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Albert SAMAIN Dessinateur

Par Bruno Leclercq

Dans un billet précédant, Fagus dressait le portrait d'Albert Samain en « Lorenzaccio bureaucrate».
Cette fois c'est un « poète fonctionnaire », comme son modèle, Léon Bocquet, qui dans Autour d'Albert Samain revient sur les débuts de l'auteur du Chariot d'or dans l'administration, et notamment sur son goût pour le dessin, et ses tentatives dans ce domaine. Ces travaux annexes, délassements d'employé désoeuvré, les thèmes abordés, les amitiés qu'ils impliquent, nous dévoile un Samain moins guindé, moins spleenitique, que ne le laisse voir son Flanc du Vase, il apparaît ici dansant pour le Mardi Gras et faisant la noce avec ses amis, ne rechignant pas devant le dessin grivois et la caricature satirique.
Léon Bocquet estime que Samain a du réaliser des centaines de dessins, dont une soixantaine lui était connus.
On sait que Samain, très tôt devait arrêter ses études, pourtant, Bocquet qui citant « quelqu'un de bien placé pour en connaître », affirme qu'il suivi les cours du soir de l'Académie des Beaux-arts des Flandres. Arrivé à Paris, Samain partage un bureau à l'Hôtel de Ville avec trois collègues : Emile Dennery, Henri Germain, Henry Juge, tous amateurs d'eaux-fortes et de lithographie. Henri Germain futur feuilletoniste au Petit Journal est graveur de métier, ses dessins polissons et satiriques sont connus dans tous les bureaux de la Préfecture de la Seine.
Ces quatre là, vont constituer un dossier spécial de leurs dessins à caractère érotiques, ils feront payer leurs collègues désirant le consulter, constituant ainsi une cagnotte pour leurs sorties nocturnes. Henry Juge est chargé des légendes figurant sous les dessins, il avait sous le pseudonyme de Sylvia Consul écrit des livres pour enfants, comme « Négro, les aventures d'un caniche parisien », « Les mémoires d'un gros sous » ou « Les petits touristes, premier voyage de vacances ».
Bocquet décrit quelques-uns des dessins qu'il a pu consulter, malheureusement il ne reproduit que ceux que l'on peut voir ici. Nous aurions aimer avoir le petit dessin où Samain croque Alfred Vallette, Rachilde, Edouard Dubus, lui-même et, Roux, le caissier du Mercure de France, ainsi que les portraits de Jehan-Rictus, encore Gabriel Randon et futur auteur des Soliloques du Pauvre, et celui du très oublié poète Léon Masseron, dont Bocquet évoque le passage rapide dans le monde des lettres. Fondateur de La Revue Littéraire Septentrionale, Masseron que ses rêves de gloire entraîneront à Paris connaîtra la faillite, puis la misère, avant de retrouver sa Normandie, guérit du poison de la littérature.
Les dessins de Samain sont aujourd'hui dispersés dans des collections privées. A ma connaissance personne n'a cherché à réunir les plus significatifs. Quand au dossier spécial du 3e bureau, s'il n'est à jamais perdu, il pourrait constituer un piquant document sur les délassements et fantasmes des fonctionnaires « fin de siècle ».

BOCQUET (Léon) : AUTOUR D'ALBERT SAMAIN. Mercure de France, 1933, in-12, 232 pp., dessins in et hors texte dont 1 tiré en phototypie en frontispice.

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