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Jean Rousselot – J’ai commencé par une erreur…

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

J’ai commencé par une erreur : naître dans une famille misérable. Comment cela s’est-il changé en orgueil ?

Parce que feu mon père avait construit son véhicule, le boucher ambulant me donnait parfois une tranche de bavette.

Je ne me suis pas fait moi-même. Je me suis inventé.

J’ai travaillé dix heures en moyenne par jour et n’ai toujours pas un maravédis.

Vous n’avez pas à rendre meilleurs vos semblables. Seulement à tenter de vous perfectionner un peu.

Rien n’est futile dans la nature. On ne saurait en dire autant des hommes.

Vue de plus près, l’histoire est un roman stupide.

Je dépense, donc je suis…

Nous avons l’usufruit du monde entier mais nous ne savons qu’en faire, hormis l’abîmer chaque jour un peu plus.

Pour moi, vivre fut une impardonnable imprudence.

Même les saints font des cauchemars.

Je ne sais pas me cacher quand je pleure.

Ah, si l’on pouvait transiger avec le mépris que la nature nous voue !

Dans toute mort volontaire, il y a du théâtre.

Dans l’être, la pensée ne tient au cerveau que par un fil de la vierge.

On peut faire n’importe quoi avec des mots mais on est incapable de fabriquer une rose.

Un peu comme le Roquefort, les bonnes idées ont besoin de pourrir pour devenir excellentes.

Beaucoup de nos prétendus intellectuels sont des imbéciles. Je crains d’être du nombre.

Je ne me suis vraiment jamais aimé.

***

Jean Rousselot (1913-2004)Minimes (Les Deux-Siciles, 2003)

Découvert ici


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