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Les portraits de Miss Acacia : sur les pas de lerangdhonneur DJOUETS

Publié le 29 mai 2019 par Miss Acacia @GrainedAcacia

Les portraits de Miss Acacia : sur les pas de lerangdhonneur DJOUETS

Après un an d'absence, les Portraits reviennent, mais sous une nouvelle forme ! L'interview. L'artiste lerangdhonneur DJOUETS a accepté de répondre à mes questions pour qu'on fasse connaissance avec lui.

Quelle est l'histoire de ton pseudo, lerangdhonneur DJOUETS ?

J'aime jouer avec les mots et les sons ... DJOUETS aurait dû être mon vrai pseudo ! Lerangdhonneur l'est devenu un peu malgré moi mais j aime bien en fait !

Je marche beaucoup dans les rues. Très tôt le matin pour mon plaisir, mais également pour mon métier. Je fais souvent de longues distances à pied pour des études de terrain. Alors je suis devenu Le Ran(g)d(h)onneur : jeu de mots et de sons sur randonneur et rang d'honneur.

Quant à DJOUETS, il s'agit tout simplement du nom de famille de ma mère, Jouets. Et " D " est le première lettre de mon prénom. Encore une fois le jeux de mot est là, le hasard ne s'explique pas toujours...

Peux-tu me dire quelques mots sur ton parcours ?

J'ai d'abord eu un parcours plutôt technique qui m'a conduit au métier que j'exerce aujourd'hui. J'en suis sorti à vingt ans et à ce moment-là, je n'avais pas envie de rentrer directement dans la vie active et les arts m'attiraient beaucoup, depuis toujours. J'ai donc tenté ma chance à la fac où j'ai obtenu une licence en arts plastiques, puis j'ai intégré l'École des Beaux-Arts. Dans mon travail artistique, je suis plasticien, j'aime essayer toutes sortes de médium même si la sculpture reste mon favori.

Pourquoi le streetart ? Quel est ton rapport à la rue et à l'espace urbain ?

C'est moi qui mets en scène l'ours que je dépose dans la rue. Je joue avec l'espace pour modifier le quotidien des gens en plaçant un art vivant dans le monde réel. Dans la rue, des personnes d'horizons très différents peuvent se confronter à mes sculptures.

Je voulais faire surgir l'art là où on ne l'attend pas !

J'aime flâner dans les rues, rencontrer des gens, échanger. Sans pour autant sortir de l'anonymat. La rue permet ça. Je me présente rarement moi-même. En général, on me connaît par l'intermédiaire de quelqu'un d'autre.

Est-ce que travailler dans la rue a un sens particulier pour toi ?

J'essaie d' apprivoiser le milieu urbain en changeant l'usage original des murs. Je les élève au rang de trône supportant mes sculptures. J'expérimente un regard différent sur ce qui nous entoure. J'ai envie de sortir l'art de son contexte, de conquérir la rue et d'attirer le regard des passants qui deviennent spectateurs, voir acteurs du projet. Je propose un changement de l'angle de vue habituel de vos déplacements.

Mes missions dans la rue sont clandestines, sans autorisation et me permettent d'expérimenter toujours de nouvelles situations. C'est évidement interdit mais ça reste positif car je ne dégrade rien. Je dépose simplement mes ours. Les gens sourient quand ils croisent mes StreetBear ...

Il faut savoir agir très vite pour rester un discret citoyen politiquement incorrect. Je laisse ainsi une trace de mon passage, qui restera plus ou moins longtemps selon le choix du passant...

Quelles techniques utilises-tu ?

J'utilise toutes sortes de techniques ! Le croquis pour réfléchir et préparer mes projets, la glaise pour modeler un premier prototype, ensuite le moulage qui me permet de reproduire de manière industrielle tous en restant très artisanale.

Mon petit ours prend parfois une nouvelle peau dans le cas de collaborations.

Mes " positifs " des petits ours sont en plâtre et avec une pincée de sable (un mélange de tous les sables que j'ai pu récupérer un peu partout autour du monde). Ils sont ensuite peints avec des bombes de peintures, des poscas ou tout ce qui me passe sous la main ! Je réalise aussi des positifs en béton, en plomb, je n'ai pas vraiment de limite dans les matières.

