Fait toujours trop chaud. On annonce la plus chaude pour cette nuit...
C'est difficile de déménager. Tous nos repères changent. On empile ici et là. On perd, on retrouve. On est franchement désorienté.
Mon ancien refuge du sous-sol est devenu le boudoir d'en haut. Une étrange pièce trop grande, la seule pouvant accueillir notre divan-lit et l'écran et son meuble garni de films qui lui fait face. Mon bureau d'ordi aussi. Ordi qui, je crois, je ne veux pas le savoir trop, il y a des limites à passer d'un deuil à l'autre, tout le temps, est mort je crois. Il fait un drôle de son quand je l'ouvre en tout cas. Comme une alarme d'incendie. Et ce, après m'avoir fait croire pendant au moins 4 minutes que j'avais un écran et accès à toutes mes choses.
Pas prêt pour vivre le deuil de ma tour. Je nie ce qui se passe. Me donne le temps de retomber sur mes pieds pour me pencher comme un mécanicien sous sa voiture qui ferait des drôles de son, et gosser dans les fils comme le technicien informatique. Je ne suis tellement pas mécanicien et pas plus technicien en informatique...
Lundi, j'avais si chaud que dans mon sommeil, j'ai probablement voulu tricher la chaleur, la tromper, que je me suis 100% revirer la tête à l'autre extrémité du lit. Avec les pieds de chérie tout près. Oubliant ce geste inconscient de nuit, au matin, quand 5h00 a sonné, j'étais d'un confus...ne reconnaissant ni les lieux, ni l'espace. L'amoureuse a marmonné quelque chose, j'ai cru à du bulgare. Langue que je ne connais pas.
Quand on déménage, pas seulement quand on déménage, mais quand on déménage, on égare beaucoup. Comme ce livre de Fanny Britt qui me hante. Mais on trouve aussi. J'avais trouvé un "pad" en bois qui peut me servir au travail. Je l'avais mis à un endroit bien précis pour ne pas le manquer. Sur le coin du meuble que l'on croise en sortant de la chambre. Lundi matin, 5H AM, il n'était plus là.
J'avais aussi mis ma ceinture sur un divan. Disparue elle aussi. Porté un pantalon sans ceinture. Quand je suis descendu, la télé du salon était en mode veille. Mais ouverte. Elle fait ça quand on la délaisse. Ne se ferme pas, ne diffuse rien que du noir, et nous place "HTML1" dans le coin de l'image. Pour nous rappeler d'y porter attention ou de la fermer. Je n'ai pas pu la fermer, je n'ai jamais trouvé la commande.
Pas fait de lunch non plus, je n'ai jamais trouvé ma boîte à lunch.
Chrrrrrrrrrrrrrrist que ça partait mal ma semaine de mongol! J'étais épuisé dès lundi d'être si égaré tout le temps. C'est invivable!
Du travail, j'ai texté tout ça à l'amoureuse qui m'a avoué que tout ça c'était elle. La ceinture avait été placée là où je ne l'aurais pas mise, la boîte à lunch aussi, le pad, elle l'a magiquement "trouvé" mais je savais où je l'avais mis et il n'y était pas, et la commande "quelqu'un" l'avait montée à l'étage d'en haut, même si elle ne sert à rien, en haut.
J'ai rajouté dans ma plainte à l'amoureuse le livre de Fanny Britt pour faire bon poids dans mon rôle de désorienté. Rôle qui m'habite soudainement mais que je n'aime pas. Je la soupçonne depuis le début sur ce livre de toute manière. Elle ne me convainc pas du tout quand je lui montre l'image de la jaquette du livre et lui demande si ça lui dit quelque chose.
Nos repères changent. Notre vide-poche déborde. N'ayant plus d'accroche-clés, nous plaçons toutes nos clés dans le vide-poche. Qui déborde. Et moi quand ça déborde, je place ailleurs. Mes trois sets de clés, je les place...au deuxième étage.
Faudra un accroche-clé dans l'entrée. Mon fils ne trouvait plus ses clés (égaré!) elles étaient sous les 6 autres sets!
Puis, soudain, hier fin de journée, j'ai un souvenir précis!
Suspecte #1
Mon livre de Fanny Britt, je l'avais isolé des premières boîtes qu'on préparait il y a plus d'un mois parce que je voulais le lire prochainement et ne voulait pas le chercher comme je le faisait en ce moment. Je l'avais même placé avec quelques autres livres, dont au moins la bio d'Andre Agassi, que j'avais eu au même Noël et que j'ai aussi essayé de commencer sans succès, un autre livre se plaçant alors sur la route de mes yeux et dans le champs de mes intérêts. Je me suis rappelé que j'avais placé , au minimum 3 livres, sur la petite table console du salon, dans le chemin de nos regards, là où nous habitions avant. Je me souvenais aussi qu'en les plaçant là, je me disais mentalement que l'amoureuse trouverait que ça traîne et les placerait ailleurs. Elle devenait suspecte #1.
En revenant de travailler hier soir, je suis tout seul. Je monte à la chambre, et tel un chien pisteur, je regarde là où je n'ai pas encore regardé, le seul endroit où non seulement je n'ai pas regardé, mais aussi là où je ne les aurais jamais mis: dans le tiroir du bas de ma commode de lit. Qui déborde. Et quand ça déborde, je place ailleurs, je vous l'ai dit. Le tiroir force parce que DES LIVRES coincent en hauteur.
Pas un.
Pas deux.
Pas trois.
4 LIVRES!
Trois que je voulais commencer bientôt et un que j'avais commencé (Elvis). 4 livres, dont Fanny! & Agassi!
J'étais heureux (non pas sans envoyer une photo en texto sous le mot COUPABLE! À Twinling, qui a avoué son inconscient crime) comme un pou dans une barbe.
J'ai voulu lire les 4 en même temps tellement j'étais excité.
Je n'étais plus égaré!
Parce qu'on allait plus égarer pour moi.
Seul, j'ai commencé à lire les 4.
Comme un romain bouffant raisins tout en buvant du vin au temps de César.
On annonce la nuit la plus chaude ce soir.
Ça tombe mal, j'ai égaré le fan dans le déménagement...
Même pas vu depuis qu'on a changé d'adresse.
Disparu.
Faudra se coucher tout nu...
Égarer a quand même ses vertus.