Et le langage est disloqué. Et les mots se détachent les uns des autres et entament une farandole folle jusqu’au cœur de la nuit. Et le jour endormi nuit gravement à la tasse de thé.
Et seul j’écoute la chanson qui égrène ses notes alanguies.
Et je regarde par la fenêtre et j’entends le souffle de la ville.
Et seul je suis et seul je respire.
Je suis un être de la lumière et du silence. J’aime la lumière, mais j’ai peur du silence.
Dans ma tête, il y a toujours un tourne-disque, une télé allumée ou un livre qui se lit en murmurant.
Je fais des phrases, je dis je, je sais que je suis, mais à ce je-là je vois trouble. Jamais je ne me suis reconnu dans l’image renvoyée par le miroir. Comment un objet inanimé aussi plat pourrait-il me comprendre ? Il m’arrive de plonger dedans, de me fondre dans la glace pour accéder à un monde différent. Un monde qui a la douceur des rêves que l’on fait en été. Un monde qui n’a ni début ni fin, ni corps ni âme. Un monde léger comme une brise susurrée. Un monde où les couleurs sont reines et les fonctionnaires sont proscrits.
Qui êtes-vous, que me voulez-vous, qu’attendez-vous de moi ? Il est notoire que les démocraties ont pour objectif ultime de standardiser, d’étiqueter le goût des êtres. Moins on leur présente d’options, plus les citoyens pourront voter sans se prendre la tête. Comme en informatique, les choix seront binaires ou ne seront pas.
Je ferme les yeux, car la réalité me donne le tournis.
J’ouvre les yeux, car la réalité m’enivre.
La frontière est franchie. Grand espace droit devant. Horizon ébahi droit devant.
Les gens ne sont pas tous pareils. Certains ne jurent que par l’ordre et les règlements. Ils veulent des schémas, des programmes, des feuilles de route. D’autres préfèrent suivre leur instinct, vagabonder au gré des sens et des lieux.
Et puis soudain, c’est l’image dans l’image dans l’image ton image l’image dans l’image dans l’image, jusqu’à ce qu’on ne se rende plus compte des couches qui se cachent derrière la façade.
Un grand mix vertigineux.
Quand plusieurs langues s’entrechoquent dans la tête, on ne sait plus laquelle est notre vraie langue, laquelle est la langue maternelle ou paternelle.
On ne sait pas dans quelle langue on pense, c’est un tourbillon qui nous submerge, on a l’impression de penser et pourtant on ne pense pas, les mots deviennent des corps étrangers, qu’on enfile comme des habits qui ne sont pas les nôtres mais qu’on doit porter parce que sinon on serait tout nu.
Étranger. Imposteur. Intrus.
Où est la maison, où est notre chez nous, où sont nos habits qui nous siéront à merveille ?
C’est une pièce axée sur la poésie et le pouvoir de la poésie dans nos vies. La poésie, la littérature et les livres sont des fenêtres ouvertes qui nous permettent de nous échapper de notre condition futile. Il faut lire lire lire encore il faut lire toujours c’est la seule façon d’arriver à porter en nous les rêves du monde entier. Il n’y a pas d’autre histoire dans cette pièce que la rencontre d’un être avec lui-même, avec ses origines, avec son mal-être, un être qui se rend compte de son aliénation et qui ensuite trouve une issue à travers la littérature, une consolation, une raison de vie, et ce personnage qui nous vient du fond des âges, il nous dit tu es un être humain comme moi tous les êtres humains sont des déracinés tous doivent chercher l’harmonie intérieure, qui passe par une façon de se regarder dans le miroir le courage de se regarder dans le miroir de n’y voir pas seulement une image physique immédiate superficielle mais aussi l’être intérieur l’être universel l’être monde.