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Les collections ethnographiques de Richard Thurnwald

Publié le 20 juin 2019 par Detoursdesmondes
VIII B 8566
La Kaiserin Augusta Fluss Expedition avait débuté en 1912, c'était sans compter sur l'approche de la grande guerre et ses conséquences bien loin de l'Europe dont l'anthropologue Richard Thurnwald allait subir les répercussions. Ce dernier, déjà évoqué à plusieurs reprises, fut un protagoniste de l'expédition de Berlin et le seul à rester sur place après le déclenchement de la Première Guerre mondiale.
D'après les recherches effectuées par Barry Craig retranscrites dans son article de 1997 :
The fate of Thurnwald's Sepik ethnographic collections
et à la suite de la thèse de Marion Melk-Koch (Auf der Suche nach der menschlichen Gesellschaft, Richard Thurnwald, 1989), Thurnwald part en exploration sur la Sand River, un affluent de la Yellow River, en novembre 1914, puis, il s'aventure sur la North River et pousse jusqu'au Monts Bewani. De retour à son camp de base en janvier, il le trouve dévasté ! En effet, des troupes du corps expéditionnaire naval et militaire australien (AN & MEF) sont passées par là, ont saisi tous ses documents et les ont emportés à Madang.
Telefol-1914-15

Thurnwald tente bien sûr de récupérer toutes ses affaires, mais en vain ! En outre, il lui est impossible de rentrer chez lui par une route directe et il va mettre an avant de pouvoir partir pour les États-Unis en n'emportant qu'une petite partie de ses collections, de ses notes de terrain et de ses photographies. Chercheur infatigable, il va mettre à profit ce temps pour continuer son travail en séjournant à la mission catholique de Marienberg, installé là par le capitaine Walter Ogilvy, lequel par la suite collectera également (puis son jeune frère Harry). Y-a-t-il parmi ces objets, conservés maintenant en Australie, des artefacts offerts par Thurnwald à Ogilvy ?... Impossible de le savoir.
En novembre 1915, il peut enfin partir pour San Francisco via Sydney avec 40 caisses, laissant à la Neuguinea Kompanie de Madang le soin de rapporter les 52 autres, les plus grandes, en Europe.
En fait tout fut terriblement compliqué (voir l'article de B. Craig), un moment on songe à envoyer les caisses à Rotterdam et Winston Churchill en personne s'impliquera pour faire rapatrier les affaires de Thurnwald !
Il semble que beaucoup d'artefacts et documents furent détériorés de par un interminable séjour à Madang puis envoyées à l'Ausralian Museum de Sydney ; et ce n'est qu'en 1925 qu'une petite moitié des caisses arrivèrent à Berlin avec peu de matériel exploitable (voir la base de données du musée). D'autres sont peut-être restées à Java ou ont été perdues...
VI 41693-Ethnologisches Museum
En 1916, Thurnwald est à San Francisco et travaille sur ses notes recueillies auprès des Banaro afin de réaliser une première publication (Banaro society: social organization and kinship system of a tribe in the interior of New Guinea), mais il va être contraint de quitter précipitamment les États-Unis après l'entrée en guerre du pays. Il laissera, là encore, des caisses derrière lui...
Une partie de ses documents sont néanmoins conservés à l'université de Californie à Berkeley, mais une autre partie est également perdue...
Richard Thurnwald est enfin à Berlin en 1917 et consacrera le reste de sa vie à l'enseignement !
Ci-dessus une des rares pièces collectées par Thurnwald et conservée à Berlin...
À suivre...

Photo 1 : Thurnwald au milieu de son escorte et porteur, Sepik 1914, © Ethnologisches Museum der Staatlichen Museen zu Berlin, VIII B 8566.
Photo 2 : 3 hommes telefol, photo © R. Thurnwald, 1914-1915.
Photo 3 : Bouclier Banaro © Ethnologisches Museum der Staatlichen Museen zu Berlin, VI 41693-Fotograf/in: Peter Jacob

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