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Avignon 2019 – On ne voyait que le bonheur… et beaucoup de talent !

Publié le 12 juillet 2019 par Linfotoutcourt

On ne voyait que le bonheur est une très belle et inspirante histoire de pardon, de résilience, d'amour.

Antoine, expert en assurances, est marié et père de deux enfants. Une vie simple et paisible, des photos sur lesquelles tout le monde sourit. Jusqu'au jour où, alors qu'il décide de faire preuve de compassion envers un client, ce que son employeur n'autorise pas vraiment, tout bascule. Sa vie et sa famille volent en éclats. Alors la colère se mue en violence et, dans un instant de folie, commet un acte irrémédiable. Il tire sur sa fille de 10 ans, puis renonce de justesse à se donner la mort. Pourtant, sur les photos, On ne voyait que le bonheur ...

L'engrenage de la colère

C'est sur le mouvement des corps que s'ouvre la pièce. Une manière délicate d'aborder une histoire tragique. Adaptée du roman de Grégoire Delacourt, elle nous livre une jolie leçon de vie. On observe cet homme, ce père de famille, s'effondrer lentement sous le poids de la trahison, de l'échec, de l'abandon. Triste écho à son enfance. " Un jour j'avais demandé à ma mère si elle m'aimait, et elle m'avait répondu " à quoi ça sert ". Aucun enfant ne devrait entendre ça. " Il a perdu son travail, celle qu'il aime l'a trompé et quitté pour un autre homme, ses enfants ont préféré partir avec leur mère : tout lui échappe. Alors il y a la rage qui gronde peu à peu, puis qui recouvre tout. Jusqu'à commettre l'irréparable. Pourtant, à l'ombre de la colère, de la rancune et des remords, le pardon saura, lentement, se frayer un chemin.

Deux cicatrices pour une seule plaie

Les cheminements parallèles de ce père et de sa fille s'exposent sous nos yeux dans une mise en scène habile où tous les rôles sont interprétés par les deux personnages. On suit la lente reconstruction de ce père rongé par le remord, et de la jeune Joséphine, dont l'interprétation plus vraie que nature par Murielle Huet des Aunay nous a émus. Il y a d'abord la difficulté à exprimer l'indicible, " Les mots, quand je veux les dires, ils glissent en arrière, ils tombent dans la blessure ". L'écriture est tendre, sensible. Il est question d'amour, de pardon, de résilience. D'une colère qui ne se transforme jamais en haine. Puis l'incompréhension qui s'avoue peu à peu dans le cabinet du psy. Et cette question qui revient sans cesse : " pourquoi a-t-il d'abord tiré sur moi ? ". Un mal-être gravé sur le visage, avec lequel il lui faut vivre puisque la mort est passée tout près mais n'est pas restée.

Une délicate leçon de résilience

La prestation est belle, nuancée. Les deux comédiens sont vibrants de sensibilité et parviennent à nous émouvoir sans pour autant sombrer dans quelque chose d'étouffant, d'excessivement dramatique. Car malgré ce qu'il se joue de tragique au sein de cette famille écartelée, l a mise en scène de Grégori Baquet - tout aussi excellent dans le rôle de ce père - offre un quelque chose de lumineux qui demeure d'un bout à l'autre de la pièce. Des projections vidéos viennent rendre la perspective d'un ailleurs possible puisque rien n'est figé, le mouvement ne cesse jamais, à l'image de leurs corps et des quelques pas chorégraphiés à travers lesquels ils se meuvent parfois. Parce que les regrets et les remords emprisonnent dans le passé, cette pièce bouleversante veut nous rappeler que l' amour et le pardon - à soi d'abord, puis aux autres - est le plus sûr moyen de continuer à avancer vers l'horizon.

On ne voyait que le bonheur, d'après le roman de Grégoire Delacourt, avec Murielle Huet des Aunay et Grégori Baquet, adaptée et mise en scène par Grégori Baquet, se joue à La Condition des Soies, à Avignon, du 05 au 28 juillet à 11h10. Relâche le 15 juillet.

Retrouvez tous nos articles consacrés au Festival Off d'Avignon ici.

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