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Interview | Les confessions de Pasteur Charles

Publié le 03 juillet 2019 par Le Limonadier @LeLimonadier

Aujourd'hui on vous propose de découvrir l'univers de Charles Crost aka Pasteur Charles. Réel activiste des musiques indépendantes en France avec deux labels à son actif Le Turc Mecanique et Magic Dancer, et Dj surchauffé à la house souful, on a voulu en savoir un peu plus sur le personnage avec cette interview confessions accompagnée d'un bon mixshake vitaminé qu'il nous a offert pour l'occasion. C'est l'heure de la messe ! Pray the lord !

Mon bon Pasteur Charles, pourrais-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?

Alors je m'appelle Charles, j'ai grandi dans le punk, la cold et les trucs bruyants et mécontents. Depuis que j'ai 19 ans, je mène un label dans cette veine, Le Turc Mécanique. Un beau jour, au milieu d'un DJ set, au hasard d'un track qui traînait sur ma clé, j'ai eu une révélation assez simple : je danse comme un zinzin sur la house 90's à grandes vocales, avec un plaisir tout particulier pour les voix folles du gospel. Depuis lors, toute la partie de moi qui aime faire la fête s'est retrouvée avalée dans ce vortex et je suis devenu le DJ le plus soulful du quartier, ou pas loin. Du coup j'ai ajouté le rôle de Pasteur à mon blase. Ce qui fait donc qu'on me voit sur les line ups sous le nom de Pasteur Charles.

Peux-tu nous parler de tes différents projets / collectifs ?

Le Turc Mécanique, ça a fondé toute la direction de ma vie au sens large. C'est le meilleur label de punk de France, sinon du monde, forcément. En entendant spécialement " punk " au sens moderne, dans le son, la démarche, ce que ça transmet. Tu peux autant y trouver de la techno qu'une certaine forme de pop "déviante".

, c'est un second label, fondé avec ma pote Eno, et focus sur la house. On est super lents, mais on y a sorti un Puzupuzu un peu hors-série, juicy a fond, et on s'apprête à sortir un merveilleux maxi de Magic DancerToo Smooth Christ, dont je lâche un extrait dans ce mix.

J'ai aussi cofondé Qui Embrouille Qui, une sacrée aventure, avant de me retirer récemment du projet.

Je suis aussi résident de La Station et d'A la Folie, et ce sont deux endroits que j'adore et auxquels je dois beaucoup, pour des raisons différentes. Allez donc y traîner.

Tu nous a préparé un super mix pour l'occasion, un petit mot là-dessus ?

En l'enregistrant il y a quelques mois comme toujours à la Station - Gare des Mines, j'ai essayé d'y livrer la sélection la plus libérée possible, hommage aux nuits chaudes et bras en l'air qu'allait réserver l'été. A travers cette verve, il y a un peu une forme d'hommage à la Folie : les résidences d'été - et d'hiver d'ailleurs - ont toujours été des soirées de grandes libérations qu'on soit 10 à danser ou que ce soit blindé à la mort. J'ai voulu représenter ces moments de complicité, sur ce petit dancefloor si doux, quand tout n'est plus qu'une recherche de jouissance et de communion.

Cette année j'ai peu l'occasion d'y jouer parce que l'agenda s'est blindé très vite, mais j'ai eu le bonheur d'y faire le closing de Peacock avec Transterror en tant que fiers représentants de la maison, et ça me rend super heureux, voir même un peu reconnaissant.

Qu'est ce qui te fait vibrer quand tu mixes ?

J'ai vraiment d'énormes "triggers". Je parlais du Gospel, mais ce qui me rend aussi complètement hystérique, ce sont les grosses lignes pianos 90's. Tu cumules les deux et j'explose comme du C4. J'ai un rapport hyper physique voir violent avec cette musique. Quand je me retrouve à jouer, je pète littéralement des plombs, de joie, mon corps m'échappe complètement. C'est une sorte de manie totale, d'explosion de bonheur, que je partage avec les gens. Passer des disques et partager la fête avec des inconnus - ou des potes d'ailleurs - est certainement le truc qui me rend le plus heureux au monde, et j'essaie de rendre ça au maximum. Je suis très excessif dans ma manière de porter un set, mais je suis pas du genre à me retenir pour être beau sur les photos.

Le dernier skeud que tu as acheté ?

Que j'ai payé, c'est la mixtape d'Eris Drew, qui vient de sortir sur T4T, son propre label qu'elle fait avec sa copine Octo Octa. C'est clairement mes idoles depuis le set en B2B au Weather, où j'ai pris une claque astronomique dont je me remettrais peut-être jamais - en tout cas, je veux garder ce souvenir de " wow " le plus longtemps possible. En plus, elles représentent quelque chose de fort, qui fait écho à ma vision de la house et de comment elle doit être portée. Je suis la pire groupie en somme.