Peux-tu me parler de ton travail en quelques mots ?

Au départ, en 2004 (premier ours collé dans la street !), l'ours avait plutôt une forme simple et plate, comme un contour. Puis il est devenu un medium à part entière. Aujourd'hui, il est ma marque de fabrique ! Je joue avec et le réactualise pour de nouveaux projets.

Lorsque j'ai commencé à les déposer dans la rue, je les collais mais les gens les arrachaient. Alors j'ai décidé de les poser et de les proposer à " l'adoption ". En 2018, j'ai déposé un peu moins de 3 000 ours à Lyon et dans d'autres villes. En décembre 2018, j'ai également imaginé un calendrier de l'Avent qui retraçait un tour du monde, sur Facebook et Instagram.

Cette année, j'ai également participé au Journées de l'amour à Sète organisée par Christy Puertolas, du 30 mars au 21 avril 2019. À cette occasion j'ai fabriqué une armée de 393 ours. Cette installation formait un cercle avec un cœur au centre. Les ours blancs, majoritaires encerclent le cœur d'ours rouges, bloqués par une frontière d'ours noirs. Cela donne l'impression que le mélange des couleurs n'est possible que pour les ours qui ne font pas partie du cœur.

En parallèle, j'ai mis en place un circuit " street-art " et chaque jour de l'exposition un ours rouge s'est évadé sur le parcours afin que les passants puissent l'adopter. Au sein de l'exposition, il a été remplacé par une photo en lien avec l'ours (polaroid placé sur un socle en bois). Le sang du cœur se vide ainsi au fur et à mesure du déroulement de l'exposition pour se remplir de rêves (les images de Fred Trobrillant).

En résonance, j'ai aussi caché trois ours qui tendent un cœur dans leurs mains, un à Sète, un à Lyon et un à Paris (qui n'as toujours pas été adopté ! Au passage je vous en reparlerais très prochainement...).

J'ai un nouveau projet : " Le joli petit connard, un vilain petit canard ",

à suivre très bientôt...

Comment jouer si on trouve un ours dans la rue ?

Si vous découvrez un petit ours, vous pouvez soit l'adopter et le ramener chez vous, soit le déposer ailleurs pour le faire voyager.

J'ai établi une sorte de " règle du jeu " avec mes ours. Lorsque je les dépose dans la rue, je fais immédiatement 3 photos que je poste sur Instagram, comme une série d'indices pour aider les passants à les trouver.

Les portraits de Miss Acacia : sur les pas de lerangdhonneur DJOUETS
  1. Je me mets à la place de l'ours et je photographie ce qu'il voit ;
  2. Je photographie l'ours dans son environnement (il n'est parfois qu'un tout petit point sur la photo) ;
  3. Je fais une photo de l'ours en gros plan.

Par contre si vous trouver des ours collés sur les murs, ils ne sont pas à cueillir mais vous orientent sur la présence d'ours à adopter autour.

Si vous avez la chance de trouver un ours, j'aime bien savoir ce qu'il devient. Alors, l'idée c'est que vous suiviez ma règle du jeu avec les hastags suivants : #DJOUETS #lerangdhonneur #streetbear

Lerangdhonneur DJOUETS en images

Vous pouvez retrouver son actualité sur son compte Instagram

@lerangdhonneur / #DJOUETS
Un très grand merci à Elodie Andreolli pour sa magnifique photo (à admirer en image de couverture de ce billet). Vous pouvez suivre son travail sur Instagram

La conclusion musicale de Lerangdhonneur DJOUETS : J'ai choisi les Innocents et surtout la chanson " Colore ". C'est une chanson qui, avec subtilité et élégance, prône la tolérance, dénonce le racisme et les inégalités. Mes street bear sont de toutes les couleurs, rassemblent et se ressemblent avec chacun une petite différence. Ce qui fait de leur identité des citoyens du monde, et même un jour peut-être plus loin... Thomas Pesquet si tu m'entends !


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