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Fragments de nuit, inutiles et mal écrits (saison 2) : 19-20-21

Par Blackout @blackoutedition

Fragments de nuit, inutiles et mal écrits (saison 2) : 19-20-21

Photo de Simon Woolf

Pour le livre de Richard Palachak, "Kalache", c'est par ici : KALACHE


Pour le livre de Richard Palachak, "Vodka Mafia", c'est par la : VODKA MAFIA

Fragments de Nuit, inutiles et mal écrits : 19

Les deux faux SWAT ouvrent une lourde qui donne sur l'intérieur du hangar, soudainement mitraillé par une pluie d'éclats stroboscopiques et martelé par un foin de hardtech underground. Voilà pour l'ambiance de film d'action, en plus sauvage et plus futuriste. L'adrénaline submerge le vor qui en tremble d'excitation. Les deux acteurs munis de mitrailleuses airsoft se mettent alors à brailler pour qu'il les suive en courant jusqu'au Golgotha. Puis ils se placent de part et d'autre de l'entrée, en couverture, et commencent le décompte : ras... dva... tri ! D'un coup de pompe, Michael démolit la porte en carton et s'introduit en transe dans la pièce infernale. Ni une ni deux, un mastard cyclopéen se dresse devant lui et le saisit par le colbac. Par réflexe, le vor lui assène un coup de tonfa dans le sac et le colosse relâche sa prise. C'est parti pour la dérouillée. Tantôt matraque, tantôt poing américain, le tonfa s'acharne sur Ondro, qui ne sent pas grand-chose en définitive. Trente secondes à faire mumuse, ce qui est largement suffisant pour un bon tabassage, et Robot' s'écroule au sol en faisant mine d'être dans les vapes. Le vor n'y voit que du feu et se met à démolir les bibelots et le mobilier. Même que ça lui procure un bien fou. C'est qu'il n'a bien évidemment pas l'habitude de foutre ses propres mains dans le cambouis quand il s'agit d'exécuter des missions violentes. Alors il ressent profondément les bienfaits cathartiques et dépuratifs du Jeu, qui pourrait redonner la niaque à n'importe quel homme d'affaire déprimé. Tout écrabouiller de ses propres mains, hommes et objets, pour la noble cause, c'est carrément jouissif. Ah justement, la bonne cause... Où est-elle passée ? Michael repère la minette à lunettes, prostrée dans un coin de la pièce. Il pose son parpaing d'explosif en suivant les instructions de Nika, prend la fille dans ses bras et vide les lieux. Le souffle de l'explosion le couche malgré les dix mètres déjà cavalés. Sans bavure ni blessure. Le vor se relève en pissant de rire tel un enfant.

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Michael est tellement heureux de ce tour de manège qu'il refile dix mille euros en liquide à Nika, « un cadeau pour lancer l'affaire » (clin d'œil). Puis il lui promet de rameuter des clients du monde entier. Le Géorgien prend le fric et le partage selon le pourcentage convenu. Certes, ça paraît cher payé pour un premier test, mais le vor sait pertinemment qu'une part importante des profits remontera à la tête de la pyramide, et donc dans ses poches. Pour fêter cette réussite, Nika décide d'inviter les frangins, les deux acteurs et la fille à la taverne Hviezda. Comme à son habitude, le gentil géant suit son petit frère à la trace, d'autant plus qu'il attend sa récompense alcoolisée avec impatience. Ce soir-là, il aura droit à un chapelet de saucisses avec du pain et des légumes au vinaigre. Installée au bar, la troupe commande aussi sec une tournée de pintes, même pour Pet'o qui ne boit jamais. Mais ce soir, il veut jouer au grand et décrète à haute voix que dorénavant, son surnom sera « Mali Vor » (le petit parrain). Cette fougue fait marrer tout le monde, jusqu'à ce que Nika porte un toast en l'honneur de son nouvel associé : « Mali Vor ». Dans ces conditions, plus personne ne rit. Alors le Géorgien se rassoit sur son tabouret et s'adresse au gamin : - Si tu veux réellement faire partie de la famille, va falloir passer un petit rituel maison lié à l'emblème de mon gang : la vipère tatouée autour du cou. - Et ça représente quoi, au juste ? - L'addiction à la drogue.

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Nika sort un pochon de coke et se met à tracer des lignes sur le comptoir. Le barman fait semblant de ne rien voir... quant à la clientèle rétamée, plus rien ne peut la choquer. En speed, la fille et les deux comédiens s'envoient deux lignes chacun. Nika les talonne et refile la paille à Pet'o, qui ne peut plus reculer. Comme un grand, il se bouche une narine et aspire de l'autre la trace de joy powder qui file au fur et à mesure que sa tête se retire. Cinq minutes plus tard, le gamin bouillonnant se prend pour le roi du monde. Fin prêt pour aborder la belle plante à lunettes, il l'accoste en oubliant radicalement que la différence d'age le condamne à une succession sempiternelle de râteaux : - Eh, poupée ! J'me suis dit qu'on pourrait faire plus ample connaissance, maintenant qu'on bosse ensemble... - Tu m'appelles encore une fois « poupée » et je te démonte la tête, microbe. - Comment j'dois t'appeler, alors ? - Tatiana. - D'accord Tatiana, j'vais pas y aller par quatre chemins. Je trouve qu'on te paye beaucoup trop cher pour la bricole que t'as à faire. - Continue. - Ben j'me dis que pour deux cent cinquante euros la partie, le joueur devrait pouvoir se taper la victime qu'il a sauvée. Ce serait logique après tout, d'un point de vue héroïque et romanesque. Ça rajouterait une plus-value non négligeable au Golgotha. - Écoute-moi bien, sac à merde ! Je ne suis pas et ne serai jamais une putain. - Tu devrais quand même réfléchir à ma proposition. Tu sais, on pourrait facilement dégoter une autre fille qu'accepterait le taf pour deux cent cinquante euros la passe. Pour elle, ce serait carrément du luxe vu les tarifs en vigueur. - Pauv' connard d'abruti dégénéré, tu sais absolument rien, ni sur moi ni sur les gars pour qui tu bosses. Tu connais même pas les bases. En revanche, moi je sais déjà pas mal de trucs sur toi. - Comme quoi ? - Tes petites virées nocturnes avec ton frère... Alors mets-toi bien ça dans le crâne, boule à merde, si tu touches encore une fois ne serait-ce qu'à un cheveu d'une fille de la nuit, on te coupera le paquet à la scie à ruban et on t'étouffera la gueule avec.

Richard Palachak

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