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Découvrez mon texte : cicatrice d’arc-en-ciel

Par Alyette15 @Alyette1

J'aime la vie qui fait du soleil.
J'aime le soleil qui bronze l'épaule de maman.
J'aime l'épaule de maman qui sent bon le savon.
J'aime le savon de Victor.

Victor c'est mon papa, et le C de son prénom ne tient pas bien avec les autres lettres. Il tombe à la renverse sous la pluie. La pluie de la rue où je vis.
Là ou je vis c'est Nice. C'est une ville en bleue avec des ourlets roses qui se décousent pendant la nuit. Moi, je vole ce rose pour faire plaisir à maman avec son épaule qui sent bon le savon. Le savon à la lavande violette, la fleur qui pousse dans les champs à côté de ma ville. Ma ville chaude qui ressemble à un beignet à la framboise. Ma ville sucrée qui fait parfois mal au ventre.
J'aime mon chat qui devient vert fluo sous la lune.
J'aime la lune qui chasse le soleil. Le soleil-citron qui fait du bruit toute la journée. Et ça fait mal aux oreilles.
J'aime mon chapeau pointu d'Arlequin qui ressemble à celui d'une fée.
Je suis noir et j'ai un chapeau rouge très pointu et aussi un gros nez comme les patates que maman met dans le four.
J'aime mon chien qui fait des crottes sur la pelouse de mémé.
J'aime la pelouse de mémé qui est plus grande qu'un stade de foot.
J'aime le foot parce que c'est facile et que ça coûte pas cher à maman.

Il y a 6 mois mon papa est mort. Mon papa VICTOR.
C'est pour ça que la lettre de son prénom, le C, il est tombé par terre. Un C comme con. Con comme la mort de mon papa. Que j'aimais beaucoup même si je pleure pas.

J'aime la vie qui fait du soleil.
J'aime la cicatrice de l'arc-en-ciel sur la mer bleu étrange.

Partir. Courir. Courir. Vite. Vite. Vite avec mes crampons de vent.
Parce que je suis un petit garçon. Et les petits garçons deviennent des héros qui courent après les mots et les ballons.
Plus tard, je deviendrai écrivain-footballeur.

Astrid Manfredi, le 23/07/2019.Copyright tous droits réservés

Ce texte a été écrit dans le cadre de l'atelier " En roue libre " animé par Laurence Verdier. Cet atelier se déroulait au Fonds de dotation Enseigne des Oudin, un lieu d'art contemporain précieux niché dans le 10ème arrondissement de Paris. L'exposition visitée rendait hommage au travail de Marcel Alloco, un artiste Niçois aux influences fortes et poétiques.
Plasticienne de formation, Laurence Verdier anime des ateliers d'écriture atypiques et modernes dans des lieux inédits. Férue d'arts plastiques et de mots inventifs, elle privilégie les émotions littéraires à la croisée des arts.


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