est par la : VODKA MAFIA

Fragments de Nuit, inutiles et mal écrits : 16

En un rien de temps tout est prêt : le hangar désaffecté, une première pièce « test », la gazelle qui jouera le rôle de la victime, et surtout le conditionnement d'Ondro, entraîné avec acharnement par son frère pour encaisser les gnons sans broncher, faire le mort, et riper à la vue de ce qui pourrait ressembler à un gros pétard. Nika véhicule Pet'o jusqu'au Golgotha à bord de sa Jeep perso, qui servira à la mise en scène du jeu. Sur place, y a déjà pas mal de monde qui s'affaire : des ouvriers qui construisent déjà d'autres pièces, un peu à l'écart de la première, histoire d'enchaîner les parties. Y a aussi des déménageurs qui déchargent un camion rempli de meubles et d'électro-domestique HS, des techniciens polyvalents son et lumière, deux vieux en costume de mariage qui baragouinent dans leurs cigares, et une belle blonde vautrée sur une chaise d'actrice hollywoodienne, lunettes de soleil extra-larges sur son joli petit minois. - C'est qui, les deux types en costard cravate ? demande Pet'o intrigué. - Des hauts-gradés. Ils sont venus contrôler l'avancement du chantier. - Ils ont que ça à foutre. - Disons qu'avec dix parties par jour, ça fait quinze mille. Réparti sur le mois, six jours par semaine, le chiffre d'affaire se monte à trois cent soixante mille euros. Voilà pourquoi ils se déplacent en personne. - Oui mais tu leur as expliqué qu'on aura de sacrés frais de matériel et de personnel ? - Le bénéfice restera énorme, et cerise sur le gâteau, sans enfreindre la moindre loi, si ce n'est celle qui consiste à blanchir le magot. Mais ça, ils savent gérer. Ils ont des hommes placés partout... - Sans compter que si l'affaire tourne bien, on pourra augmenter les tarifs. - T'emballe pas Pet'o. Dix clients par jour, ça tiendrait déjà du miracle. Vois ça comme un objectif à atteindre sur le long terme. - OK. Et la fille, elle est réglo ? - Comment tu peux en être sûr ? - Ben t'as qu'à aller la voir.

Fragments de Nuit, inutiles et mal écrits : 17

Pet'o ne se fait guère prier. Dans son Jeu, le rôle de la fille est tout aussi crucial que celui d'Ondro. Ils se complètent comme la Belle et la Bête. Mais arrivé à sa hauteur, le petit violeur de toupies se sent un peu con. Certes, il a l'habitude de jouer au sadique en compagnie de son frère et à l'abri de la lumière, mais là, face à la brutalité de la beauté qui l'incendie, Pet'o ne fait guère le poids. La gonzesse a beau être à moitié couchée sur son siège, trois têtes en dessous de l'ado, elle le toise d'une hauteur froide et d'une majesté céleste comme si elle avait affaire à un vulgaire nain de jardin. Une capeline renversée sur un côté de son visage et de longues jambes halées qui s'échappent d'un mini short en jean écorché, elle tire une bouffée sur une cigarette « pink & thin » et recrache la fumée sur la bouille du gamin suffoqué. - Kestu veux nabot ? Tu cherches ta maman ? - N...N...Non. Pet'o se reprend. C'est moi le concepteur du Golgotha. - Ha ! T'es mon boss alors ! s'esclaffe la fille. J'te préviens, je fais le boulot sans sucer personne, et encore moins du merdeux. - B...B...Bien sûr Madame. Est-ce qu'on vous a bien expliqué le rôle ? - Oui, cent fois. Pfff... J'le connais sur le bout de la touffe. D'autant plus que je n'en ai plus, de touffe. Ha ! Et toi bambin, kestu préfères ? Les poils ou l'épilation intégrale ? - B...B...Ben j'sais pas, Madame. - J'te taquine, morveux. T'inquiète pas pour le rôle. C'est clair, net et précis.

Fragments de Nuit, inutiles et mal écrits : 18

Michael est un « vor » redoutable, autrement dit un parrain dans le milieu. Il se porte volontaire pour le premier essai. Naturellement, personne ne discute sa décision et il est hors de question de le faire raquer. Sachant que si ça passe bien, le « patron » fera une telle pub à l'attraction que les richards de toute l'Europe centrale feront la queue pour essayer le jeu. Alors on met les petits plats dans les grands. Cagoulé au volant de sa Jeep, Nika le conduit à l'entrepôt, où deux faux SWAT l'interceptent et le dirigent à l'intérieur d'un vestiaire sombre et de style industriel, faiblement éclairé par une ampoule rouge pendue au plafond. Depuis une chambre de contrôle, Pet'o suit la scène sur des écrans qui diffusent les images prises par une chiée de caméras cachées. Le vor se désape histoire d'enfiler son costume de commando et déballe alors ses tatouages de bonhomme : des insignes militaires sur les épaules et des croix à huit branches sur les genoux. Une perle de sueur dégouline sur le front de Pet'o. Pas de doute, il s'agit d'un très gros poisson, dès lors il est inenvisageable de le décevoir. Et faut surtout pas que ça foire ! Même si toutes les précautions ont été prises, la pression est à son comble. Nika a eu la bonne idée d'imposer au joueur une heure de formation au maniement des explosifs, Pet'o a fait répéter jusqu'au dernier moment les simulacres de bagarre auxquels son frère doit se livrer (protection du visage, faux coups donnés dans le vide, blocage des frappes par contraction de l'abdomen), enfin l'issue dérobée a bien été installée derrière un placard factice pour qu'Ondro puisse se barrer de la pièce avant l'explosion finale. En ce qui concerne le choix de l'arme, Michael opte pour le tonfa, plus court et plus polyvalent que la batte, donc idéal en espace compact et entravé.

Richard Palachak

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