Que j'ai fait mettre dans un sac chez un disquaire, c'est la compil des singles de Condor, un excellent groupe de rock fier qui donne envie de chasser les nazis en pleurant. Ce qui n'est, ma foi, pas si courant. Faut vraiment que j'aille payer mes dettes au shop Born Bad du coup, y a trop de disques dans ce petit sac, ça va déborder.

Quelles sont les trois tracks que tu ne te lasseras jamais de jouer ? Et pourquoi ?

" Finally " de Cece Peniston, c'est un symbole total, je l'ai trouvé dans Un Dos Tres - j'ai une obsession pour les séries " artefact d'époque ", comme Hartley Coeur à Vif aussi - retrouvé dans Priscilla Folle du Désert et que j'aimais déjà fort avant mon " coming house ". Je le monte à 128-129, je bombarde la basse et ça part. Celui-là, je le joue depuis 3 ou 4 ans, j'ai pas les mots tellement c'est mon tube absolu, avec tous ses défauts kitchs et sa fragilité.

Après, j'ai vraiment des périodes, mais ces temps-ci je boucle sur le "Uplifting Club Mix"(qu'est-ce que c'est péteux ce genre de précisions) de " Givin It Up " d' Incognito. Ça me fait clairement voltiger comme rien d'autre - et merci au boss Anjoy des Îlots Électroniques de me l'avoir dégoté en bonne qualité <3

Et sinon pour le fun, la dernière balle que j'ai trouvé, c'est ce morceau de Deepstar qui s'appelle " Sugar ". Je me suis réveillé ce matin, j'ai sorti mon ordi de sa veille, ouvert Youtube, et elle était là. Et putain, elle est tellement summer, genre bruit des vagues et coups de soleil, c'est trop cool. On verra bien si elle tient la distance.

Qu'est ce qui t'énerve le plus dans la vie ?

Généralement c'est moi, je peux très vite devenir ingérable. On peut pas vivre de tels moments de joie sans qu'il y ait de contrepartie. Je travaille dessus.

Sinon en moins dépressoss mais en plus déprimant, je trouve que tout le monde est bien content d'être entre garçons de bonne famille derrière les booths et de laisser le reste de la population devant, dans un rôle de spectateurs... et c'est encore plus flagrant dans la house de France. Je ne sais pas très bien quoi y faire, quel rôle tenir face à ça, sinon d'encourager et de mettre ça en lumière. Mais je suis à dispo si je peux aider à rééquilibrer un peu le paysage.

Qu'est ce qui te rend le plus heureux ?

Jouer jouer et jouer. Vraiment, le plaisir partagé, l'intensité presque sportive du truc, la puissance et la pureté des morceaux, cette force émancipatrice qu'ils contiennent, cette fusion dans la joie : je suis vraiment accro à ça. Si je devais perdre ce feu - on a toujours des moments de faiblesse, mais à long terme - faudrait vraiment que je remette tout en question.

Et qu'est-ce qui te rend con ?

Les excès de nuit. Mais "Ç"

Tes gigs et actus à venir ?

J'ai de la chance, les gens sont demandeurs, du coup je passe l'été à courir les dates non stop quasiment. Plutôt à Paris en Juillet, et dans le reste de la France en Août. Que des dates hyper sexy, souvent à échelle humaine, où tu deviens meilleur pote avec les gens du premier rang. Avec un job de jour, ça va être gourmand mais c'est toujours hyper excitant d'essayer de porter les deux de front.

Sur Le Turc Mécanique, je sors le disque de Teknomom, deux génies de la musique électronique libre avec qui je suis ami depuis le lycée. C'est leur premier vrai disque en presque dix ans d'existence et il est sensationnel, c'est la bande son idéale d'un voyage dans l'espace qui tourne mal, à dire très vite.

Sur Magic Dancer, on est sur le prochain Too Smooth Christ. Le mec est un génie, pas sûr qu'il y ait beaucoup de producteurs de son calibre en ce moment en France, je suis trop fier aussi. Y a un des morceaux dans le mix du coup.

La question du Limo, si tu étais une boisson/ un cocktail tu serais quoi ? Pourquoi ?

J'aime bien les Mojitos, c'est tellement pas cool et ça renvoie tellement à l'enfer que ça me plaît fort de commander ça. Un peu comme rider Paris en Lime, ça fait câbler tous les potes. Et en vrai c'est hyper rafraîchissant hé. Sinon quand je bois gratuit, je prends des Moscow Mule, c'est moins relou pour les barman.id.s

Retrouvez Pasteur Charles dès ce soir à La Cité Fertile. Event ici

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