Gaîté Montparnasse26, rue de la Gaîté75014 ParisTel : 01 43 22 16 18Métro : Gaîté / Edgar Quinet
Dernières les 19 et 20 mai 2019Au Festival d’Avignon du 5 au 28 juilletEn tournée :13-14 septembre, Wissembourg / 3 octobre, La Ciotat / 4 octobre, Manosque / 11 octobre, Grandvillars / 18 octobre, Nouzonville / 19 octobre, Lille / 18 décembre, Bordeaux / 20 décembre, Lyon / 9 janvier, Maromme / 18 janvier, Marseille / 19 janvier, Nice
Interprété par Gilles RamadeMis en scène par Jérémy FerrariLumières de Frédérick Doin
Présentation : Insatiable baroudeur, à la fois pianiste, chanteur, compositeur, chef d’orchestre, auteur et comédien, Gilles Ramade a fait de la dispersion un art.Son dernier spectacle est à son image : insolent, surprenant, inclassable. Il bouscule les codes académiques et s’attaque à la bienséance du classique. Sa rencontre avec Jérémy Ferrari était une évidence.Un show déluré et hilarant, mené de main de maître par un virtuose partageant sa passion entre Bach, Ray Charles, Gainsbourg et bien d’autres…
Mon avis : Piano Furiosoest un spectacle absolument ébouriffant. D’abord musicalement. Gilles Ramade fait ce qu’il veut avec son piano. Son niveau de virtuosité est si insolent que ça nous paraît facile alors qu’une telle aisance représente des heures et des heures de travail. Il fait véritablement corps avec son instrument… Ensuite, ce spectacle est un petit bijou textuel. Pendant une heure et demie, Gilles Ramade commente, critique et vulgarise ce qu’il est en train de jouer et nous donne, en prime, un cours de musicologie un tantinet déconcertant.
Photo : Christine Coquilleau
Dès son entrée en scène, il joue avec les contrastes. Il se présente vêtu très élégamment, queue de pie et souliers vernis. Le premier morceau qu’il interprète est on ne peut plus conventionnel. Ça commence comme un récital jusqu’au moment où il ouvre la bouche pour se livrer à une réflexion amère sur un certain jingle publicitaire. En une seconde, il passe de la noblesse de la « grande » musique à la trivialité du dérisoire et de la récupération commerciale. Le ton du spectacle est donné. On sent tout de suite la patte (ou plutôt le griffe) de Jérémy Ferrari et sa gourmandise pour le décalage. Dans les passages écrits à quatre mains, cet iconoclaste de Jérémy s’est particulièrement focalisé sur les touches noires (je pense au dernier rejeton de J.S. Bach et au couplet sur les pianistes aveugles). Il y a toujours un fond de sérieux et une documentation solide, mais la forme est à la fantaisie la plus débridée.Photo : Christine Coquilleau
Le spectacle va crescendo. D’académique au départ, il glisse progressivement vers la subversion. Il nous donne le signal de sa rébellion en jetant carrément son frac aux orties. Dès lors débarrassé de sa panoplie de concertiste, il va se dévergonder en flirtant avec la variété (en nous énumérant par exemple quelques jolis avatars du Canon de Pachelbel), puis avec le jazz. Pour synthétiser, il passe sans transition du piano Bach au piano bar.Photo : Christine Coquilleau
Les 88 notes de son instrument lui offrant un espace de liberté infini, pourquoi s’en priverait-il ? En plus, il se révèle être aussi un excellent chanteur. Le latin lover invétéré qu’il est pratique opportunément le yaourt à géométrie variable pour séduire tous azimuts… Et, en bouquet final, quoi de plus naturel que de nous offrir un… pot-pourri ; un flamboyant mélange des genres. C’est tout simplement sublime. Nos trompes d’Eustache sont aux anges. On en voudrait encore et encore. On l’écouterait jouer pendant des heures.Photo : Christine Coquilleau
Mais il ne faut pas se leurrer, derrière la satire, l’irrévérence, l’autodérision et le parti-pris de faire rire, Piano Furioso est avant tout le vibrant hommage d’un passionné à la musique sous toutes ses formes. Que du bonheur !Gilbert « Critikator » Jouin