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Apulée n°2 - mai 2019

Publié le 26 mai 2019 par Onarretetout

Cette revue annuelle de littérature et de réflexion initiée par Hubert Haddad s’engage à parler du monde d’une manière décentrée, nomade, investigatrice, loin d’un point de vue étroitement hexagonal, avec pour premier espace d’enjeu l’Afrique et la Méditerranée.

C’est autour du nom prestigieux d’Apulée – auteur berbère d’expression latine qui, avec l’Âne d’or ou les Métamorphoses, ouvrit au IIe siècle une extraordinaire brèche de liberté aux littératures de l’imaginaire – que se retrouvent ici écrivains et artistes venus d’horizons divers. Romanciers, nouvellistes, plasticiens, penseurs et poètes des cinq continents ont la part belle pour dire et illustrer cette idée de la liberté, dans l’interdépendance et l’intrication vitale des cultures.

C’est avec le numéro 2 de cette revue, paru en 2017, que nous aurons, cette année, notre rendez-vous mensuel. 

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Ananda Devi

Pendant un temps, avec mes aïeules surgissant de la page, je pensais faire acte — de quelque chose, de quoi, je n’en savais rien, mais une forme de remise en cause de ces manichéismes qui nous détruisent, une tentative d’explorer les origines de toute cette violence — mais de plus en plus, je comprends qu’il arrive un moment où tout ce que l’on écrit semble vain. Rien ne sera à la hauteur de ces tragédies qui nous entourent, rien ne dira l’horreur d’une traversée de l’océan sur un esquif, un enfant dans les bras, et le moment où l’on bascule dans le noir glacial d’une fin annoncée mais à laquelle on ne croit jamais tout-à-fait jusqu’à ce qu’elle arrive et là on se rend compte que l’on n’avait jamais eu le choix.
(…)
Oui, je ne sers à rien. Mais je n’ai pas le choix : continuer, parce que tout passe par là et que mes émotions sont vraies, et non, je ne suis pas une usurpatrice de la douleur des autres parce que j’ai honte d’être moi mais je n’ai pas d’autre moyen de témoigner avec la force de l’imagination qui m’a été donnée, avec son accès unique au vif des choses, avec sa capacité à toucher, ne fût-ce qu’un instant, à une vérité fragile et vite ensevelie, ce moment de vie parfaitement circonscrit dans un assemblage de mots, ce regard nu capturé par une tournure saisie du néant, et qui à leur tour feront, brièvement, trembler un lecteur au détour d’une page, entre deux respirations, entre deux lieux suspendus de sa vie — juste par la force de l’imaginaire.
Poursuivre, malgré les doutes.

(Photo : oeuvre de Laura Loriers)


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