



En 1942, Cheever est enrôlé dans l'armée. L'année suivante, son premier recueil de nouvelles est lancé, mais il en a si honte qu'il détruira toutes les copies sur lesquelles il peut mettre la main. Mais c'est tout de même ce livre qui sauve sa vie. Le général Leonard Spigelgass est séduit par "l'émerveillement enfantin" qui se dégage de son écriture et le démobilise pour le ramener à New York. Pendant qu'il revient, tout son régiment est décimé dans le débarquement de Normandie. Leur fille, Susan, naît.
Après la guerre, il emménage sa famille dans un appartement de Manhattan, où, pendant 5 ans, tous les matins, il descend en ascenceur, dans son unique complet, jusqu'au sous-sol, afin de s'enfermer dans une salle pour femmes de ménage, se déshabille afin de rester en short et y écrit tout le temps jusqu'à midi.

Il accepte une avance de 4800$ de Random House pour compléter quelques chose qu'il avait commencé avant la guerre. Un texte pour le New Yorker, The Enormous Radio, raconte la kafkaesque et sinistre aventure d'une radio qui diffuse les conversations privées des occupants de logements d'un même building à logements. Ça lui donne non seulement beaucoup de visibilité importante, mais un peu plus d'argent aussi. Leur premier fils naît en 1948.

Dont je vous parlerai aussi un jour.


En 1964, il obtient ses meilleures critiques pour The Wapshot Scandal. Il fera la couverture du Time Magazine, en mars de cette année-là. En 1966, The Swimmer est publiée dans le New Yorker, mais au verso d'une nouvelle de John Updike, plus NewYorkaise aux yeux de l'éditeur en chef. Une adaptation cinématographique sera faite et mettra en vedette Burt Lancaster. Cheever est souvent sur le tournage et y fait même un cameo.


Quand Bullet Park est publié, la critique est dévastatrice. L'un d'eux dit cruellement, que les histoires de John Cheever ont toujours des oiseaux qui chantent mais que dans ce livre là, c'est le silence absolu. Cheever ne s'en remet pas et boit encore plus. Il tombe en dépression et commence une liaison avec l'actrice Hope Lange.
En 1973, il est hospitalisé d'urgence et passe près de mourir d'un oedème aigu du poumon causé par son alcoolisme. Il refuse alors de boire par la suite...

...pendant un mois.
Le temps de retrouver un ami, contemporain, l'écrivain du même genre, Raymond Carver, et de virer de sales brosses avec. Il accepte d'enseigner à la Boston University mais boit encore beaucoup et devient même suicidaire. Il a une liaison avec un de ses élèves, qui loge même chez eux, un temps. Il est admis en clinique de réhabilitation et en resortira pour ne plus jamais prendre une goutte d'alcool.

En 1977, il publie Falconer, qui parlera d'un gars en prison, et traitera de sa bisexualité, en filigrane. Le livre sera un de ses meilleurs vendeurs à vie. Mais son The Stories of John Cheever, seront son incontournable. Le livre contient toutes les nouvelles d'importances de Cheever et lui fait gagner le National Book Award for Fiction. Et sera son livre le plus vendu à vie.
On lui trouve une tumeur qui ne fera que grandir en 1981. Il aura le temps de publier son dernier roman, Oh What a Paradise, It Seems. Dont on fait des éloges polies puisqu'on sait qu'il est sur le point de mourir.
Quand il meurt, les drapeaux de la ville de la dernière ville qu'il occupait, Ossining, sont en berne pendant 10 jours.

Ses thèmes seront toujours trempés dans la dualité de la nature humaine. Parfois dramatisé dans la disparité d'un décorum social chez un personnage et sa corruption intérieure, et parfois dans un conflit, souvent entre frères, incarnant les saillants aspects de la lumière et de la morosité, entre l'épicurisme et le spirituel. Plusieurs de ses histoires parlent de nostalgie, l'évoquent souvent, et sont soulignés par un solide esprit de communauté, opposé au nomadisme des banlieues modernes.
John Cheever reçoit, tout maigre, la médaille nationale de la Littérature de l'American Academy Of Arts & Letters et ses livres sont intégrés dans la Library of America, six semaines avant sa mort.
Aujourd'hui, il y a 37 ans.