Sans un mot de Romuald Giulivo

Dinah a quinze ans et des parents qu'elle trouve égoïstes, lointains, car insensibles au sort des migrants en difficulté qu'elle voit partout autour d'elle. Après avoir échoué à les convaincre d'accueillir une famille entière, Dinah enlève le petit Mirhan devant son école, estimant qu'il est de son devoir de soustraire le jeune clandestin à la police qui le recherche et le renverra sans doute dans son pays. Sans le soutien de son petit ami Thomas, qui refuse lui aussi de l'aider, c'est pour Dinah - et Mirhan - une longue nuit de cavale qui s'annonce un véritable jeu de cache-cache avec les autorités. Mais la situation est-elle bien comme la jeune fille nous la raconte ?

J'ai lu ce petit roman d'une traite, la boule au ventre. L'histoire n'est ni drôle ni sensationnelle, il s'agit de celle d'une jeune adolescente de quinze ans, complètement à fleur de peau et dont la détresse émotionnelle est énorme !

L'auteur, Romuald Giulivo, a su très bien décrire ce qui anime Dinah et le fait ressentir à ses lecteurs . Dinah est l'exemple type de nos ados, elle est bombardée d'informations plus ou moins crues. Elle voit des horreurs à la télévision, sur internet, sans que tout lui soit forcément expliqué, sans filtre. Elle prend ça en pleine tête et son cœur en construction saigne pour tous ces gens qui meurent chaque jour dans d'atroce s souffrances ou bien qui sont renvoyés dans leur pays manu militari dans l'indifférence la plus totale du citoyen moyen.

Je ne sais pas si vous vous souvenez de votre adolescence, mais c'est l'âge où l'on ressent tout par puissance mille ! Dinah veut aider, mais c'est plus que cela, c'est un véritable appel au secours et peut entendue, elle commet l'impensable en enlevant un enfant pour le sauver du terrible destin qui l'attend.

" Un, deux, trois " et je quitte le kiosque sans me retourner. " Quatre, cinq, six " et je me poste tout au bord du tapis mécanique en croisant les doigts. " Sept, huit, neuf " et c'est la bousculade, les gens me lancent des regards noirs, des réprimandes. Je bloque le passage, mais je m'en moque. Je m'en moque, car à dix je sens sa main glisser dans la mienne. Mon petit frère s'est faufilé dans la cohue, il a choisi de me suivre. Il a l'air inquiet, alors je le rassure. Romuald Giulivo - Sans un Mot - L'école des Loisirs 2019 - Médium+

Tout le récit se passe à la première personne du singulier, nous sommes dans la tête de Dinah. Au fur et à mesure que les actions se passent, nous commençons à comprendre et à réaliser en même temps ce qu'elle vient de commettre.

Toutefois, ce qui m'a beaucoup plu, c'est la bienveillance qui émane du texte de Romuald Giulivo et de ses personnages. Certes, Dinah a mal agi, et pourtant c'est l'électrochoc qui fera réaliser à son entourage qu'elle n'a jamais été aussi sérieuse.

L'adolescente déteste ses parents qui ne la comprennent pas et pourtant, certaines révélations à la fin m'ont fait verser quelques larmes.

Sans un mot est une histoire courte, mais tellement riche en émotions, tellement percutante ! Voilà un livre à faire lire aux enfants, dès 11 ans, mais également aux adultes !

On aime : La plume percutante de Romuald Giulivo - La détresse de Dinah - La bienveillance qui émane du texte et des protagonistes - La chute du récit qui m'a fait verser quelques larmes