La mise en scène sans complaisance d’Ivo Van Hove d’un pervers narcissique.
A Garnier, le metteur en scène belge met en scène le Don Juan de Mozart avec un radicalisme salutaire : le héros de Molière (auquel Da Ponte a largement emprunté) est vu ici sous un angle sans complaisance. C’est un violeur, un jouisseur sans entraves et un tueur. Le mal à l’état pur. Pas de homo avec Leporello, pas de psychanalyse sauvage …la lecture est brutale. Etienne Dupuis incarne ce Harvey Weinstein obsessionnel, ce DSK d’opérette qui fait fi des amours ancillaires et qui mange comme il viole…salement. Dans le décor immuable de Jan Versweyveld (les façades d’un village sévillan qui aurait pu être Venise) un décor conçu pour la bonne gestion des entrées et des sorties, un décor pour mise en scène de théâtre moderne les personnages évoluent avec aisance, filent, se cachent, se fuient .
Philip Jordan le chef que le public parisien regrette déjà, dirige comme le faisait Mozart plaquant des accords de piano forte à l’occasion des récitatifs, sollicitant les solistes par des regards. Van Hove lui distille préparant un final cut digne d'un théâtre balinais.
Comme le préconisait Artaud il faut frapper fort après tant de sobriété et de violence sèche.Le très bel effet final (Don Juan rejoint les damnés de l’enfer représentés par un conglomérat de figurants trempés dans la boue et mélangées dans une apocalypse d’argile) concourt à une réminiscence de tout le récit qui précède. C’est fort.