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Laissez-nous des zones d’ombre

Publié le 11 mai 2019 par Paulo Lobo

On vit dans une société où tout doit être réglé à la perfection. Chaque petit détail doit être pris en compte, analysé, décortiqué. Le principe de précaution poussé à l’extrême fait qu’il faut prévoir toutes les éventualités et qu’il ne faut surtout pas compter sur le sens des responsabilités des individus. Il faut légiférer, réglementer et mettre en place un maximum de dispositifs de surveillance et de réprimande.

Le monde devient de plus en plus pleutre, tel un  petit-bourgeois qui mise sur la police et son argent pour vivre en sécurité.

Tant pis pour le bas peuple qui mérite bien son état.

Le système dans lequel nous vivons nous apprend depuis l’enfance à nous tenir droits et à rester coi. Il ne faut pas bousculer l’ordre des choses. Si on est en bas de l’échelle, il faut accepter d’y rester tout au long de notre existence.

Où est l’aventure, où est la liberté, où est le panache ?

Nous ne sommes plus que des créatures rampantes et chétives, constamment à la recherche d’un refuge, constamment dans la peur du lendemain. Nous subissons le sort qui nous est alloué, fuyons la lumière, avons honte de l’état de nos guenilles.

Pourquoi le capitalisme aime-t-il les couards ?

Parce qu’il est couard lui-même et ne veut surtout pas d’affrontement d’homme à homme.

Il préfère rabaisser et humilier les êtres et leur faire croire qu’ils ne valent rien en comparaison des élites assises sur leur piédestal.

Ohé ohé oyez bonnes gens

Ne vous laissez pas mener par le bout du nez

N’acceptez pas qu’on vous lave le cerveau 

Qu’on fasse de vous des robots avaleurs de couleuvres

Faites preuve de bon sens, de courage et d’intégrité 

Vous savez ce qui est bien et ce qui est mal

Arrêtez de tout relativiser

Bientôt même le meurtre sera justifiable 

j’en ai marre que l’on nous prenne pour des imbéciles à clics. Regardez les titres des nouvelles, les médias passent leur temps à essayer de déchaîner la meute. Toute étincelle est bonne à prendre pour allumer les réseaux.

Prostitués

L’argent, le pouvoir, l’influence

Pour attiser le buzz, Il faut parler aux émotions des gens. Faire surgir en eux la colère la révolte la haine de l’autre la haine de l’individu

Les convaincre qu’ensemble ils peuvent massacrer et dévorer impunément

Comme dans l’arène romaine, la foule réclame du show et du sang, des larmes et des tripes

Plus on consomme vite, moins on réfléchit longtemps 

Le temps des pistoleros pleurnichards 

Messieurs les législateurs laissez nous des zones d’ombre des terrains vagues des pages blanches que nous remplirons nous-mêmes

Laissez-nous des zones d’ombre


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