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Frances Farmer, d’Hollywood aux électrochocs

Par Marine @Rmlhistoire

Hollywood, cette grosse machine qui fait autant rêver que frissonner d’angoisse… Dans le monde du glamour et des strass, on parle peu de ceux qui s’y sont cassé les dents. C’est le cas de Frances Farmer, jeune femme talentueuse et prometteuse qui a obtenu le rôle de cobaye en médecine… Découvrez son histoire.
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Frances Farmer, jeune fille au tempérament de feu 


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Frances Farmer est née à Seattle -dans l’Etat de Washington- en 1913. Élevée par son père qui subvient aux besoins de ses trois enfants avec aisance, Frances Farmer souhaite rapidement être indépendante et trouve des petits boulots pour financer ses futures études. En 1931, son talent est déjà récompensé, elle remporte un prix de dissertation qui lui vaut déjà de nombreuses critiques. Et pour cause,  Frances Farmer, dans son essai rejette Dieu. C’est son premier succès et c’est aussi son premier scandale. Peu importe. A l’université, elle suit des cours de journalisme, d’anglais et d’art dramatique et joue dans plusieurs pièces étudiantes où elle se révèle être excellente. Elle gagne d’ailleurs un nouveau concours qu’il lui offre un voyage en Union Soviétique. Frances Farmer s’empresse de partir malgré les inquiétudes de son père, mais il est trop tard. A son retour Frances Farmer se paie la réputation d’être athée et communiste. C’est beaucoup dans le contexte politique  de l’époque pour une seule personne, une femme qui plus est. Les Services de Surveillance Nationale sont sur le coup.


Le fructueux contrat de Frances Farmer chez Paramount 


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Après son retour, Frances Farmer décide de rester à New-York, elle joue dans quelques pièces et se fait rapidement remarquer par un agent qui lui offre l’opportunité de signer un contrat de sept ans chez Paramount. Frances Farmer est ravie, d’autant qu’elle occupe des rôles principaux dans différents films importants entre 1936 et 1937 (L’or et la Femme, Le chevalier de la  vengeance, Le voilier maudit…). L’actrice, fraîchement mariée à l’acteur Leif Erickson, est surnommée la « nouvelle Garbo » en référence à Greta Garbo, célèbre actrice des années 1920 et on dit qu’elle est « l’exceptionnelle trouvaille des écrans de 1936 ». C’est un franc succès commercial pour la Paramount et pour Frances Farmer. Mais l’actrice ne s’épanouit pas, elle est utilisée pour son physique plus que pour son talent de comédienne, elle est attendue dans de nombreuses soirées mondaines mais décline les invitations, Frances Farmer n’a aucun attrait pour la mode et porte ce qu’elle souhaite. Rapidement Paramount lui reproche de ne pas jouer le jeu d’Hollywood. Peu importe, Frances Farmer refuse d’être un stupide portemanteau et la guerre commence  avec le major hollywoodien.


Frances Farmer : Rebelle face à la justice


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Lorsque les frictions apparaissent avec son patron, Frances Farmer sombre dans l’alcoolisme. En 1942, elle est arrêtée pour conduite en état d’ivresse. Presque rien. Mais lorsque les officiers lui demandent de se présenter, elle déclare qu’elle est « suceuse de bites à Hollywood ».  Elle écope de 180 jours de détention. Son mari demande le divorce. Quelques mois plus tard, alors qu’elle a été remise en liberté sous surveillance, l’actrice est à nouveau arrêtée pour agression sur sa coiffeuse du studio. Frances Farmer ne s’étant pas présentée devant le juge, la police va l’arrêter directement à son domicile, elle est alors ivre dans sa baignoire. Lors du procès, elle reconnait son alcoolisme « Ecoutez, je mets de l’alcool dans mon lait. Je mets de l’alcool dans mon café et dans mon jus d’orange. Vous voulez quoi ? Que je meurs de faim ? Je bois tout ce que je trouve, même de la benzédrine »,  jette le pot d’encre sur le juge et tente de s’enfuir. En vain. Les services sanitaires demandent un placement dans un sanatorium.


Frances Farmer, victime de la médecine psychiatrique 

Frances Farmer, qualifiée de malade mentale va connaitre les plus terribles traitements. C’est-à-dire qu’on n’y connait pas grand-chose en troubles psychiatriques. De plus, rien ne prouve que Frances Farmer ait besoin de soins autres qu’une bonne mise au calme et une cure de désintox pour régler ses problèmes d’addiction. Mais peu importe, il faut soigner l’actrice qui rappelons-le, cumule les vices : elle est athée, communiste et folle. Quoi de mieux qu’une cure de Sakel ? Aujourd’hui la pratique est absolument interdite mais au début des années 1940 (et jusque dans les années 1950), elle avait bonne presse dans le monde entier (sauf en Allemagne qui rejette l’insulinothérapie car inventée par des juifs, bah ouais).


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Le docteur Manfred Sakel pense pouvoir soigner près de 80% des cas de schizophrénie, et autres troubles psychiatriques, en plongent les patients dans des comas insuliniques. Sans trop entrer dans les détails, le médecin injecte de l’insuline à très haute dose pour que le patient se retrouve en hypoglycémie quelques minutes et réinjecte du sucre progressivement. En général, les patients se retrouvent obèses, avec des lésions cérébrales et parfois même, ils restent dans le coma. Ou meurent. Mais les médecins voient les lésions cérébrales comme un signe de guérison car les patients ne montrent plus d’agressivité. Mais le fait qu’ils ne soient même plus capables de parler ou de tenir une cuillère, ça c’est un léger détail.


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Pendant ce temps, à Hollywood, tout le monde se réjouit d’avoir réussi à se débarrasser de la fauteuse de troubles… Même sa mère, qui ne lui a jamais apporté de véritable soutien, pense que les troubles de Frances Farmer sont dus à la propagande communiste dont elle a été victime et souffre encore. Après trois mois de cure de Sakel et quelques électrochocs, Frances Farmer sort de l’hôpital, elle est déclarée guérie et envoyée chez ses parents. Sa mère souhaite qu’elle renoue avec le cinéma, la gloire et Hollywood. Mais Frances Farmer refuse de retrouver le milieu qui la conduite à la dépression et l’alcoolisme. Un milieu qui l’a détruite en trois années seulement. Alors elle tente de fuir, et sa mère décide de la faire à nouveau interner et les « soins » reprennent : Camisole, électrochocs… Seul son père s’interpose à temps pour lui éviter la lobotomie. C’est plutôt une bonne chose. Après cinq ans d’internement, le corps médical juge Frances Farmer apte à quitter l’hôpital. Pour l’actrice, il lui sera possible de retrouver une vie normale qu’à condition de se libérer de sa mère et de sa tutelle, c’est chose faite en 1951.


Le calme après la tempête

Frances Farmer, définitivement bannie d’Hollywood,  travaille dans un hôtel, puis dans un studio de photographie comme secrétaire puis comptable et se remarie (deux fois). Finalement, elle remonte sur les planches à la fin des années 1950 et anime une émission de télé dans les années 60. Atteinte d’un cancer, elle décède en 1970.

Et si Frances Farmer n’était qu’une femme, rebelle, souhaitant être libre dans un monde hollywoodien profondément sexiste, à une époque où la femme doit seulement être belle et la fermer ?

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